Homélies de Noël 2020

24 Décembre 2020 : Veillé de Noël – B

Luc 2,1-14: DANS UNE MANGEOIRE

Aujourd’hui un Sauveur vous est né : le Messie, le Seigneur. Voici la Bonne Nouvelle de la nuit de Noël. Comme tous les Noëls, Jésus vient à nouveau dans ce monde, dans chaque foyer, dans nos cœurs.

Mais, contrairement à la façon dont notre société consommatrice commémore cette fête, Jésus ne vient pas au monde dans un environnement d’opulence, de shopping, de luxe, de caprices, et de grands repas. Et comme dit le Pape François, peut-être que la situation sanitaire va nous aider à fêter la venue de Jésus au monde dans la simplicité d’une mangeoire.

Selon le récit de Luc, c’est le message de l’ange aux bergers qui nous offre les clés pour lire, dans la foi, le mystère caché dans un enfant né dans des circonstances étranges, aux alentours de Bethléem.

Il fait nuit. Une clarté inconnue éclaire les ténèbres qui couvrent Bethléem. La lumière ne descend pas sur le lieu où se trouve l’enfant, mais elle descend sur les bergers qui entendent le message. L’enfant reste caché dans l’obscurité. Il faut faire un effort pour le découvrir. Il faut y aller.

Voici les premières paroles que nous devons entendre : Ne craignez pas. Je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira tout le peuple. Quelque chose d’extraordinaire est arrivé. C’est un motif de réjouissance pour tous. Cet enfant n’appartienne pas seulement à Marie et à Joseph. Il n’appartient pas seulement à quelques privilégiés. Il est né pour nous tous.

Nous, chrétiens, nous ne devons pas accaparer les fêtes de Noël. Jésus est à ceux qui le suivent avec foi, mais aussi à ceux qui l’ont, peut-être, oublié ; à ceux qui ont confiance en Dieu et aussi à ceux qui doutent de tout.

Personne n’est seul face à ses peurs. Personne ne reste seul dans sa solitude. Il y a toujours quelqu’un qui pense à nous.

C’est ce que proclame le messager : Aujourd’hui un Sauveur vous est né : le Messie, le Seigneur. Ce n’est pas le fils de l’empereur Auguste, dominateur du monde, qui est célébré comme un sauveur et porteur de la paix grâce au pouvoir de ses armées. La naissance d’un être puissant n’est pas une bonne nouvelle dans un monde où les faibles sont les victimes de toute sorte d’abus.

Cet enfant naît dans un peuple soumis à l’Empire. Il n’a pas la citoyenneté romaine. Personne à Rome n’attend sa naissance.  Mais c’est lui le Sauveur dont nous avons besoin. Il ne sera au service d’aucun César de ce monde. Il ne travaillera pour aucun empire. C’est le Fils de Dieu fait homme qui est venu pour servir. Il ne cherchera que le royaume de son Père et sa justice. Il vivra pour rendre la vie plus humaine. C’est en lui que ce monde injuste trouvera le salut de Dieu.

Où se trouve-t-il, cet enfant ? Comment le reconnaître ? Voici ce que dit le messager : Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. L’enfant est né comme un exclu. Ses parents n’ont pu lui trouver un lieu accueillant. Sa mère l’a mis au monde sans l’aide de personne. Elle-même a dû s’arranger comme elle a pu pour l’envelopper et le coucher dans une mangeoire.

C’est dans cette étable que Dieu commence son aventure parmi les hommes. On ne le trouvera pas parmi les puissants mais parmi les humbles, les faibles, les exclus. Il n’est pas dans ce qui est grand et spectaculaire mais dans ce qui est humble, pauvre et petit.

Avec la simplicité des enfants et l’humilité de Joseph et de Marie,  considérons le grand mystère de notre foi et cherchons Dieu là où il s’est incarné.


Messe de Noël 2020 – Année B – Prologue de St. Jean 1, 1-18.

