Je vois l’église ouverte.
Il faut entrer.
Mère de Jésus Christ je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela :
que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi ! être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage, laisser le coeur
chanter dans son propre langage, ne rien dire,
mais seulement chanter parce qu’on a le coeur trop plein,
comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie,
simplement parce que vous existez, Mère de Jésus Christ, soyez remerciée !
Paul Claudel (1868-1955)