Homélie du 7° Pâques C – Jean 17, 20-26 :

Que tous, ils soient UN

Nous venons d’écouter la plus longue prière de Jésus. Il a prié pour tous ceux qui, au cours des âges, croiront en lui. Jésus a prié pour toi et pour moi. C’est la prière d’un homme. Quel est donc le contenu de cette prière ?

Père, que tous, ils soient UN… En cette prière, Jésus nous apparaît d’une extraordinaire lucidité. Comme il a pressenti les multitudes d’êtres humains qui croiront en lui – ce qui s’est réalisé – il a aussi pressenti que le problème des croyants sera la division – ce qui se réalisé aussi au long des siècles : unités brisées, oppositions, haines… dans le monde comme dans l’Eglise. Voilà donc le souhait fondamental de Jésus pour ses disciples et pour son Eglise : l’UNITE !

Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi… Il ne s’agit pas ici d’une bonne entente entre deux copains. Ce n’est pas non plus une coexistence pacifique de deux blocs opposés. Le modèle donné par Jésus aux chrétiens, c’est la Trinité : à plusieurs, ne faire qu’un ; mais unité ne veut pas dire uniformité. En Dieu les personnes restent totalement différentes les unes des autres, mais vivent une communion totale, sans confusion. En Dieu les différences, au lieu de nous séparer, doivent nous enrichir.

J’ose faire ici un clin d’œil à l’unité de l’Eglise dans les différentes cultures : africaines, asiatiques, latines, où l’Eglise s’est installée au long des siècles. Pourquoi faudrait-il que toutes les races et cultures, perdent ce qui fait leur originalité, donnée par Dieu comme un élément de l’harmonie universelle ? Pourquoi faudrait-il qu’un type de piété s’impose à ceux et celles qui prient autrement ?

Des grands théologiens pensent que les principaux mystères chrétiens : la Trinité, l’Incarnation, la Rédemption, etc.) ne déploieront vraiment toute leur richesse théologique que lorsqu’ils auront été retraduits dans les différentes cultures. Autrement dit : l’inculturation de la Foi. Et j’ose dire que les immigrants puissent prier chez nous comme chez eux.

Qu’ils soient UN en nous, eux aussi… Jésus nous avait déjà dit de nous aimer les uns les autres comme LUI nous a aimés. Ici, il nous dit d’être UN comme « EUX », les trois personnes divines. Mais il ajoute ici … afin que le monde croie que tu m’as envoyé : c-à-d, faire de notre Eglise une église « missionnaire ». Le concile Vatican II a fondé toute sa réflexion sur l’Eglise sur une formule de saint Cyprien, Evêque de Carthage autour de l’an 250 : « L’Eglise est un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint ».

Dans l’homélie de l’Ascension je parlais d’une Pastorale de la BONTE. Aujourd’hui je veux parler d’une Pastorale de l’UNITE, pour que le monde croie en Jésus, Fils de Dieu. C’est l’unité qui évangélise. Pour que la Foi soit attrayante, il faut que, ceux qui nous voient, puissent dire : Voyez comme ils sont unis.

Finalement : Père, ceux que tu m’as donnés, JE VEUX que là où je suis… Ce « je veux » c’est la seule fois que Jésus utilise une formule impérative, inhabituelle dans la bouche de Jésus, si soumis au Père. Quelle est donc cette unique volonté de Jésus, qu’il demande au Père avec autant d’audace ? Qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé et que moi aussi, je sois en eux. Sur ces mots, s’achève la prière de Jésus. Dans le verset suivant, nous sommes déjà au jardin des Oliviers.

Cette dernière phrase c’est le grand sommet de l’Evangile, la grande « Bonne Nouvelle » : l’amour même de Dieu, l’amour trinitaire, celui dont le Père aime le Fils dans l’Esprit, l’amour absolu et infini que Dieu nous a partagé à tous.