Homélie du dimanche 17 septembre 2017

Mth 18, 21-35 LE PARDON ET LA PATIENCE24° T. O.- A

Les disciples ont entendu Jésus dire des choses incroyables sur l’amour des ennemis, sur la prière au Père pour ceux qui les persécutent, sur le pardon à celui qui leur fait du mal. Ce message leur paraît sûrement extraordinaire mais peu réaliste et très problématique.

Pierre vient maintenant auprès de Jésus lui poser une question plus pratique et plus concrète dont la réponse leur permettra, au moins, de résoudre les problèmes qui surgissent entre eux : rancunes, jalousies, affrontements et conflits. Comment doivent-ils agir dans cette famille de disciples qui essayent de marcher à sa suite ? Concrètement : Combien de fois dois-je pardonner à mon frère lorsqu’il m’a offensé ?

Avant que Jésus ne lui réponde, Pierre prend les devants et lui fait sa propre suggestion : Jusqu’à sept fois ? Cette proposition est très généreuse par rapport au climat justicier que l’on respire à cette époque-là dans la société juive. Elle va même au-delà de ce qui est pratiqué parmi les rabbins ou les groupes esséniens qui, eux, parlent de pardonner au maximum quatre fois.

Pierre se situe toujours sur le plan de la loi juive, où l’on prescrit le pardon comme un arrangement à l’amiable mais réglementé, afin de garantir le fonctionnement ordonné de la vie sociale entre ceux qui appartiennent au même groupe.

Il était connu, aussi, parmi les juifs ce « Chant de vengeance » de Lamec, un héros légendaire du désert qui disait : Caïn sera vengé sept fois mais Lamec sera vengé soixante-dix fois sept fois.

Face à cette culture de la vengeance sans limites, la réponse de Jésus exige un changement de mentalité. Je ne te dis pas jusqu’à sept fois mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Il n’y a pas de limites dans le pardon.

La comptabilité dans le domaine du pardon n’a aucun sens. Celui qui se met à compter combien de fois il a pardonné à son frère, s’engage sur un chemin absurde qui ruine l’esprit qui doit régner parmi ses disciples.

Jésus propose à ses disciples non seulement le pardon, mais le pardon et la patience. Mais est-ce que le pardon demande de la patience ? C’est justement, ce que souhaitent les deux personnes qui, dans l’évangile, doivent rembourser leurs dettes. « Prends patience avec moi », demandent-elles.

La patience dont il est question concerne, certes, le délai de remboursement ; mais elle a aussi, et surtout, un rapport avec le pardon lui-même. Pardonner c’est se donner du temps et en donner à l’autre avant de prononcer un jugement définitif sur la situation que nous sommes en train de vivre. C’est, je crois, le sens de la réponse de Jésus à Pierre.

Si Paul (Col 3,12-13) nous exhorte à nous supporter les uns les autres, Pierre nous rappelle que la patience du Seigneur nous donne l’opportunité de nous sauver (2P 3,15).

Finalement, combien de fois la patience du bon Dieu nous a pardonné dans le confessionnal! Sept fois ? Soixante-dix fois sept fois? Peut-être plus !

Père Javier