Homélie du 3°dimanche de Carême 2020

Jean 4,5-42 : Adorer Dieu en esprit et en vérité – 3° Carême-A

Cette scène présentée par l’évangéliste Jean, nous permet de savoir comment était Jésus. Il était un prophète qui savait dialoguer tête-à-tête et amicalement avec une Samaritaine, appartenant à un peuple païen, détesté par les juifs. Un homme qui savait écouter la soif du cœur humain et restaurer la vie de ceux et celles qui l’approchaient.

 

A côté du puits de Sychar, les deux parlent de la vie. La femme vit avec un homme qui n’est pas son mari. Jésus le sait, mais il ne s’indigne pas et ne lui fait pas de reproches non plus. Il lui parle de Dieu et lui explique que Dieu c’est un « cadeau » : « Si tu connaissais le don de Dieu, tout changerait, même ta soif insatiable de vie ». Dans le cœur de la femme s’éveille alors une question : Serait-ce le Messie ?

 

A un moment donné de la conversation la femme lui expose les conflits qui opposent juifs et samaritains : les juifs adorent Dieu au Temple de Jérusalem et les samaritains gravissent le mont Garizim, visible depuis l’endroit où ils se trouvent. Où faut-il adorer Dieu ? Quelle est la vraie religion ? Jésus commence ses propos en mettant au clair que le culte véritable ne dépend pas d’un lieu déterminé. Le Père du ciel n’est pas attaché à aucun lieu. Il n’est la propriété d’aucune religion. Il n’appartient à aucun peuple concret.

 

Jésus ajoute alors quelque chose : le Père cherche des véritables adorateurs ; des adorateurs en esprit et en vérité. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Adorer Dieu en esprit consiste à marcher sur les pas de Jésus et à nous laisser conduire, comme Lui, par l’Esprit du Père, qui est envoyé toujours vers les laissés-pour-compte de ce monde. Apprendre à être compatissants comme le Père. Dieu est amour, pardon, tendresse, élan vivifiant… et ceux qui l’adorent doivent le ressembler.

 

Adorer Dieu en vérité consiste à vivre dans la vérité de l’Evangile ; être fidèles à la vérité de Jésus, sans nous enfermer dans nos propres mensonges.

Notre Eglise, et notre Paroisse, vivra dans la vérité de l’Evangile si :

  • Les personnes les plus seules et maltraitées se sentent écoutées et accueillies par nous, qui disons suivre Jésus. Pour introduire l’évangile dans le monde nous devons « nous asseoir » d’abord pour écouter la souffrance, le désespoir ou la solitude des gens.
  • Les gens ne nous voient pas comme des représentants de la loi et de la morale, mais comme des prophètes de la miséricorde de Dieu. Ils doivent « deviner » en nous la présence de ce Jésus qui attirait les gens vers la volonté du Père en leur révélant son amour compatissant.
  • Les gens, perdus dans une sombre crise de foi, nous demandent de les aider à retrouver Dieu dans leurs vies, et nous essayons d’imiter celui qui dialoguait avec la Samaritaine pour lui montrer le meilleur chemin d’étancher sa soif de bonheur.
  • Les gens se sentent aimés par nous, qui sommes les membres de cette Eglise qui est le Corps du Christ. Saint Augustin l’a dit : « Si tu veux connaître quelqu’un, ne lui demande pas ce qu’il pense, demande-lui ce qu’il aime ». Nous entendons beaucoup parler de ce que pense l’Église, mais ceux qui souffrent se demandent ce que l’Église aime, à qui elle aime et comment elle les aime. Que pouvons-nous leur répondre à partir de notre communauté paroissiale ?

 

Comme la Samaritaine, nous pouvons parler de Dieu à tout le monde si nous partageons notre soif de bonheur avec nos frères et sœurs, dépassant nos différences et si nous découvrons ensemble que Dieu est amour. Nous pourrons ainsi, vivre et adorer Dieu en esprit et en vérité, et, comme disait le Vénérable Louis Querbes :   que toujours et partout Adoré et Aimé soit Jésus à jamais. Amen

P. Javier