Entretien avec le père Sylvain, vicaire

 « Porter la joie et l’espérance là où je suis »

Pourriez-vous nous expliquer votre parcours ?

Je suis né le 30 décembre 1976 à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire). Mon père était catholique pratiquant. Je suis baptisé en 1987 à la paroisse Cathédrale Saint-Augustin. J’effectue ma scolarité, école primaire à l’école catholique Notre-Dame du Lac de Yamoussoukro et le collège, à Bouaké, chez les clercs de Saint-Viateur. C’est là que je fais la connaissance du frère Antoine CHOMIENNE, qui fut assassiné le 23 mai 1993.

Le lendemain de l’inhumation de ce frère, je reçois le sacrement de la confirmation. Ce drame est un événement déclencheur dans ma vie : un frère français, venu pour évangéliser avec la communauté, la jeunesse, est assassiné ; je désire être le fruit de la semence de vie donnée par le frère Antoine pour la jeunesse et la Côte d’Ivoire.

Je chemine alors avec les clercs de Saint-Viateur jusqu’en 1995 puis commence l’étape d’initiation à la vie en communauté avec comme responsable du postulat dès 1996 le père Javier. Arrivent l’année du bac et du choix entre l’université ou le noviciat pour être religieux. Je m’inscris à la faculté de médecine, mais après une semaine de retraite à la maison, je prends la route du noviciat. Avec l’approbation familiale, ma tante qui m’a élevé, et mon père qui m’assure que je pourrai toujours revenir à la maison, je suis mes années de noviciat au noviciat des clercs de Saint-Viateur sis au Foyer Jeune Viateur de Bouaké. Je prononce mes vœux le 11 juin 1998 puis pars à Abidjan pour un an de formation en science de l’éducation et 3 ans d’étude en philosophie. En 2002, je deviens professeur d’informatique et d’instruction religieuse au collège Saint-Viateur d’Abidjan tout en suivant des cours du soir en informatique. En 2004, je prononce mes vœux perpétuels, ce qui représente mon engagement définitif dans la communauté.

En 2010, je suis affecté au collège de Bouaké en tant qu’aumônier et enseignant. En 2011, je débute ma formation à la prêtrise à l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ) à Abidjan. Le 12 juillet 2014, je suis ordonné prêtre à Abidjan, à la paroisse Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours de Treichville et deviens vicaire à la paroisse Notre-Dame-de-Nazareth à Bouaké où je continue l’enseignement jusqu’en 2017.

C’est alors que la communauté des clercs de saint-Viateur me demande de me rendre disponible pour prêter main-forte aux frères français à Decazeville (France-Aveyron), dans la paroisse Saint-Eloi-du-Bassin. Je participe à différents services : pastorale des lycéens, service évangélique auprès des malades (SEM), visite aux personnes âgées, catéchuménat, éveil à la foi.

Puis, je démarre aujourd’hui ma nouvelle mission auprès de vous.

Quelle est votre mission au sein de notre paroisse ?

J’ai tout d’abord une mission auprès de la communauté des Saint-Viateur qui est de soutenir mes frères et d’être une aide auprès du Frère André Charlebois pour l’animation de l’Association des Anges gardiens*. Je suis également des cours de théologie pour préparer un master (en Théologie Pastorale) en ligne (à Domuni Universitas) avec les dominicains.

Et je suis vicaire au sein de notre communauté paroissiale.  Je viens en frère, je viens marcher avec vous. Je ne viens pas convertir, c’est Dieu qui convertit. Je me mets à disposition, avec mes forces et mes faiblesses, au service de mes frères et sœurs qui se trouvent au sein de notre paroisse.

Je remercie les paroissiens pour l’accueil qu’ils m’ont fait : dans la simplicité. Je me sens déjà comme frère intégré dans la communauté. Après un mois d’observation, j‘entre maintenant dans la dynamique. Chaque chrétien de cette paroisse est un don que je reçois du Seigneur et dont je veux prendre soin.

Je ne sais pas encore exactement quel service j’accompagnerai mais je sais une chose : je souhaite prendre soin des personnes fragiles. J’ai été hospitalisé pendant 6 mois en 2018 et cette expérience m’a conforté dans cette mission.

Porter la joie et l’espérance là où je suis, c’est ce qui me guide.

Quels sont vos loisirs ?

J’aime la lecture, la musique. Je marche beaucoup. Et j’aime la fête !

Quel est votre avis sur l’Église d’aujourd’hui ?

L’Église vit une situation douloureuse, avec ses victimes, ses violences mais qui peut être un tremplin lui permettant de rebondir et de faire « une mue » afin de mieux porter la Parole de Dieu. Ce renouveau est l’affaire de tous : chacun de nous doit prendre soin et doit prendre la place qui est la sienne.

Cette mue doit se faire dans l’humilité, cette valeur qui m’est très chère. Nous recevons la mission que Dieu nous donne par l’intermédiaire de l’Église et nous devons l’accomplir en toute humilité, avec nos forces et nos faiblesses.

Mais, j’ai confiance : notre Église est encore porteuse de bonnes nouvelles. Je prie pour que l’Église de Lyon ait un nouveau pasteur qui crée l’unité. Cette unité est aussi l’affaire de tous : religieux et laïcs.

Quel est votre avis sur l’Église de demain ?

Je vois l’Église de demain en sortie, qui ne reste pas centrée sur elle-même, qui se tourne vers les autres, qui donne un message de vie, d’amour et d’espérance. Elle sera différente de celle que l’on a connue. Chacun de nous pourra y trouver sa place. Mais cette évolution suppose que nous devions être ouverts à ce que nous propose l’Église et nous laisser conduire par la force de l’Esprit Saint.

Une des choses qui m’a frappé dans cette paroisse est la jeunesse de ceux qui viennent à la messe : des familles avec leurs enfants. Pour moi, c’est l’Église de demain.

Propos recueillis par Anne Dreyfus et Stéphanie Arnaud-Micha