HOMELIE – V -ème dimanche de Carême 2021

HOMELIE – V -ème dimanche de Carême-B du 21 mars 2021 – Jean 12, 20-33 : UNE LOI PARADOXALE

 

Aujourd’hui dans la dernière partie du Carême, l’Église nous propose cet Évangile afin de mieux nous aider à nous préparer pour le dimanche des Rameaux, qui ouvre la Semaine Sainte, et pouvoir vivre, d’une manière profonde, le  Mystère Pascal.

D’abord je voudrai m’arrêter un peu sur une phrase de l’Évangile qui traduit une très forte conviction propre à Jésus : « Je vous le dis en vérité, si le grain de blé ne tombe pas en terre et ne meurt pas, il reste infructueux ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » Cela nous rappelle « les grains tombés dans la bonne terre » de la parabole du Semeur.

L’idée de Jésus est claire : dans la vie courante il se passe la même chose qu’avec le grain de blé : s’il « ne meurt pas », il reste sur le sol. Par contre, s’il « meurt » enfui dans la terre, il libère toute son énergie en apportant des nouveaux grains et une nouvelle vie.

Avec ce langage très graphique et plein de force, Jésus nous fait voir que sa mort, loin d’être un échec, va être précisément ce qui donnera de la fécondité à sa vie ; et, en même temps, il invite ses disciples à vivre selon cette même loi paradoxale : pour pouvoir donner une nouvelle vie, il faut « mourir ». On ne peut pas engendrer la vie sans « donner » la sienne.

 

L’Évangile s’achève avec deux exhortation:

Première exhortation: …et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes (Jean 12,32). Pour « voir » Jésus, nous devons regarder la croix où Jésus a fait don de soi. Pour voir Jésus Fils et Dieu, nous devons regarder le sens de l’amour, du pardon, du mystère que cache la croix de Jésus. Cette croix que, parfois, nous portons autour du cou, est un mystère d’amour. Dans la croix Jésus nous attire tous dans son amour : c’est le mystère de la souffrance par amour.

Deuxième exhortation : Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Nous sommes en train de nous habituer à vivre en fermant les yeux sur la souffrance des autres.  Cela apparaît comme la chose la plus intelligente et la plus sensée à faire pour être heureux. C’est une erreur. Nous parviendrons sûrement à nous épargner certains problèmes et ennuis, mais notre bien-être sera de plus en plus vide et stérile et notre religion de plus en plus triste et égoïste. Pendant ce temps, les opprimés et les affligés veulent savoir si leur douleur, si leur « croix » touche quelqu’un.

Il n’est pas possible d’aider à vivre si l’on n’est pas prêt à se  » donner  » pour les autres. Autrement dit, personne ne peut contribuer à créer un monde plus juste et plus humain en restant accroché à son propre bien-être. Personne ne peut dire qu’il travaille sérieusement pour le Royaume de Dieu et sa justice s’il n’est pas prêt à assumer les risques, les conflits et même les persécutions dont Jésus a été victime. A partir du silence et de l’humilité nous devons apprendre à devenir des grains qui meurent pour revenir à la vie.  Le Christ meurt pour donner du fruit. Nous, nous devons l’imiter afin de ressusciter avec lui et, avec lui, donner du fruit.

Demandons à Dieu, notre Père, que dans notre vie il y ait toujours de la lumière et qu’Il nous aide à dissiper les ténèbres. Comme la lune reflète la lumière du soleil, nous devons, nous aussi, refléter la lumière de Dieu.