Homélie de l’Épiphanie, 3 janvier

(Lectures : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71 ; Éphésiens 3, 2-3a.5-6 ; Matthieu 2, 1-12)

«Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile» (2ème lecture). C’est le sens de la fête de l’Épiphanie, la manifestation de Dieu au monde. Dans un premier temps nous pouvons nous identifier aux mages qui se sont mis en route, ont cherché le Roi des Juifs, ont vu l’étoile et en éprouvèrent une grande joie, ont offert à l’enfant nouveau-né l’or, l’encens et la myrrhe. Nous qui avons part à la promesse de Dieu de vivre de sa vie, il nous revient très concrètement de nous mettre en route.

En effet, notre foi risque toujours de s’enfermer dans une routine, notre relation à Dieu devenant alors quelque peu formelle. Se mettre en route, c’est accepter de se laisser dérouter par Dieu en le cherchant résolument tel qu’il se révèle à nous dans notre quotidien. Pour s’assurer que nous sommes bien en marche, il suffit d’être attentif aux signes que Dieu nous donne, à ces étoiles qui suscitent en nous une grande joie. Prenons-nous le temps de relire régulièrement les signes de la présence de Dieu dans notre vie ? Et si c’est le cas, que sommes-nous prêts à lui offrir ?

Les présents des mages témoignent qu’ils reconnaissent en cet enfant sa royauté – l’or –, sa divinité – l’encens –, et son humanité liée à sa mort offerte – la myrrhe –. Et moi-même, qu’ai-je envie d’offrir de moi au Christ en reconnaissance à tout ce qu’il est pour moi, tout ce qu’il me donne ? C’est bien cette question qui devrait nous préoccuper chaque fois que nous participons à l’eucharistie. Le Christ s’offre totalement à nous, sans condition. Et nous-mêmes, en réponse ? Voilà donc ce qui peut nous animer en contemplant les mages.

Mais nous pouvons également nous arrêter sur Hérode. Entouré de ses chefs des prêtres et de ses scribes, il est incapable de s’ouvrir à l’annonce faite par les mages. Hérode se conforte dans ce qu’il croit savoir – son rapport à l’Ecriture – entouré par des gens qui pensent comme lui. Plutôt que de se laisser déranger, déplacer par les mages, il reste centré sur lui, incapable de s’ouvrir à la nouveauté de Dieu, à la nouveauté des autres. Le disciple du Christ est un chercheur de Dieu qui apprend à reconnaître sa présence à travers les événements et à accueillir son visage à travers toute personne rencontrée.

Nous avons à choisir entre Hérode et les mages. Spontanément nous allons sans doute vouloir être comme les mages, et nous avons raison ! Alors osons prendre un autre chemin, celui de nous risquer à la rencontre des autres. Si nous décidons résolument de repérer l’or, l’encens, et la myrrhe dont chacun est porteur, alors notre communauté s’en trouvera renforcée, enrichie par un nouvel élan. Et nous en éprouverons une très grande joie.

Père Bruno