Homélie du 8 mai

(Actes 7, 55-60 ; Ps 96 ; Apocalypse 22, 12 …20 ; Jean 17, 20-26)

Toutes les lectures de la messe de ce dimanche nous font entrer avec Jésus dans ce qui constitue le cœur de la vie chrétienne : la prière. Avant même de parler du son contenu, disons que la prière est un élan du cœur, un mouvement d’élévation, un dialogue intime avec Dieu. Quand un des disciples demanda à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier… » Celui-ci leur apprit à dire : « Père, que ton nom soit sanctifié… » (Lc 11,1-2). Autrement dit, lorsque le disciple adresse une demande, c’est-à-dire une prière, à Jésus, le Fils le renvoie au destinataire ultime qui est le Père. C’est du reste le but de la venue du Fils : nous réconcilier avec le Père et nous reconduire à lui. Jésus n’enseigne rien d’autre que ce qu’il fait déjà lui-même : souvent il se retire pour prier son Père. Dans son évangile, Jean nous rapporte le contenu d’une longue prière adressée par le Fils au Père, dont nous entendons un extrait ce dimanche. Cette fois-ci Jésus ne se retire pas pour prier son Père, il le fait en présence de ses apôtres, durant la dernière Cène, juste après leur avoir livré son dernier enseignement en guise de testament spirituel. « Puis il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue… » (Jn 17,1). Le contenu de sa prière est touchant, car c’est pour nous que Jésus prie : « je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jn 17,20) C’est nous qui aujourd’hui croyons en lui, grâce à la parole transmise par les apôtres. Et ce que Jésus demande au Père pour nous, c’est que notre unité soit à l’image de l’unité en Dieu : « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Cette unité est si importante, car il en va de la foi du monde au Christ : « qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Sans cette unité entre nous, chrétiens, le monde ne pourra pas croire.

Comment faire ? Le message de Jésus est clair : cette unité trouve sa source en Dieu lui-même : « qu’ils soient un en nous ». Il ne s’agit donc pas de réaliser l’unité à la mesure humaine, mais de demeurer en Dieu et de le laisser agir. Car Dieu nous en donne le moyen : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous » (Ac 1,8). Laisser Dieu agir en demeurant en lui par la prière et accueillir l’Esprit-Saint. « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. » (Rm 8,26) Ce même Esprit qui continue l’œuvre de Jésus, en nous ramenant constamment vers notre Père : « en effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,14). C’est le même mouvement qui se poursuit, ainsi que nous rappelons dans le credo à propos de Jésus : « pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel ». De même l’Esprit descend sur nous pour nous reconduire au Père en nous permettant de devenir enfants de Dieu.

De l’action de l’Esprit, nous avons un magnifique exemple dans la première lecture avec le récit du martyre d’Etienne : « Rempli de l’Esprit Saint, il fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Puis, pendant qu’on le lapidait, Étienne priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Alors dans la même attitude que jésus sur la croix, Etienne implora la miséricorde de Dieu pour ses bourreaux : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. »

P. Michel