Homélie du 21-Fev-22 –VII Temps ordinaire – C

Évangile de Luc 6,27-38 : PARDONNER, C’EST QUOI ?

Le message de Jésus est clair et catégorique : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. ». Est-il possible de vivre dans cette attitude ?  Qu’est-ce qui nous est demandé ?  Pouvons-nous aimer notre ennemi ? Peut-être devons-nous commencer par mieux comprendre ce que signifie pardonner.

Il est important, tout d’abord, de comprendre et d’accepter les sentiments de colère, de rébellion ou d’agressivité qui surgissent en nous face à quelqu’un qui nous fait du mal. C’est normal. Nous sommes blessés. Mais, pour ne pas nous faire encore plus mal, nous devons retrouver autant que possible la paix intérieure qui nous aide à réagir d’une manière saine.

La première décision de celui qui pardonne est de ne pas se venger. Ce n’est pas facile. La vengeance est la réponse presque instinctive qui vient de l’intérieur de nous lorsque nous avons été blessés ou humiliés. Nous cherchons à compenser notre souffrance en faisant souffrir celui qui nous a blessés. Pour pardonner, il est important de ne pas dépenser de l’énergie à imaginer comment se venger.

Surtout, il est essentiel de ne pas nourrir se ressentiment ; de ne pas laisser la haine s’installer dans nos cœurs. Nous avons droit à la justice ; celui qui pardonne ne renonce pas à ses droits. Mais l’important est de guérir progressivement du mal qui nous a été fait.

Dans toutes les religions il y a une règle d’or : « Ne fais pas aux autres ce qui tu n’aimerais pas qu’on te fasse ». Cependant, Jésus est le seul à la formuler en positive: «Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux» (Luc 6,31).

Pardonner peut prendre du temps. Le pardon n’est pas un acte de volonté, qui règle rapidement tout. Le pardon est généralement la fin d’un processus qui implique également la sensibilité, la compréhension, la lucidité et, dans le cas du croyant, la foi en un Dieu qui pardonne et sur lequel nous pouvons tous compter.

 

Pour pardonner, il est parfois nécessaire de partager nos sentiments avec quelqu’un d’autre. Pardonner ne signifie pas oublier le mal qui nous a été fait, mais s’en souvenir de la manière la moins nocive pour l’offenseur et pour soi-même. Celui qui réussit à pardonner se sent mieux à nouveau.

 

Pour croire à la possibilité du pardon, il faut croire en Celui qui est à l’œuvre dans nos pardons et disponible à nous aider. Jésus est le maître absolu du pardon. En demandant au Père de pardonner les bourreaux au moment de la crucifixion – « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » ( Luc 23, 34 ) – il en est l’exemple suprême.

Ceux qui considèrent le pardon de cette manière comprennent que le message de Jésus de l’évangile d’aujourd’hui, loin d’être quelque chose d’impossible et d’irritant, est la bonne voie et la Bonne Nouvelle pour guérir les relations humaines, toujours menacées par nos injustices et nos conflits. Je vous invite donc à réfléchir sur nos pardons à donner et/ou à recevoir.

Peut-être que notre existence changerait et prendrait une autre couleur et une autre vitalité aussi, si nous apprenions simplement à aimer et pardonner gratuitement.