Homélie de la fête de l’Annonciation

Luc 1, 26-38. Je te salue, comblée de grâce le Seigneur est avec toi

Aujourd’hui nous célébrons la fête de l’Annonciation du Seigneur. À travers l’annonce de l’Ange Gabriel et le consentement de Marie qui accepte la volonté de Dieu de s’incarner dans son ventre, Dieu adopte la nature humaine — « Il a partagé notre vie en tout, hormis le péché » — afin que nous soyons élevés comme Fils de Dieu et que nous partagions sa nature divine.

Le mystère de la foi est tellement profond que Marie, face à cette annonce, est effrayée. L’ange Gabriel lui dit : Ne crains point, Marie (Luc 1,30): Tu es la préférée du Tout-puissant, et Dieu t’a choisie pour être la Mère du Sauveur. Les raisonnements divins brisent les faibles raisonnements humains.

L’Évangile d’aujourd’hui joue un concert composé de trois notes. Trois notes qui ne sont toujours pas bien au point dans notre société : celle de l’action, celle de l’amitié et celle de la cohérence dans notre vie.

Cohérence. Aujourd’hui, il est vrai que nous faisons beaucoup de choses, mais avons-nous un projet concret, défini ? Nous naviguons dans l’univers de la communication, mais, y a-t-il de la place dans nos cœurs pour le silence et la solitude ? Aujourd’hui, nous sommes dans l’ère de l’informatique, celle-ci nous permet-elle de façonner notre personnalité ?

Un projet. Marie, une femme fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph » (Luc 1,27). Marie a un projet. Un projet de proportions humaines bien évidemment. Cependant, Dieu fait irruption dans sa vie pour lui présenter un autre projet… de proportions divines ! Aujourd’hui aussi Dieu veut rentrer dans nos vies et donner une proportion divine à notre va-et-vient de tous les jours.

Ne crains point. Ce sont des paroles que nous lirons souvent dans l’Évangile, le Seigneur lui-même devra les répéter aux apôtres quand ils se trouvent face aux forces surnaturelles, et quand ils ont peur face aux prodiges de Dieu. Nous pouvons nous demander le pourquoi de cette peur. Est-ce une peur mauvaise, irrationnelle ? Non ! C’est une peur logique que ressentent ceux qui se trouvent petits et pauvres face à Dieu, qui sentent visiblement leur fragilité et leur faiblesse face à la grandeur divine et ressentent leur petitesse face à la richesse du Tout-puissant. Le pape saint Léon se pose la question : « qui ne verrait pas dans le Christ sa propre faiblesse ?». Marie, la fille modeste du village, se voit toute petite… mais dans le Christ elle se sent forte et sa peur disparaît !

Amitié. Une présence. Comblée de grâce, le Seigneur est avec toi (Luc 1,28). Une présence qui nous accompagne et donne un sens à notre vie. Confiance en Dieu, qui nous donne de surcroît confiance dans les autres. Amitié avec Dieu qui renouvelle notre amitié avec notre prochain.

La meilleure façon d’harmoniser les trois notes c’est de rester proche de Marie, en contemplant sa vie et en essayant d’imiter ses vertus pour pouvoir accueillir le Seigneur avec un cœur disponible : —Qu’attend Dieu de moi, maintenant, aujourd’hui, dans mon travail, avec cette personne que je fréquente, dans la relation avec Lui ? Ce sont de petites situations de chaque jour, mais… qui dépendent tellement de la réponse que nous donnons !

Père Javier