HOMÉLIE 6ème de Pâques

 6ème de Pâques – Jean 15, 9-17 : Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés…

 

L’évangile d’aujourd’hui nous montre Jésus en train de dire au revoir à ses disciples. Bientôt il sera arrêté, jugé et condamné à mort. Dans son discours d’adieu, Jésus recueille avec une spéciale intensité quelques traits fondamentaux dont nous devons nous souvenir tout au long de notre vie, pour demeurer fidèles à la personne et au projet de Jésus. Voici quelques-uns.

« Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c-à-d comme vous me l’avez vu faire et comme vous me verrez le faire encore. Les Juifs avaient reçu de Moïse les Dix Commandements ; mais ici, c’est seulement du commandement de l’amour dont Jésus dit : « Voici mon commandement, le mien ». Ce qui est décisif pour le chrétien c’est de ne pas dévier de l’amour fraternel.

Ce qui manque souvent à notre christianisme, c’est la joie que l’on éprouve quand on agit et quand on vit avec amour. La joie de Jésus ne consiste pas à jouir de la vie de manière égoïste. C’est la joie de celui qui donne la vie et qui sait créer les conditions nécessaires pour que cette vie grandisse et se développe de manière plus digne et plus fraternelle. Voilà un enseignements clé de l’Evangile. Est heureux seulement celui qui rend le monde plus heureux. Seul connaît la joie celui qui sait l’offrir. Seul vit vraiment celui qui fait vivre.

Jésus ne présente pas son commandement de l’amour comme une loi qui doit rendre notre vie plus difficile, mais comme une source de joie. Lorsqu’il manque parmi nous le véritable amour, il y a un vide que rien ni personne ne peut remplir de joie.

Dieu prend toujours l’initiative. Il nous le dit expressément : C’est moi qui vous ai choisis. Nous sommes tentés de croire que c’est nous qui l’avons choisi, mais, en réalité, nous n’avons fait que répondre positivement à son appel.

Il nous a gratuitement choisis pour être ses amis : Je ne vous appelle plus serviteurs (…) maintenant, je vous appelle mes amis. Nous avons répondu positivement à son appel. Je croie que nous avons compris ce que ça veut dire être amis de Jésus. C’est bien. Mais ce n’est pas tout. Jésus continue : je vous ai établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. De même que nous sommes le fruit de nos parents, enseignants, catéchistes, nous aurons à donner aussi à notre tour, les fruits de l’amour à nos enfants, petits-enfants, famille, amis et connaissances. Mais, sachez que sans amour, il est impossible de donner un fruit qui demeure.

L’un des fruits de l’amour, c’est la joie : Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous. Si notre vie ne reflète pas la joie de croire, si nous nous laissons accabler par les contrariétés sans nous rendre compte que le Seigneur est là, qui nous console, c’est parce que nous ne connaissons pas suffisamment Jésus.

La foi n’est pas une coutume ou une tradition héritée du passé. Il est bon de naître dans une famille croyante et de recevoir depuis l’enfance, en famille et/ou à l’école, une orientation chrétienne dans la vie ; mais ce serait bien pauvre de réduire la foi à une simple coutume religieuse. La foi est une décision personnelle qui relève de chacun et chacune de nous.

La foi n’est pas non plus un “tranquillisant”. Croire en Dieu est, sans doute, une source de paix, de consolation et de sérénité, mais on ne doit pas faire de la foi seulement une bouée de sauvetage pour les moments difficiles. Nous pouvons, et nous devons, recourir à la prière parce que Jésus nous dit : Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. Mais prier dans la foi doit être le meilleur stimulant pour lutter, pour travailler et pour vivre d’une manière digne et responsable.

 

La foi grandit et porte des fruits seulement si nous demeurons jour après jour unis au Christ, c’est-à-dire, motivés et soutenus par son Esprit et par sa Parole : Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, portera beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire, nous disait Jésus le dimanche dernier. Jésus nous invite aujourd’hui à un amour agissant, bienfaisant et concret pour que, selon la devise du P. Louis Querbes : Adoré et aimé soit Jésus ! A jamais ! Amen.