Homélie du 2 octobre: célébration de la confirmation

Les lectures de ce dimanche tombent à point nommé pour nous aider à comprendre le sacrement de confirmation que nous célébrons ce matin au cours de cette messe dominicale.

  C’est vrai, il faut bien le reconnaître, ce sacrement ne va pas de soi, et j’en prends pour preuve que beaucoup de catholiques ne sont pas confirmés. Ils ne voient pas très bien en quoi ce sacrement est nécessaire à leur vie chrétienne.

  Mais pour vous les jeunes ce matin, ce sacrement a vraiment un sens. Vous me l’avez écrit et dans chacune de vos lettres j’ai trouvé comme en écho les mots de l’apôtre Paul dans sa lettre à Timothée : « Bien aimé, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour… N’aie donc pas honte de rendre témoignage… mais avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile. »

   Voilà avec ces mots de St Paul, tout est dit sur le sacrement de confirmation. «  Ravive le don gratuit de Dieu », je traduis… « Ravive le don de l’Esprit Saint », ce don qui est en toi depuis le jour de ton baptême. La confirmation c’est un second souffle, un nouveau souffle, un nouvel élan qui vous est donné gratuitement, sans condition, sans restriction, sans apriori, afin de faire de vous, comme Jésus nous le demande, de « simples serviteurs de l’Evangile », c’est à dire des disciples qui ne font que leur devoir, à savoir : prendre part à la mission de l’Eglise de témoigner à temps et contre temps de quel amour les hommes sont aimés. En ce sens, la confirmation veut raviver le don de l’Esprit de votre baptême pour inscrire en vous de manière plus vive la Parole de Dieu vécue en actes comme une Bonne Nouvelle pour les hommes et les femmes de notre temps car l’Evangile est une parole de plein vent, une parole de feu, un livre grand ouvert, une parole au grand jour. La confirmation c’est donc la Pentecôte de votre vie !

   La Pentecôte, le souffle de Pentecôte, souvenez-vous. L’Esprit, telles des langues de feu, brûlaient le cœur des apôtres et allait faire d’eux,  gens craintifs et timorés, des témoins audacieux du Ressuscité. Et bien l’apôtre Paul nous écrit que c’est bien ce don de Dieu que la confirmation veut raviver en vous, aujourd’hui, le don du témoignage chrétien. Oui, vous l’avez entendu, l’apôtre le souligne à son « frère bien-aimé Timothée » : «  Ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains, ce don gratuit de Dieu, l’Esprit-Saint, ce  n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur ».

   Alors Je traduis : L’Esprit de Pentecôte vous est donné pour mettre le feu à votre vie ou plutôt à votre cœur. Oui, l’Esprit tel un feu qui ne s’éteint jamais, veut marquer vos cœurs du sceau de l’amour du Père, il veut faire chanter en vous le beau nom du Père. Il veut faire en vous ce qui est impossible que nous fassions sans lui. Par exemple, pour reprendre les images de l’évangile de ce jour, « dire à l’arbre que voici : déracine-toi et va te planter dans la mer ». Autrement dit, l’Esprit nous est donné pour déplacer les montagnes, c’est à dire avoir assez de souffle pour oser prendre la Parole, trouver les mots de la foi et avoir l’audace des gestes, des choix, des engagements qui font signe de l’espérance qui nous anime. En un mot, l’Esprit nous est donné pour écrire avec l’encre de nos vies l’ impossible de l’Evangile : la joie de croire qui devient la joie d’agir, le pardon qui va au-delà du don, la vie plus forte que toutes les forces de mort, se donner sans compter, vivre la miséricorde, bref toutes ces œuvres de la foi grosses « comme une graine de moutarde », bien souvent insignifiantes aux yeux des hommes et pourtant chargées de tant de promesses, de l’impossible aux couleurs de Dieu.

