Homélies du Jeudi Saint

HOMELIE DU JEUDI SAINT : Jean 13, 1-15 Année B – 01-04-2021

 

Aujourd’hui commence le Triduum Pascal. La vie de Jésus en trois jours. De nombreux éléments sont présents dans chacune des célébrations : ses paroles, ses signes, son enseignement, son réconfort, son espérance, sa prière, son testament… Concrètement, le Jeudi saint a le goût d’un testament.

Le cadre de la célébration d’aujourd’hui c’est la Pâque. Pour les Juifs la Pâque est un mémorial qui rappelle et actualise l’amour de Dieu qui sauve son peuple. Cette fête était célébrée dans un rassemblement familial en souvenir de la libération du peuple d’Israël de l’esclavage des égyptiens ; ils partageaient leur nourriture et, surtout, bénissaient Dieu pour sa protection.

Voilà ce que Jésus a célébré ce soir avec ses disciples et, par ses gestes et ses paroles, il a donné un sens nouveau à la Pâque juive. Le passage de l’esclavage à la libération du peuple d’Israël devient le passage de la mort à la vie de Jésus. C’est sa Pâque. Son passage. Sa Résurrection. Voici l’essentiel, que nous pouvons résumer en trois expressions : DON DE SOI / SERVICE / FAIRE MEMOIRE.

            DON DE SOI. Autour de la table, une nouvelle vie est née. Les récits de l’institution de l’Eucharistie et du lavement des pieds sont deux gestes différents, mais ils présentent la même réalité : le don de soi. Avec ces gestes, Jésus donne un sens nouveau aux événements qui vont suivre. Ce ne sont pas ses ennemis qui lui ôtent la vie, mais c’est lui-même qui la donne. Nous ne célébrons pas la mort de Jésus, mais le don de soi pour nous.

L’Evangile raconte comment Jésus se lève de table, enlève son manteau, ramasse sa serviette et commence à laver les pieds de ses disciples. Lui, qui est le maître, se détache de tout et se met au service de l’humilité comme moyen de construire la fraternité, de bâtir le Royaume de Dieu. C’est un geste qui surprend ses disciples et que Jésus lui-même leur explique sans détour : « Je vous ai donné un exemple pour que vous fassiez aussi ce que j’ai fait avec vous« .

Nous pouvons nous demander : quels sont les manteaux que nous devons enlever et les serviettes que nous devons prendre ? Quels sont les pieds que nous devons laver ? Comment devons-nous servir ? Nous devons trouver les réponses dans notre vie quotidienne. Il est peut-être bon de commencer par se regarder soi-même pour voir ce qui nous empêche de nous approcher pour servir les autres. Il faut aussi regarder autour de nous et voir nos aînés, nos enfants, nos collègues de travail, nos étudiants, nos amis, les personnes qui vivent seules à nos côtés, ou ceux qui souffrent de l’inégalité ou de l’injustice… Chacun doit découvrir quels pieds nous devons laver et comment le faire : cela peut être par l’écoute, l’accompagnement, l’aide, la défense des faibles, etc.

Le SERVICE n’est pas une chose extraordinaire dans la vie. L’intention de Jésus est que le service devienne une attitude permanente, que toute notre vie soit façonnée par le service. Mettre notre regard et nos mains aux pieds du frère et de la sœur, nous amène à nous prosterner, à faire d’eux le centre de notre vie.

          Le service c’est une façon de prolonger ce que Jésus a fait pour nous. Cette tâche nous est confiée à tous, en tant que paroisse. Le défi n’est pas d’appartenir à l’Église mais de faire fructifier – par notre attitude, nos critères et nos actions – la fraternité, le don généreux que Jésus a fait : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous« .

         FAIRE MEMOIRE. Avec le geste de Jésus, le pain et le vin deviennent un sacrement, une présence permanente, une nourriture pour le voyage que nous faisons aujourd’hui. Le miracle de l’Eucharistie est la présence réelle de Jésus au milieu de nous pour être notre maître, réconfort, santé, guide, nourriture, souffle… pour le voyage.

Nous ne pouvons pas interpréter l’Eucharistie comme un beau souvenir de cette nuit, quelque chose du passé. L’Eucharistie est une mémoire qui se réalise « aujourd’hui » et qui nous invite à préparer le « demain » de la présence de Dieu.

Dans l’Eucharistie, nous ne sommes pas des spectateurs mais des protagonistes. Le faites ceci en mémoire de moi est une invitation à faire de notre existence une Pâque dans laquelle la mort cède la place à la vie. Se débarrasser de nos manteaux de sécurité, de confort ou de peur et se vêtir des serviettes du service, de l’amour, du don généreux voilà la conséquence concrète du partage du pain et du vin qui nous est donné. Le Jeudi saint nous apporte de nombreux détails et éléments pour examiner notre vie en tant que personnes et en tant que croyants. J’ose les résumer par un commandement que je mets sur les lèvres de Jésus : « Soyez des frères, soyez Eucharistie !