Homélie 2e dimanche de Pâques 2020

19-04-20 : Mon Seigneur et mon Dieu – Jean 20,19-31

Terrifiés par l’exécution de Jésus, les disciples trouvent refuge dans une maison connue. Ils sont de nouveau ensemble, mais Jésus n’est plus avec eux. Il y a dans leur communauté un vide que personne ne réussit à remplir. Jésus leur manque. À qui vont-ils suivre maintenant ? Que pourront-ils faire sans lui ? La nuit tombe sur Jérusalem mais aussi la nuit tombe dans leur cœur.

Les disciples ont une grande peur des juifs. Ils sont confinés dans cette maison, les portes bien fermées. C’est une communauté sans une mission précise, enfermée sur elle-même, incapable d’accueillir, paralysée par la peur. Personne ne pense plus à sortir sur les chemins pour annoncer le royaume de Dieu.

Soudain, Jésus ressuscité prend l’initiative. Il entre dans la maison et il est là au milieu d’eux. La petite communauté passe de la peur à la paix que Jésus leur transmet. De l’obscurité de la nuit à la joie de le voir de nouveau bien vivant.

Les portes vont s’ouvrir et la Bonne Nouvelle de Jésus sera annoncée partout. Jésus leur parle en faisant une confiance totale à ces pauvres hommes : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Il ne leur dit pas auprès de qui ils sont envoyés, ce qu’ils auront à annoncer ni comment devront-ils agir. Ils ont pu l’apprendre de lui sur les chemins de Galilée. Ils deviendront dans le monde ce que Jésus a été.

Mais ils ont besoin de la force de l’Esprit pour accomplir leur mission. C’est pourquoi il fait un geste spécial : il répand sur eux son souffle en leur disant : Recevez l’Esprit-Saint.

Alors que Thomas était absent, les disciples de Jésus ont vécu une expérience inouïe, et dès qu’ils voient arriver Thomas, ils lui disent pleins de joie : Nous avons vu le Seigneur ! Thomas écoute sceptique. Comment peuvent-ils dire qu’ils ont vu Jésus plein de vie, alors qu’il est mort crucifié ?

Les disciples lui disent que Jésus leur a montré les blessures de ses mains et de ses pieds. Thomas ne peut accepter le témoignage de personne : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas.

Son attitude est compréhensible. Thomas ne dit pas que ses compagnons mentent ou qu’ils ont été trompés. Il déclare seulement que leur témoignage ne suffit pas pour qu’il adhère à leur foi. Il a besoin de vivre sa propre expérience. Et Jésus ne lui en fera aucun reproche.

Comme Thomas a pu exprimer ses doutes au sein du groupe de disciples, ils n’ont pas été scandalisés de sa réaction et ils ne l’ont pas chassé du groupe. D’ailleurs, ils n’ont pas cru non plus les femmes quand elles leur ont annoncé avoir vu Jésus ressuscité. L’épisode de Thomas révèle le long chemin que le petit groupe de disciples a dû parcourir pour atteindre la foi au Christ ressuscité. De même Thomas, disciple de Jésus, qui refuse de croire de façon naïve, nous apprend le parcours que nous devons faire pour atteindre la foi au Christ ressuscité, à partir d’une expérience personnelle.

Selon le récit évangélique, huit jours après, Jésus se rend à nouveau présent. Il lui montre ses blessures. Ce ne sont pas des « preuves » de la résurrection, mais des « signes » de son amour et du don de soi jusqu’à la mort. C’est pourquoi Jésus, avec des paroles qui sont surtout un appel pressant et une invitation amoureuse, l’invite à approfondir ses doutes avec confiance : « Ne sois pas incrédule ; sois croyant« . Thomas refuse alors de vérifier quoi que ce soit. Il ne ressent plus le besoin de preuves. Il sait seulement que Jésus l’aime et qu’il l’invite à faire confiance. Et voilà la plus belle profession de Foi : Mon Seigneur et mon Dieu !

Les communautés chrétiennes devraient être aujourd’hui un espace de dialogue où nous pourrions partager honnêtement les doutes, les questions et les recherches des croyants de notre temps.  Nous ne vivons pas tous la même expérience intérieure. Pour grandir dans la foi, nous avons besoin de l’encouragement et du dialogue d’autres personnes qui partagent la même inquiétude. Mais rien ne peut remplacer l’expérience d’un contact personnel avec le Christ au plus profond de notre être.

L’idée de la résurrection de Jésus et de sa présence au milieu de nous parfois n’est qu’une doctrine bien pensée et prêchée, au lieu d’être une expérience vécue personnellement ; mais un jour, nous découvrirons que beaucoup de nos doutes, vécus de manière saine, sans perdre le contact avec Jésus et la communauté, peuvent nous libérer d’une foi superficielle.

Le Christ ressuscité est au cœur de l’Église, au cœur de notre Foi ; et lorsqu’un Groupe ou une Communauté chrétienne se sentent habités par la présence invisible, mais bien réelle et active du Christ Ressuscité, ils montrent une sensibilité spéciale pour écouter, chercher, rappeler et appliquer l’Évangile de Jésus.  Ce sont là les espaces les plus sains et vivants de l’Église.

Rien d’autre que la présence vivante du Christ ressuscité, ne peut nous apporter aujourd’hui la force, la joie et la créativité dont nous avons besoin pour faire face à une crise sans précédent.

 Plus que jamais nous avons besoin de Jésus. Nous avons besoin de vivre de sa présence vivante, de rappeler à tout moment ses critères et son Esprit, de repenser constamment sa vie, et lui permettre d’être l’inspirateur de notre action. Il peut nous transmettre plus de force et de lumière que quiconque. Il est au milieu de nous, en train de nous communiquer sa paix, sa joie et son Esprit.

Le Christ est vivant parce qu’il est mort et qu’il est ressuscité. Il est vivant définitivement et sa vie s’exprime à travers son corps qui est humanité. Jésus n’est plus un individu parmi les autres. Il est en relation avec tous les hommes et toutes les femmes. Il est la résurrection et la vie.

Amen. Alléluia !!!

Père Javier