Luc 24, 46-53 : Dieu nous fait confiance – L’Ascension du Seigneur C
La fête de l’Ascension me pose une question : comment les premières communautés chrétiennes ont-elles commencé leur marche historique sans la présence de Jésus à leur tête ? Cela ne fut peut-être pas si simple que nous l’imaginons parfois. Une fois Jésus disparu de cette terre, comment les disciples ont-ils vécu et compris leur relation avec lui ? Les évangiles nous offrent plusieurs clés pour comprendre :
Marc, le premier des évangélistes, est très concis : Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Mais il ne faut pas prendre à la lettre cette expression. Dieu n’est pas plus en haut qu’en bas, à la droite qu’à la gauche. Avec son Ascension aux cieux, Jésus Christ ne disparaît pas, ne nous abandonne pas, il n’est pas parti pour un lieu lointain.
L’évangéliste Mathieu ne dit pas un mot de l’ascension de Jésus dans le ciel. Son évangile prend fin avec une scène d’au revoir sur une montagne de Galilée où Jésus leur fait cette promesse solennelle : « Sachez que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Les disciples ne doivent pas sentir son absence. Jésus sera toujours avec eux. Mais, comment ?
L’évangéliste Jean met sur les lèvres de Jésus quelques paroles qui proposent une clé plus élaborée : En prenant congé des siens, Jésus leur dit : « Je vais vers le Père… et vous êtes tristes…Cependant, il convient que je m’en aille afin que vous receviez l’Esprit Saint ». La tristesse des disciples se comprend, mais l’Esprit Saint les aidera à ne pas tomber dans la tentation de vouloir vivre, de façon un peu enfantine, toujours sous la protection du Maître. La Pentecôte c’est la preuve.
Luc, le compagnon de l’apôtre Paul, offre une vision un peu différente. Dans la scène finale de son évangile, Jésus « s’éloigne d’eux en montant au ciel ». Les disciples doivent accepter avec réalisme cette séparation. Jésus monte vers le Père en bénissant les siens. Ainsi les disciples commencent leur marche en grande joie, protégés par cette bénédiction avec laquelle Jésus guérissait les malades, pardonnait aux pécheurs et caressait les petits.
Les différentes clés de lecture ont un point commun : L’absence physique de Jésus fera grandir en maturité ses disciples. Il leur laisse l’empreinte de son Esprit. C’est lui qui, pendant son absence, soutiendra la croissance responsable et adulte des disciples. Il sera avec eux pour toujours. C’est bon de le rappeler aujourd’hui où la peur de la créativité, la tentation de l’immobilisme et certaines nostalgies semblent s’accroître parmi nous.
Il ne faut pas oublier que nous, chrétiens, nous sommes porteurs de la bénédiction de Jésus. Notre première tâche est d’être des témoins de la Bonté de Dieu, de garder vivante l’espérance et de ne pas nous soumettre au pouvoir du mal. Ce monde qui semble parfois être un « enfer maudit » n’est pas perdu. Dieu le regarde avec tendresse et compassion.
Jésus est une bénédiction et les gens doivent le savoir. La première chose à faire est de promouvoir une « pastorale de la bonté« . Nous devons nous sentir témoins et prophètes de ce Jésus qui a passé sa vie à parsemer le monde des gestes et des paroles de bonté. C’est ainsi que l’espérance en un Dieu Bon et Sauveur s’est éveillé parmi les disciples.
Ainsi il est possible, pour nous aujourd’hui, de faire le bien, de répandre la bonté, de travailler pour un monde plus humain et pour une coexistence plus saine. Il est possible aussi d’être plus solidaires et moins égoïstes, plus austères et moins esclaves de l’argent, afin de construire une société moins corrompue.
L’Ascension de Jésus, c’est quand Dieu nous fait confiance !!!
Père Javier