Homélie du 3ème dimanche de Carême 2021

07-Mar-21 – 3ème Dimanche de Carême – B : LE CULTE DE L’ARGENT –   Jean 2,13-25 

 

Jésus ne critique pas le fait que, dans le Temple, il y ait des marchands d’animaux, pour le sacrifice, et des changeurs, pour l’aumône officielle. Ce que Jésus dénonce c’est que le Temple, au lieu d’être le lieu de la rencontre avec Dieu le Père, est devenu, pour les marchands, un lieu pour s’enrichir.

Nous ne sommes pas habitués à l’image violente d’un Messie en train de fouetter les gens. Pourtant, c’est là la réaction de Jésus lorsqu’il rencontre des hommes qui, même dans le Temple, ne savent pas chercher autre chose en dehors de leurs propres affaires.

Aujourd’hui, dans notre société, il y a quelque chose d’alarmant que l’on ne dénoncera jamais assez. Nous vivons dans une civilisation où le plus important et le plus décisif n’est pas ce que l’on est (l’être), mais ce que l’on a (l’avoir). On a dit que l’argent est « le symbole et l’idole de notre civilisation ». Et ils sont vraiment nombreux ceux et celles qui lui offrent, de façon directe ou indirecte, leur être et lui sacrifient toute leur vie.

John Kenneth Galbraith, le grand théoricien du capitalisme moderne, dans son œuvre La société de l’abondance, décrit ainsi le pouvoir de l’argent : l’argent comporte trois avantages fondamentaux : tout d’abord, la jouissance du pouvoir qu’il procure à l’homme ; deuxièmement, la possession réelle de tout ce qui peut être acheté avec de l’argent et, enfin, le prestige ou le respect dont jouit le riche grâce à sa richesse.

Combien de personnes, qui n’osent pas le dire, savent que dans leur vie, à quelque degré que ce soit, ce qui est important et définitif c’est de gagner de l’argent, acquérir un bien-être matériel, atteindre un prestige financier. C’est ici que se trouve l’une des failles les plus graves de notre civilisation.

L’homme occidental est devenu largement matérialiste et, malgré ses grandes déclarations sur la liberté, la justice, l’égalité, la solidarité, c’est à peine s’il croit à autre chose à part l’argent. Mais, sont-ils vraiment heureux ?

Avec de l’argent on peut installer un appartement agréable, mais non pas créer un foyer chaleureux. Avec de l’argent on peut acheter un lit confortable, mais pas un sommeil tranquille. Avec de l’argent on peut acquérir de nouvelles relations mais non pas éveiller une véritable amitié. Bref ! Avec de l’argent on peut acheter le plaisir mais pas le bonheur.

Nous, les croyants, nous devons nous rappeler que l’argent ouvre toutes les portes mais il n’ouvre jamais la porte de notre cœur à Dieu. Le temple de notre cœur cesse d’être le lieu de la rencontre avec le Père lorsque nous avons fait de notre vie un marché où l’on ne rend culte qu’à l’argent. Et on ne peut pas établir une relation filiale avec Dieu notre Père quand nos relations avec les autres sont médiatisées seulement par des intérêts financiers.

Il est impossible de comprendre quelque chose à l’amour, à la tendresse et à l’accueil de Dieu, lorsqu’on ne vit qu’à la recherche du bien-être. L’amour ne s’achète pas. Peut-être que la première chose à entendre aujourd’hui dans l’Église devrait être l’annonce de la gratuité de Dieu. Dans un monde transformé en marché, où tout est exigé, acheté ou gagné, seul ce qui est gratuit peut continuer à fasciner et à surprendre, car la gratuité c’est le signe de l’amour le plus authentique.

Nous, les croyants, nous devrions faire plus attention à ne pas défigurer un Dieu qui est amour gratuit, en le ramenant à nos vies mercantiles : On ne peut pas servir Dieu et l’Argent.