XXVII Temps ordinaire – A (Matthieu 21,33-43)
Écoutez cette parabole ! Jésus, en nous demandant un instant d’attention privilégiée, voudrait nous dire, dans le flot des informations que nous recevons chaque jour, une vérité essentielle. Écoutez ! Bien que Jésus parle à ses disciples, Il nous parle à nous aussi. Allons-nous écouter ?
Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne… Oui, au temps de Jésus, et je suppose qu’aujourd’hui aussi, la culture de la vigne est l’un des travaux agricoles qui demandent le plus de compétences et de soins. Mais Jésus ajoute ici sa petite touche personnelle à la tradition biblique : il n’est pas seulement question de la « vigne », mais aussi des « vignerons » et d’un « départ du maître de la vigne ».
Dans ce récit de Jésus, c’est le maître qui, jusqu’ici, a tout fait parce que c’est « sa vigne » Mais Jésus affirme que Dieu fait l’essentiel pour « sa vigne », mais Il ne fait pas tout : il confie des responsabilités à l’être humain à qui il fait confiance. L’éloignement du maître souligne ici à quel point Dieu nous veut libres et responsables de notre « vigne » : « Dominez la terre et soumettez-la » dira Dieu à Adam dans la Genèse.
Quand arriva le moment de la vendange il envoya ses serviteurs … pour se faire remettre le produit de la vigne. Pour prendre le fruit de la vigne, il faut vendanger au moment précis, parce que le moment de la vendange est un moment décisif : avant, cela aurait été trop tôt ; après cela sera trop tard. Ainsi, dans nos vies il y a un temps pour semer et un temps pour récolter ; ce sont des temps à ne pas manquer. C’est le moment de se poser une question importante : qu’attends-tu de moi aujourd’hui, Seigneur, de la part de ton projet divin dont je suis responsable ?
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs… frappèrent, tuèrent, lapidèrent. Question pour aujourd’hui : Dans ma vie à moi, quels sont ces fruits divins que je refuse de lui rendre ? Quelles exigences divines, quels appels divins j’accepte mal ou pas du tout ?
De nouveau le propriétaire envoya d’autres serviteurs… qui furent traités de la même façon. L’évangile nous montre la patience de Dieu et sa miséricorde ! C’est bien toute l’histoire d’Israël que Jésus résume ici. Et notre histoire à nous aussi.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ils respecteront mon fils. Dieu joue ici un « quitte-ou-double » radical. Il risque son propre Fils, le fruit de sa tendresse trinitaire… pour essayer de faire porter du fruit à l’humanité. Puisque Dieu nous a aimé jusqu’à nous donner son Fils, qui pourra nous séparer de l’amour qui vient de Lui ? c’est le moment de dire : Merci, Seigneur !
Mais, voyant le fils, … Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. La question du « refus de Dieu » demeure actuelle. Cette question m’est posée à moi aujourd’hui. Il n’est pas question de donner une réponse théorique parce qu’Il n’est pas équivalent d’accueillir Jésus ou de le refuser… d’écouter l’évangile ou de faire comme s’il n’existait pas… de vivre selon l’amour absolu ou selon le non-amour… de rendre les fruits à Dieu ou de les garder pour soi.
… quand le maître de la vigne viendra… il les fera périr misérablement et louera la vigne à d’autres vignerons qui en remettront le produit en temps voulu. S’agit-il d’un avertissement sous forme de menace ? Non, pas du tout ; mais d’amener les vignerons, et à nous aujourd’hui, à la conversion : s’ils pouvaient saisir leur dernière chance… s’ils se mettaient enfin, même après l’avoir refusé, à accueillir le Fils. Voilà encore, s’il fallait, une preuve de la miséricorde de Dieu.
À travers cette parabole, nous découvrons la conscience que Jésus avait de son rôle. Il a conscience d’être le « Fils ». Il a conscience d’aller à la mort par « fidélité à sa « mission » : être « l‘Envoyé » de Dieu. Il a aussi conscience que son œuvre ne peut pas échouer : malgré la mort du fils, la vigne finira bien par rapporter du fruit pour Dieu.
Je termine avec les paroles du cantique : Ni la mort ni le péché ne pourront nous arracher à l’amour qui vient de Dieu.
Père Javier