    Voilà vous l’avez compris, avec le sacrement de confirmation, l’Esprit   vous est donné pour « sortir » de vous, aller au-devant des autres, faire de votre vie « un je t’aime », une histoire d’amour, une histoire sainte. Oui, le sacrement de confirmation veut porter à son accomplissement, à son plein déploiement votre baptême. Il vient le parachever en faisant de vous désormais des disciples-missionnaires selon l’expression du pape François. L’Esprit, le don de Dieu, veut faire de vous d’authentiques chrétiens, c’est à dire de simples serviteurs de son amour, car vous savez combien notre monde a besoin d’amour, combien les hommes, les femmes ont faim et soif d’amour, et beaucoup plus que le monde ne peut leur en donner. Et bien l’Esprit vous est donné pour annoncer, à temps et contre temps, que Dieu est à l’œuvre en notre temps, qu’il ne cesse de susciter des énergies nouvelles, qu’il travaille sans cesse à faire une humanité plus belle… et qu’ainsi nous ne faisons que notre devoir de témoigner de cette heureuse, joyeuse, Bonne Nouvelle.

   Et maintenant permettez-moi de vous confier trois petits messages pour bien vivre dans le souffle de votre confirmation. Car je n’aime pas quand on dit « j’ai été confirmé »… comme si c’était du passé ! Non on doit plutôt dire « je suis confirmé » car l’Esprit ne se conjugue jamais au passé, il pousse toujours à écrire l’Evangile au présent avec l’encre de nos vies. Il veut faire de nos vies nous un grand livre ouvert où les autres puissent y lire la Bonne Nouvelle de Dieu.

    Alors trois petits messages pour que votre confirmation ne soit pas l’histoire d’un jour mais l’histoire de chaque jour.

    Le premier : « Je suis avec toi ! ». Ce message là, c’est une Promesse, celle du Ressuscité à ses apôtres. Elle est importante, et plus qu’importante, elle est vitale. Cette Promesse, c’est une Parole d’amour. Elle veut être votre assurance, votre appui intérieur, votre force dans la vie. Aujourd’hui le Seigneur vous donne son Esprit qui sera toujours en vous une force, une lumière, un guide. Ne l’oubliez pas, surtout dans les moments difficiles, dans les périodes douloureuses, dans les inévitables épreuves de votre vie. Oui tel un avocat, un défenseur, l’Esprit veut plaider inlassablement sur les chemins de votre cœur, la fidèle Présence de Dieu. Alors laissez-vous conduire par l’Esprit dans la vérité d’une vie qui ne déçoit pas, parce qu’elle sait mettre sa confiance en Celui qui ne trompe pas, le Maître de l’impossible, le Dieu Vivant.

    Et maintenant le second message : « Prends le temps de respirer ». Ne vous laissez pas étouffer par le bruit, le vacarme de ce monde, envahir par la valse des mots et des modes de ce temps. Mais sachez prendre le temps de vous arrêtez, de faire silence, le silence de la prière.  Apprenez à prendre racine en profondeur, à rejoindre les nappes souterraines de votre cœur, à écouter au plus profond de vous le murmure de l’Esprit, ce maître intérieur qui veut vous initier aux mœurs de Dieu, à la générosité du Père, à la fidélité du fils, à notre dignité et liberté de fils et de filles de Dieu.

    Et enfin troisième message : « Ne reste pas seul ! » Ce n’est pas facile d’être chrétien aujourd’hui. Cela ne l’a jamais été d’ailleurs. La demande des apôtres « augmente en nous la foi ! » en témoigne. Et bien pour que l’intensité de votre foi se conjugue avec « un peu, beaucoup, passionnément… » sachez que l’Esprit vous donne des frères et des sœurs pour faire votre chemin de foi car on n’est jamais chrétien tout seul, on le devient ensemble. « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? » A cette question posée lors de votre baptême, vos parents ont répondu : «  la foi ! »  Et bien le sacrement de confirmation vous incorpore plus encore à l’Eglise pour confesser et fortifier votre foi qui n’est ni un droit, ni le fruit de nos efforts, mais qui porte la marque de la gratuité du don de Dieu, son souffle Saint.

    Voilà ces trois petits conseils d’amis, qui s’adressent en fait à nous tous, prions donc l’Esprit qu’il vienne faire du neuf en nos vies. Et à vous les confirmands, bon vent, bonne route, que vienne l’Esprit de Sainteté !

P. Patrick Rollin