Pour tous les hommes, chrétiens ou pas, Noël c’est la crèche, les bergers, Marie, Joseph et le « petit Jésus » … et les cadeaux. Tout cela c’est bon, mais le mystère de Noël est si riche que plusieurs évangiles seraient nécessaires pour nous permettre d’entrer un peu dans l’évènement qui a changé la face de la terre : la naissance d’un petit enfant. L’apôtre Jean nous l’explique en utilisant des formules d’une grande profondeur théologique qu’on va essayer de décrypter.

Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu… La naissance de Jésus à Bethléem, datée et localisée, a été précédée d’une autre naissance avant le commencement des temps : né du Père avant tous les siècles, il est Dieu, né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu… que nous disons dans le Crédo de Nicée-Constantinople.

Pour parler de ce mystère, Jean utilise le mot « Verbe, Logos » qui veut dire parole. Jésus est la Parole de Dieu, c’est—dire la parole qui va nous faire voir Dieu et Dieu lui-même.

En regardant Jésus, qui naît ici-bas, n’oublions pas que c’est Dieu qui se révèle ; Jésus nous dira plus tard, qui me voit a vu le Père. Ici, en regardant la crèche, nous pouvons nous poser la question : Que me dit-il l’enfant de la crèche ? Quelle parole est-il pour moi aujourd’hui ?

En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêté. Voilà l’œuvre de Jésus : la seule vraie vie pour les hommes c’est en Lui, en sa naissance à Noël, en ses paroles, en ses signes, en sa mort et en sa résurrection. La lumière ne sera pas arrêtée par les ténèbres : la mort et le mal ne peuvent pas avoir le dernier mot. Noël ! Vie et lumière !

Il y eu un homme, envoyé de Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin… afin que tous croient par lui… il était là pour rendre témoignage de la lumière. Aujourd’hui, en Eglise, nous devons reprendre le courageux témoignage de Jean le Baptiste et se poser la question : Eglise, Paroisse, chrétien tout court : que dis-toi de toi-même ?

Comme Jean le Baptiste, nous ne sommes qu’un écho du Christ et Jésus vient derrière ses témoins que nous sommes. Nous ne devons pas chercher Dieu dans le pouvoir, dans les richesses, dans les honneurs ou dans les diplômes. Il est toujours derrière l’homme. Il cherche toujours des témoins. Il parle par notre bouche. Il n’a que nos mains pour agir et nos pieds pour aller à la rencontre de l’autre. Question : Sommes-nous aujourd’hui ses mains, ses pieds, sa bouche, son cœur… Bref ! Ses témoins ?

Le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans ce monde. Noël parle au cœur de tous. Malgré la situation sanitaire que nous vivons, une vague de bonté remplit le monde en ces jours de Noël. Chacun sent au fond de lui-même l’appel à aimer davantage. Dieu n’est pas loin de chacun de nous puisqu’il est cette petite lumière qui illumine nos vies, souvent obscures.

Mais ceux qui croient en son nom, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté humaine : ils sont nés de Dieu. Personne ne demeure totalement en dehors de la vie que Dieu donne. Malgré tout, il n’y a pas d’existence humaine dont Dieu soit absent. Oui ! Dieu veut le salut de tous ceux et celles qui sont nés de Lui, et Il leur donne sa grâce et son salut en nous aidant à vivre selon notre conscience, avec une foi vive et éclairée, comme disait le P. Querbes.

Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Qu’on pouvait traduire aussi par Il a planté sa tente parmi nous, parmi son peuple. Dieu avec nous. Emmanuel ! Présence réelle de Dieu parmi les hommes. La Gloire de Dieu est désormais la chair du petit enfant de Bethléem.

Voici donc le prologue de la Bonne Nouvelle selon Saint Jean, qui s’harmonise avec tout ce qui va suivre : en Jésus, Dieu parle aux hommes, il révèle son secret et son mystère. Quiconque aime vraiment, qu’il soit chrétien ou pas, est déjà uni à Dieu et il est né de Dieu. Mais ceux qui croient en Jésus entrent dans une plénitude nouvelle car il connait Dieu et devient son enfant.                        

 

Joyeux Noël 2020 à toutes et à tous !