Homélie du dimanche 20 octobre 2019

29ème dimanche du Temps ordinaire C (Luc 18, 1-8)

 LE CRI DE CEUX QUI SOUFFRENT

 L’évangéliste Luc nous rapporte une parabole en nous indiquant que Jésus voulait expliquer à ses disciples comment ils devaient prier toujours sans se décourager ; thème très cher à l’évangéliste Luc. Ainsi, la parabole a été interprétée presque toujours comme une invitation à la persévérance dans la prière adressée à Dieu.

Cependant, si nous regardons le contenu du récit et la conclusion qu’en tire Jésus lui-même, nous voyons que la clé de la parabole est la soif de justice. L’expression faire justice est répétée jusqu’à quatre fois dans le texte que nous venons d’écouter. La veuve, plus qu’un modèle de prière, de ce récit est un exemple admirable de la lutte pour la justice au sein d’une société qui abuse des plus faibles.

Le premier personnage de la parabole est un juge qui ne craint pas Dieu et ne respecte pas les hommes. C’est l’incarnation exacte de la corruption dénoncée à maintes reprises par les prophètes dans l’Ancien Testament : les puissants ne craignent pas la justice de Dieu et ne respectent ni la dignité ni les droits des pauvres. Ce ne sont pas des cas isolés. Les prophètes dénoncent aussi la corruption du système judiciaire en Israël et la structure machiste de cette société patriarcale.

Le second personnage est une veuve sans défense, au milieu d’une société injuste. Dans la tradition biblique, la veuve était le symbole par excellence de la personne vivant seule et désemparée. D’une part, elle souffre des abus d’un « adversaire » plus puissant qu’elle. D’autre part, elle est victime d’un juge qui ne se soucie absolument ni de sa personne ni de ses souffrances. C’est ainsi que vivent des millions de femmes de tous les temps et dans la plupart des peuples.

Dans la conclusion de la parabole, Jésus ne parle pas de prière. Tout d’abord, il demande de faire confiance à la justice de Dieu : Dieu ne rendra-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Ces élus ne sont pas seulement « les membres de l’Église » mais aussi, et surtout, les pauvres de tous les peuples qui crient en demandant justice. Le royaume de Dieu leur appartient.

Ensuite, Jésus pose une question qui représente un grand défi pour ses disciples : Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il cette foi sur terre ? Jésus ne pense pas ici à la Foi comme une adhésion doctrinale, mais à la Foi qui anime l’action de la veuve, modèle d’indignation, de résistance active et de courage pour exiger la justice.

La parabole nous interpelle aujourd’hui à nous tous. Continuerons-nous à alimenter nos dévotions privées tout en oubliant ceux et celles dont la vie n’est que peine et misère ? Au cœur de ce mois missionnaire, nous entendons l’appel du pape François : Baptisés et envoyés !! Envoyés en mission pour soulager, dans la mesure de nos possibilités, les souffrances et les injustices de notre monde en nous oubliant nous-mêmes et en cherchant, avec Dieu, un monde plus juste pour tous.

Père Javier