Homélie du dimanche 16 janvier 2ème Dimanche du T. O

(Jn 2,1-11) UN GESTE PEU RELIGIEUX

Il y avait un mariage en Galilée. Ainsi commence ce récit dans lequel on nous dit quelque chose d’inattendu et de surprenant. La première intervention publique de Jésus, l’envoyé de Dieu n’arrive pas dans le Temple ou dans un lieu sacré. Jésus inaugure son activité prophétique en venant en aide aux fiancés pour sauver une fête de noces qui aurait pu se terminer très mal.

Dans les villages pauvres de Galilée, la fête des noces était la plus appréciée de toutes les fêtes. Pendant plusieurs jours, la famille et les amis accompagnaient les fiancés en mangeant et en buvant avec eux, en exécutant des danses festives et en chantant des chants d’amour. L’Evangile de Jean nous dit que c’est au cours d’un de ces mariages que Jésus a fait son « premier signe » ; celui qui nous offre la clé pour comprendre toutes ses actions et le sens profond de sa mission salvatrice parmi nous.

L’évangéliste Jean ne parle pas de « miracles ». Les gestes surprenants réalisés par Jésus Il les appelle toujours « signes ». Il ne veut pas que ses lecteurs regardent seulement ce qui peut être prodigieux dans son action.  Il nous invite à découvrir son sens le plus profond. Pour cela, il nous offre quelques pistes de nature symbolique. Voyons-en seulement une.

La mère de Jésus, attentive aux détails de la fête, réalise « qu‘ils n’ont plus de vin » et elle dit cela à son fils. Peut-être les mariés, de condition modeste, ont-ils été débordés par le nombre d’invités. Marie est inquiète. La fête est en danger. Comment peut-on terminer un mariage sans vin ? Elle fait confiance à Jésus. Chez les paysans de Galilée, le vin était un symbole bien connu de joie et d’amour. Ils le savaient tous. Si la joie et l’amour manquent dans la vie, que deviendra la vie en commun ? Marie n’a pas tort. Jésus intervient pour sauver la fête en fournissant un vin abondant et d’excellente qualité.

Ce geste nous aide à saisir l’orientation que Jésus donnera à toute sa vie et le contenu fondamental de son projet du royaume de Dieu. Alors que les chefs religieux et les maîtres de la loi sont préoccupés par la religion, Jésus se consacre à rendre la vie des gens plus humaine et plus supportable.

Les évangiles présentent Jésus centré non pas tant sur la religion mais sur la vie. Il n’est pas seulement pour les personnes religieuses et pieuses. Jésus est attendu par beaucoup de monde comme une force et un stimulant pour vivre et comme un chemin vers une vie plus humaine et joyeuse.

Il est aussi attendu par ceux et celles qui sont déçus de la religion, mais ressentent le besoin de vivre de manière plus digne et plus heureuse. Jésus transmet la foi en un Dieu à qui on peut faire confiance et avec qui on peut vivre dans la joie, et parce qu’il nous attire vers une vie plus généreuse, guidée par un amour solidaire.

Mais s’ils ne connaissent qu’une religion « noyée dans l’eau », sans pouvoir savourer quelque chose de cette joie festive que Jésus rayonnait, beaucoup resteront indifférents et continueront de s’éloigner. A nous de les attirer AVEC DU BON VIN.