Homélie de la Fête-Dieu 2020

Jean 6,51-58 : NOUS NOURRIR DE JÉSUSCorps et Sang de Christ – A

Aujourd’hui Jésus affirme trois vérités incontournables : nous devons manger et boire le Corps et le Sang du Fils de Dieu ; si nous ne prenons pas l’Eucharistie nous ne pouvons pas faire l’expérience de sa propre Vie en nous. Rien n’est plus clair dans l’Évangile que ces trois affirmations. Le texte est tranchant : « Ma chair est véritable nourriture et mon sang vraie boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ».

D’après le récit de Jean, les juifs, incapables d’aller au-delà du matériel et scandalisés par le langage agressif qu’il utilise, interrompent Jésus : Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus ne retire pas son affirmation, mais il donne à ses paroles un contenu plus profond.

Le noyau de son intervention nous permet d’entrer dans l’expérience que vivaient les premières communautés chrétiennes lorsqu’elles célébraient l’Eucharistie. Selon Jésus, non seulement les disciples doivent croire en lui, mais ils doivent se nourrir et nourrir leur vie de sa personne même. L’eucharistie est une expérience centrale chez les disciples de Jésus.

Manger le Christ c’est beaucoup plus que de nous avancer, parfois distraitement, pour accomplir le rite sacramentel de recevoir le pain consacré. Communier au Christ exige un acte de foi d’une spéciale intensité, que l’on peut surtout vivre au moment de la communion sacramentelle, mais aussi dans d’autres expériences de contact vital avec Jésus ; par exemple à l’occasion de l’Adoration Eucharistique.

Les paroles qui suivent ne font que souligner son caractère fondamental et indispensable : Ma chair est vraie nourriture et mon sang est vraie boisson. Si les disciples ne se nourrissent pas de Lui, ils pourront dire et faire beaucoup de choses, mais ne devront pas oublier ses paroles : Vous n’aurez pas la vie en vous. Pour avoir cette vie en nous, il faut nous nourrir de Jésus, nous nourrir de son élan vital, assimiler ses attitudes et ses critères de vie. Voilà le secret et la force de l’eucharistie que ne peuvent connaître que ceux qui communient avec lui et se nourrissent de son amour passionné pour le Père et pour ses fils.

Le langage de Jésus est très clair : à celui qui sait se nourrir de lui, il fait cette promesse : Il habite en moi et moi en lui. Ainsi, pour celui qui se nourrit de l’eucharistie sa relation avec Jésus n’est pas quelque chose d’extérieur. Il nourrit notre vie de l’intérieur.

Cette expérience d’habiter en Jésus et de laisser Jésus habiter en nous peut transformer radicalement notre foi. Cet échange mutuel, cette communion étroite, pas facile à exprimer avec des paroles, constitue la véritable relation du disciple avec Jésus. C’est cela suivre Jésus, soutenus par sa force vitale.

La vie que Jésus nous transmet dans l’eucharistie est celle que lui-même reçoit du Père. Une vie qui ne finit pas avec notre mort biologique. C’est pour cela que Jésus ose faire cette promesse aux siens : Celui qui mange de ce pain vivra pour toujours.

Nous nourrir de Jésus c’est revenir vers ce qu’il y a de plus authentique dans son Évangile ; c’est intérioriser ses attitudes les plus fondamentales ; c’est allumer en nous désir de vivre comme lui ; c’est éveiller notre conscience de disciples prêts à le suivre et à faire de lui le cœur de notre vie.

L’un des grands apports du Concile Vatican II a été de favoriser le passage de la messe comprise comme une obligation individuelle pour accomplir une loi de l’Église, à l’eucharistie vécue comme célébration joyeuse de toute la communauté, afin de nourrir sa foi, croître en fraternité et raviver son espérance en Jésus-Christ ressuscité.

Père Javier