Homélie du 3e dimanche de l’Avent

Matthieu 11, 2-11 : GUÉRIR LES BLESSURES

Des nouvelles de Jésus parviennent à Jean-Baptiste jusqu’à la prison où il est détenu par Hérode Antipas. Ce qu’il entend de Jésus le déconcerte. Cela ne répond pas à ses attentes. Il attend un Messie qui s’imposera par la force du jugement de Dieu. Il sauvera ceux qui ont accepté son baptême et condamnera ceux qui l’ont rejeté. C’est pourquoi, depuis la prison, il envoie à Jésus ce message : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». Cette question a été décisive dans les premiers moments du christianisme.

La réponse de Jésus n’est pas théorique, mais très concrète et précise : communiquez à Jean ce que vous avez vu et entendu. Ils interrogent Jésus sur son identité, et Il leur répond par son action de guérison des malades et au service des pauvres et des misérables qu’il trouve dans les villages de Galilée, qui sont sans ressources et sans espoir d’une vie meilleure : « Les aveugles voient et les boiteux marchent ; les lépreux sont purifiés et les sourds entendent ; les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres« . Voilà le vrai Messie : celui qui vient soulager la souffrance, guérir la vie et ouvrir aux pauvres un horizon d’espérance. Jésus se sent l’envoyé d’un Père miséricordieux qui veut un monde plus digne et plus heureux pour tous.

La meilleure manière de connaître Jésus est de voir de qui il s’approche et ce qu’il fait. Pour bien proclamer son identité, il ne suffit pas de confesser théoriquement qu’il est le Messie, Fils de Dieu. Il faut s’accorder à sa manière d’être Messie, qui n’est autre que celle de soulager la souffrance, de soigner la vie et d’ouvrir un horizon d’espérance pour les pauvres.

Jésus sait que sa réponse peut décevoir ceux qui attendent un Messie puissant ; c’est pourquoi il ajoute : « Heureux celui qui ne sera pas déçu par moi« . Que personne n’attende un autre Messie qui accomplirait un autre genre d’œuvres ; que personne n’invente un autre Christ à sa mesure, car le Fils a été envoyé pour rendre la vie plus digne et plus joyeuse pour tous, jusqu’à ce qu’elle atteigne sa plénitude le jour de la fête finale préparée par le Père.

Jésus n’a jamais mis l’accent sur le caractère prodigieux de ses guérisons ni utilisé celles-ci comme une recette facile pour supprimer la souffrance dans le monde. Il a présenté son activité curative comme un signe qui nous montre à nous, ses disciples, la direction que doit prendre notre action en vue d’ouvrir des chemins au projet humanisant du Père, appelé « règne de Dieu ».

Le pape François affirme que « guérir les blessures » est une tâche urgente : « Je vois clairement que ce dont l’Église a besoin aujourd’hui, c’est la capacité de guérir les blessures ». Il dit ensuite de « prendre en charge les personnes et les accompagner, à l’instar du bon samaritain, qui lave, nettoie et console ». Il parle aussi de « cheminer avec ces personnes dans la nuit, savoir dialoguer avec elles et descendre dans leur nuit obscure sans nous perdre ».

En confiant sa mission à ses disciples, Jésus ne les imagine pas docteurs, liturgistes ou théologiens, mais guérisseurs. Il leur confie toujours une double tâche : guérir les malades et annoncer que le règne de Dieu est proche.

Père Javier