Homélie du 17 décembre 2017

Jean 1,6-8.19-28 – NOUS OUVRIR A DIEU – Dimanche 3 Avent – B

La foi est devenue pour beaucoup une affaire problématique. Ils se posent autant des questions que les prêtres et les lévites qui vont rencontrer Jean Baptiste. Ils ne savent pas exactement ce qui leur est arrivé ces dernières années. Une chose est claire : ils ne peuvent pas croire à ce qu’ils ont cru dans leur enfance. De tout cela il ne reste que quelques croyances aux contours assez flous. Chacun s’est construit progressivement son monde intérieur, sans pouvoir éviter souvent de graves incertitudes et interrogations.

La plupart de ces personnes font leur “parcours religieux” de façon solitaire et presque secrète, parce qu’ils ne trouvent personne avec qui échanger sur ce genre de questions. On ne trouve pas des guides ou des témoins, comme Jean Baptiste, et les points de repère sont inexistants. Chacun agit comme il peut par rapport à ces questions qui concernent le plus profond de l’être humain. Beaucoup ignorent si ce qui leur arrive est normal ou inquiétant.

Aux premières étapes de sa vie, l’enfant assume progressivement et sans réfléchir les croyances et les valeurs qu’on lui propose. Sa foi ne relève pas encore d’une décision libre et personnelle. L’enfant établit petit à petit ce qui est vrai ou faux, bon ou mauvais, à partir de ce qu’on lui apprend de l’extérieur.

Quelque temps après, l’individu accepte les croyances, les pratiques et les doctrines d’une manière plus réfléchie, mais toujours telles que définies par le groupe, par la tradition ou par les autorités religieuses. Il ne lui arrive pas de se mettre à douter sérieusement. Tout est digne de foi, tout est sûr.

La crise survient plus tard. L’individu prend conscience que la foi doit être personnelle et libre. Il ne se sent plus obligé à croire inconditionnellement à l’enseignement de l’Église. Petit à petit il commence à relativiser certaines choses et à en sélectionner d’autres. Son univers religieux se modifie et il peut arriver même à se fissurer parce qu’on y trouve aussi des incohérences. Après quoi tout peut se stoper et c’est fini.

Mais l’individu peut aussi continuer de creuser à l’aide d’autres personnes qui sont dans la même situation, dans son univers intérieur et décider de refaire un “nouveau parcours” – et dans notre paroisse nous avons plusieurs “Parcours”: Alpha, Zachée, Groupe Epsilon, Groupes fraternels, Repas 4×4, entre autres – pour s’ouvrir sincèrement à Dieu et le chercher au plus profond d’eux-mêmes. Une nouvelle foi peut jaillir. L’amour de Dieu, cru et accueilli humblement, donne à tout, un sens plus profond. La personne commence à trouver une nouvelle cohérence intérieure plus harmonieuse.

Comme les doutes ne sont pas maintenant un obstacle, l’individu voit maintenant la valeur ultime de certaines pratiques et symboles, critiqués auparavant. La communication avec Dieu s’éveille à nouveau. La personne vit en communion avec tout ce qu’il y a de beau, de vrai et de bon dans le monde et se sent appelée à aimer et à témoigner de cet amour.

Ce qui est décisif c’est de réserver toujours en nous une place réelle à l’expérience de Dieu. De là, l’importance d’écouter l’appel du prophète : Préparez le chemin du Seigneur. C’est un chemin qu’il faut ouvrir dans l’intimité de notre cœur mais aussi en communion avec d’autres personnes.

Père Javier