Homélie du P. Gilles Vadon

Homélie du P. Gilles Vadon, dimanche 23 octobre

« Vous serez mes témoins » Actes 1, 8

Ton installation, Vincent, comme curé de cette paroisse Sainte-Blandine-du-Fleuve, nous donne l’occasion de comprendre qu’on ne se donne pas à soi-même une mission dans l’Église. La mission, nous la recevons et nous la recevons comme disciples de Jésus: « Vous serez mes témoins, jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8) c’est le thème de cette semaine missionnaire.

C’est Jésus qui parle, c’est lui qui appelle et c’est lui qui envoie, comme il s’est lui-même laissé envoyer par son Père. La mission ne nous appartient pas, elle nous est confiée.

Aujourd’hui, la paroisse Sainte-Blandine-du-Fleuve, reçoit son pasteur. Et toi, Vincent, tu reçois cette terre de mission où se vit déjà l’Évangile. Ton souci premier, c’est le peuple qui t’est confié. Ce peuple c’est vous toutes et tous, mais aussi c’est celles et ceux qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ ou si mal. Ce souci doit être partagé par tous les baptisés, les baptisés de chaque clocher de cette paroisse : Notre-Dame de Charly, Saint-Bonnet de Vourles, Saint-Denis de Vernaison et Sainte-Croix de Millery.

Le Christ est le premier envoyé, c’est-à-dire missionnaire du Père (Jean 20,21) et en tant que tel, son « témoin fidèle » (Ap 1,5) Ainsi, nous qui sommes l’Église, nous sommes appelés à être missionnaires et témoins du Christ mort et ressuscité. L’Église n’est l’Église que si elle est missionnaire. L’identité de l’Église est d’évangéliser. « Vous serez mes témoins ». La parabole de l’Évangile nous met en garde sur notre manière d’être des témoins du Christ.

Le contraste entre les deux priants de la parabole peut nous éclairer.

L’un est orgueilleux, suffisant, méprisant, plus tourné vers lui que vers Dieu. L’autre se tient à distance, il sait qu’il est pécheur, plus tourné vers Dieu devant lequel il se fait humble, que vers lui.

Le premier est ajusté à la règle, à la loi : « Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » De l’extérieur, il fait tout bien, mais son cœur est loin de Dieu. Le second attend tout du Seigneur, il reconnaît sa faiblesse et se petitesse devant la grandeur de l’amour Dieu. Il n’a pas de certitude, il cherche Dieu et c’est pourquoi il est déclaré juste.

L’assurance du pharisien repose sur son obéissance à des règles. L’assurance du Publicain se cherche encore dans son lien au Seigneur. Il sait que l’amour n’est pas une question de droit. Les Écritures ne nous apprennent elle pas que le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes. Qu’il ne juge pas comme nous parce qu’il connaît le cœur de chacun ; il est plus attentif à ce qui est qu’à ce qui paraît.

La première attitude d’un témoin, d’un disciple de Jésus est l’humilité : apprendre à se reconnaître du Christ, voilà notre seule assurance dans la mission.

Alors contemplons ce Christ afin d’avoir les mêmes dispositions qui sont dans le Christ Jésus:

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé. » (Philippiens 2, 6-9)

Toi, Vincent, et nous tous, baptisés, apprenons l’humilité de Dieu. Avant d’agir, de faire des choses, d’organiser, laissons-nous conduire par l’Esprit. Écoutons ce qu’il souffle à nos cœurs et nos intelligences. Apprenons à être, comme Jésus, habité de l’Esprit du Seigneur.

Tout à l’heure, Vincent va proclamer la foi de l’Église. La première étape de la conversion n’est pas d’abord de changer de vie de manière volontariste mais de croire en Dieu qui, avec moi, en alliance avec moi, va changer mon cœur. En disant je crois en Dieu, l’essentiel est déjà fait. C’est Lui le Maître et nous les serviteurs.

Vincent, ta nouvelle charge peut apparaître lourde. Elle demande beaucoup de confiance et d’abandon entre les mains de Celui qui te la confie. Mais aussi de la confiance dans le peuple qui t’est confié.

Mais vous frères et sœurs, vous êtes tout autant concernés que Vincent dans cette mission. Vous devez, vous aussi, faire confiance en Dieu qui vous donne un pasteur. C’est ensemble, en Église, que vous serez missionnaires. Chaque clocher doit vivre. Il vivra, si la communauté a le désir que soit annoncé et vécu l’Évangile.

Cette nomination de Vincent nous provoque, nous invite à nous réapproprier la mission.

Votre nouveau curé n’a que deux jambes et deux bras, et même s’il a toutes les qualités, il ne pourra pas être présent partout. Aussi, réapprenons que la mission ne repose pas que sur le prêtre, mais bien sur chacune et chacun des baptisés que nous sommes. La mission commence là où nous vivons, là où nous sommes implantés. Et ce n’est que si nous sommes convaincus que l’Évangile est notre trésor, que nous serons des témoins et des missionnaires. N’attendons pas tout, des autres, mais commençons par nous demander quelle place je choisis de prendre dans mon clocher, ma communauté, avec le temps et les moyens qui sont les miens.

Ce qui compte, c’est que nos communautés : prient, reçoivent la Parole de Dieu et vivent le sacrement du frère et de la sœur. Dans le Seigneur, il n’y a pas de fatalité, puissions affirmer comme l’apôtre Paul: « Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. »

Les disciples d’aujourd’hui c’est toi Vincent et c’est nous tous. L’humilité n’empêche ni l’audace, ni l’ambition !