Homélie du dimanche 29 septembre 2019

DIMANCHE 26 T. O. – NE PAS IGNORER CELUI QUI SOUFFRE – Luc 16 19 31

Le contraste entre les deux protagonistes de la parabole est tragique. Le riche est habillé de lin et de pourpre. Toute sa vie n’est que luxe et ostentation. Il ne pense qu’à « s’offrir chaque jour de splendides banquets ».  C’est un riche qui n’a pas de nom et donc pas d’identité. Sa vie, vide de compassion, est un échec ; on ne peut pas vivre que pour festoyer.

À l’entrée de son palais, il y a un mendiant couché par terre, affamé et couvert de plaies.  Personne ne l’aide. Seuls quelques chiens s’approchent pour lécher ses plaies. Il ne possède rien, mais il a un nom porteur d’espoir. Il s’appelle « Lazare » ou « Eliezer », ce qui veut dire « Dieu est mon aide ».

Leur sort change radicalement au moment de leur mort.  Le riche est enterré sûrement très solennellement, mais il va droit au « séjour des morts ». Lazare meurt aussi. Rien n’est dit d’un quelconque rite funéraire, mais « il est porté par les anges au sein d’Abraham ». Avec des images populaires de son temps, Jésus nous rappelle que c’est Dieu qui a le dernier mot et sur les riches et sur les pauvres.

Le riche n’est pas jugé pour être riche. On ne dit pas non plus qu’il est un païen éloigné de l’Alliance de Dieu avec le peuple d’Israël. Il a simplement joui de sa richesse en ignorant le pauvre. Celui-ci était devant ses yeux mais il ne l’a pas vu.  Il était au portail de son palais, mais il ne s’est pas rapproché de lui. Il l’a exclu de sa vie. Son péché c’est l’indifférence devant la souffrance.

Aujourd’hui, la présence sur notre chemin d’un enfant mendiant, nous dérange. La rencontre avec un ami malade en phase terminale, nous trouble. Nous ne savons pas quoi faire ni quoi dire. Il vaut mieux prendre le large. Revenir le plus tôt possible à nos occupations.  Ne pas nous laisser toucher.

L’indifférence ou le manque de sensibilité face à la souffrance d’autrui augmente dans notre société. En général, nous évitons, de mille façons, le contact avec les personnes qui souffrent, surtout si elles ne sont pas de notre entourage. Nous devenons petit à petit, incapables de percevoir leur affliction.

Si la souffrance se produit loin de nous, c’est plus facile. Nous avons appris à réduire la faim, la misère ou la maladie à des chiffres et statistiques qui nous renseignent sur la réalité sans à peine toucher notre cœur. Nous savons aussi contempler des souffrances horribles à travers la télévision ou les réseaux sociaux. Mais, à travers l’écran, la souffrance est toujours plus irréelle et moins terrible. Lorsque celle-ci touche quelqu’un qui nous est proche, nous faisons mille efforts pour anesthésier notre cœur.

Nous pouvons nous poser la question : où serais-je si j’étais l’un des protagonistes de la parabole ? Notre société nous incite à tout moment à vivre avec du confort et bien-être, en jouissant et sans préoccupations. Vivre pour soi-même, sans s’occuper d’autrui, ou tout au plus, en ne nous préoccupant que le nécessaire pour tranquilliser notre conscience, mais pas par un sens de justice, amour ou solidarité.

L’argent, converti en idole absolue, est le grand ennemi pour construire un monde plus juste et plus fraternel, voulu par Dieu. Celui qui suit Jésus doit devenir de plus en plus sensible à la souffrance de ceux et celles qu’il trouve sur son chemin. Il se rapproche du nécessiteux et, si c’est à sa portée, il essaie de soulager sa situation.

Père Javier