Homélie du XIIè Dimanche du temps ordinaire

Marc 4, 35-40 – N’avez-vous pas encore la foi ?

Marc décrit cet épisode pour éveiller la foi des premières communautés chrétiennes, qui traversent des moments difficiles. Le récit est bref. Marc prépare la scène depuis le début. Il précise que c’était au coucher du soleil. Les ténèbres de la nuit s’abattront bientôt sur le lac. C’est Jésus qui prend l’initiative de cette étrange traversée : Allons sur l’autre rive (du lac Tibériade). L’expression n’est pas innocente. Il les invite à aller ensemble, dans la même barque, vers un autre monde, au-delà de ce qui est connu : vers la région païenne de la Décapole.  Un pays différent et  étrange. Une culture hostile à leur religion et à leurs croyances.

Soudain, une forte tempête se lève, La barque où se trouvent Jésus et ses disciples est secouée par l’un de ces orages imprévus et furieux qui se lèvent sur le lac de Galilée au crépuscule des jours de grande chaleur.  La scène est pathétique : à la proue, les disciples se battent impuissants contre la tempête ; à l’arrière, dans un lieu plus élevé, Jésus dort tranquillement. Métaphore graphique de ce qui se passe à l’intérieur du groupe des disciples.

Le vent violent, les vagues qui se brisent contre la barque, l’eau qui commence à tout envahir, expriment bien la situation du groupe : Que pourront-ils faire, les disciples de Jésus, face à l’hostilité du monde païen ? Ce n’est pas seulement leur mission qui est en danger mais aussi la survie même du groupe de disciples et des premières communautés chrétiennes.

Terrorisés, les disciples réveillent Jésus. Ils n’ont pas saisi la confiance de Jésus à l’égard du Père. La seule chose qu’ils voient chez lui c’est un incroyable manque d’intérêt à leur endroit. On les voit paniqués et nerveux : Maître, nous nous enfonçons, cela ne te fait rien ?

Jésus ne se justifie pas. Il intervient, le vent s’arrête et un grand calme survient sur le lac. Jésus profite de cette paix et de ce grand silence pour leur poser deux questions qui sont parvenues jusqu’à nous : « Pourquoi avez-vous peur ? Vous manquez encore de foi ? »

Ce qui surprend c’est que les disciples sont effrayés. Avant, ils avaient peur de la tempête. Maintenant ils semblent craindre Jésus : ils ont pu découvrir chez lui une force salvatrice qu’ils ignoraient : ils commencent à se poser des questions sur son identité. Ils commencent à comprendre que tout est possible avec lui.

 Pourquoi ne voulons-nous pas voir aujourd’hui que c’est Dieu qui conduit son Eglise ,et donc notre Paroisse, vers un avenir plus fidèle à Jésus et à son Evangile ? Pourquoi cherchons-nous notre sécurité dans ce qui est connu et établi dans le passé, et ne voulons-nous pas entendre l’appel de Jésus à passer sur l’autre rive, à sortir sur les carrefours comme dit le Pape François, afin de semer humblement la Bonne Nouvelle dans un monde indifférent envers Dieu mais qui a tant besoin d’espérance ?

Le récit n’est pas une histoire tranquillisante pour nous consoler, nous chrétiens d’aujourd’hui, avec la promesse d’une protection divine permettant à l’Eglise de se promener tranquillement à travers l’histoire. C’est un appel décisif que Jésus nous invite à faire avec lui la traversée de ces temps difficiles : Ne soyons pas lâches! N’ayons pas peur!  Ayons la foi!

Photo Tempete-apaisee-SC-Douarnenez