Homélie de la veillée de Noël

Luc 2, 1-14 : DANS UNE MANGEOIRE

L’évangéliste raconte la naissance du Messie avec une sobriété surprenante. « Le temps où Marie devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ». Pas un mot de plus. Ce qui semble vraiment l’intéresser, c’est la façon dont l’enfant est accueilli. Alors qu’à Bethléem « il n’y a pas de place », pas même dans l’auberge, il trouve en Marie un accueil émouvant. La mère n’a pas de moyens, mais elle a un cœur : « Elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire ».

Il fait nuit. Une clarté inconnue éclaire les ténèbres qui couvrent Bethléem. La lumière ne descend pas sur le lieu où se trouve l’enfant, mais elle descend sur les bergers qui entendent le message de l’Ange. L’enfant reste caché dans l’obscurité. Il faut faire un effort pour le découvrir.

Voici les premières paroles que nous devons entendre : Ne craignez pas. Je vous annonce une Bonne Nouvelle qui réjouira tout le peuple. Quelque chose d’extraordinaire est arrivé. C’est un motif de réjouissance pour tous. Cet enfant n’est pas uniquement à Marie et à Joseph. Il est né pour nous tous. Il n’appartient pas seulement à quelques privilégiés. Il est pour nous tous.

Nous, chrétiens, nous ne devons pas accaparer les fêtes de Noël. Jésus est à ceux qui le suivent avec foi, oui, mais aussi à ceux qui l’ont oublié ; à ceux qui ont confiance en Dieu et aussi à ceux qui doutent de tout. Personne n’est seul face à ses peurs. Personne ne reste seul dans sa solitude. Il y a quelqu’un qui pense à nous. C’est ce que proclame le messager : Aujourd’hui un Sauveur vous est né : le Messie, le Seigneur.

Où se trouve-t-il, cet enfant ? Comment le reconnaître ? Voici ce que dit le messager : Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. L’enfant est né comme un exclu. Ses parents n’ont pu lui trouver un lieu accueillant. Sa mère l’a mis au monde sans l’aide de personne. Elle-même a dû s’arranger comme elle a pu pour l’envelopper et le coucher dans une mangeoire.

C’est dans cette étable que Dieu commence son aventure parmi les hommes. On ne le trouvera pas parmi les puissants, mais parmi les faibles. Il n’est pas dans ce qui est grand et spectaculaire, mais dans ce qui est pauvre et petit. Allons à Bethléem !!! Revenons aux racines de notre foi. Cherchons Dieu là où il s’est incarné.

Le récit nous offre, aussi, une clé pour aborder le mystère de ce Dieu. Luc insiste jusqu’à trois fois sur l’importance de la « crèche ». C’est comme une obsession. Marie le couche dans une crèche. Les bergers n’ont pas d’autre signe : ils le trouveront couché dans une crèche. Effectivement, c’est ainsi qu’ils le trouvent dans la crèche à leur arrivée à Bethléem. Cette crèche est le premier endroit sur terre où repose ce Dieu fait enfant. Cette crèche est le signe pour le reconnaître, le lieu où il faut le trouver. Qu’est-ce qui se cache derrière cette énigme ?

Ce sont les bergers qui nous indiquent dans quelle direction nous devons chercher le mystère de Noël : « Allons à Bethléem« . Changeons notre conception de Dieu. Revoyons notre christianisme. Revenons au commencement et découvrons un Dieu proche et pauvre. Accueillons sa tendresse. Pour le chrétien, célébrer Noël, c’est « retourner à Bethléem ». Bonne route vers Bethléem !!

Père Javier