Homélie du dimanche 5 septembre

23ème Dimanche Temps Ordinaire – B (Marc 7,31-37) : « Ouvre-toi ! » 

 Aujourd’hui, la liturgie nous propose la contemplation de la guérison d’un « sourd-muet ». Comme on le voit, le Seigneur accompagne toujours ses miracles de gestes. Je crois qu’il faut voir dans ces gestes la participation de l’humanité du Christ comme instrument pour accomplir ces signes.

La guérison d’un sourd-muet dans la région païenne de Sidon est relatée par Marc dans une claire intention pédagogique. Il s’agit d’un malade très particulier qui n’entend ni ne parle.  Il vit enfermé sur soi-même, sans communication avec personne. Il ne sait pas que Jésus passe à côté de lui. Ce sont les autres qui l’amènent vers Jésus.

La réaction de Jésus est aussi spéciale. Il n’impose pas ses mains sur lui comme on lui demande de faire, mais il le prend à part et l’amène à l’écart des gens. Là, il travaille intensément, d’abord sur ses oreilles et ensuite sur sa langue. Il veut que le malade éprouve son contact guérisseur. Seulement une rencontre profonde avec Jésus pourra le guérir d’une surdité si tenace.

Tout cet effort ne semble pas suffire. La surdité résiste. Alors Jésus s’adresse au Père, source du Salut : en regardant vers le ciel, il soupire et il lance vers le malade une seule parole en criant : « Effata », c’est-à-dire « Ouvre-toi ! ». C’est la seule parole prononcée par Jésus dans tout ce récit. Elle ne s’adresse pas aux oreilles du sourd mais à son cœur.

Sans doute, Marc veut que cette parole de Jésus résonne avec force dans les communautés chrétiennes qui un jour liront son récit. Il sait bien qu’il est facile de rester sourds à la Parole de Dieu. Aujourd’hui aussi il y a des chrétiens qui ne s’ouvrent pas à la Bonne Nouvelle de Jésus et qui ne parlent à personne de leur foi. Des communautés sourdes-muettes qui écoutent peu l’Evangile et qui ne savent pas le transmettre.

Peut-être l’un des péchés les plus graves des chrétiens d’aujourd’hui est cette surdité. Nous ne savons pas nous arrêter pour entendre l’Evangile de Jésus. Nous n’avons pas toujours le cœur ouvert à l’accueil de ses paroles. C’est pourquoi nous ne savons pas écouter avec patience et compassion tant de personnes qui souffrent sans à peine recevoir l’affection et l’attention de quelqu’un.

On pourrait dire parfois que l’Eglise, qui est née de Jésus pour communiquer la Bonne Nouvelle, fait son propre chemin, en oubliant fréquemment la vie concrète des gens, leurs préoccupations, leurs peurs, leurs travaux et leurs espoirs. Si nous n’écoutons pas attentivement les appels de Jésus nous ne serons pas capables de placer des paroles d’espérance dans la vie de ceux et celles qui souffrent.

Il y a quelque chose de paradoxal aussi dans certains discours de l’Eglise. On annonce de grandes vérités, mais celles-ci ne touchent pas le cœur des hommes et de femmes d’aujourd’hui. Quelque chose de semblable nous arrive en ces temps de crise. La société d’aujourd’hui n’attend pas, de la part des spécialistes, de « doctrines religieuses », mais elle écoute avec attention une parole clairvoyante, inspirée de l’Evangile de Jésus, lorsque cette parole est prononcée par une Eglise sensible à la souffrance des victimes et qui sait prendre leur défense en invitant tout le monde à être proche de ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide pour vivre dignement.

Nous avons besoin de nous ouvrir à Jésus pour nous laisser guérir de notre surdité.