Homélie du dimanche 10 février 2019

Luc 5, 1-11 – 5ème dimanche du Temps ordinaire – C

LA FORCE DE L’ÉVANGILE

L’épisode d’une pêche surprenante et inattendue sur le lac de Galilée a été écrit par l’évangéliste Luc afin d’encourager l’Église primitive lorsqu’elle constate l’échec de tous ses efforts pour communiquer son message. Ce qu’il nous dit est très clair : nous devons placer notre espoir dans la force et dans l’attrait de l’Évangile.

Le récit commence par une scène insolite. Jésus est debout sur le bord du lac et les gens se pressent autour de lui pour entendre la Parole de Dieu. Ils ne viennent pas attirés par la curiosité. Ils ne s’approchent pas pour voir des prodiges. Ils veulent seulement écouter la Parole de Dieu de la bouche de Jésus, le Prophète de Nazareth.

Ce n’est pas samedi, donc ils ne sont pas rassemblés dans la synagogue voisine de Capharnaüm pour entendre les lectures que l’on fait au peuple tout au long de l’année. Ils ne sont pas non plus montés à Jérusalem pour écouter les prêtres du Temple. Ce qui les attire tant, c’est la Bonne Nouvelle annoncée par le Prophète Jésus, rejeté par les voisins de Nazareth, dans le texte du dimanche dernier.

La scène de la pêche est également inhabituelle. Lorsque, la nuit, au moment le plus propice pour pêcher, Pierre et ses compagnons travaillent seuls, ils n’obtiennent aucun résultat. Quand, le jour venu, ils lancent leurs filets en ne faisant confiance qu’à la Parole de Jésus, qui guide leur travail, sur ta parole, je jetterai le filet, dira Pierre à Jésus, ils obtiennent, contre toute attente, une pêche abondante.

Pierre est un homme au cœur sincère. Surpris par l’énorme pêche obtenue, « il se jette aux pieds de Jésus » et avec une spontanéité admirable lui dit : « Éloigne-toi de moi, que je suis un pauvre pécheur ». Pierre reconnaît devant tout le monde son péché et son indignité absolue pour pouvoir suivre Jésus.

Mais Jésus n’a pas peur d’avoir auprès de lui un disciple pécheur. Au contraire, se sentant pécheur, Pierre pourra mieux comprendre son message de pardon et de miséricorde pour tous et son accueil des pécheurs et des indésirables. « Ne crains pas. Désormais, tu seras pêcheur d’hommes ». Jésus le libère de la peur d’être un disciple pécheur et l’associe à sa mission, celle de rassembler et de convoquer des hommes et des femmes de toute condition, pour entrer dans le projet de salut de Dieu.

Le moment est venu, pour nous aujourd’hui, de se souvenir que dans l’Évangile de Jésus, il y a une force d’attraction qui n’existe pas en nous. Nous devons consacrer toute notre énergie à recouvrer l’Évangile comme seule force capable d’engendrer la foi chez les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Ces hommes et ces femmes que nous rencontrons dans nos activités de la paroisse, comme dans ceux et celles que nous rencontrons sur le seuil de nos églises.

Nous devons mettre l’Évangile au premier plan de tout. Le plus important dans ces moments critiques, où l’Église n’attire pas tellement, ce ne sont pas les doctrines élaborées au cours des siècles, mais la vie et la personne de Jésus. Que les gens viennent prendre part à nos activités n’est pas décisif, mais qu’ils puissent entrer en contact avec Jésus par notre témoignage. Voilà ce qui est décisif. La foi chrétienne ne s’éveille que lorsque les gens rencontrent des témoins qui rayonnent le feu de Jésus.

N’oublions pas que, comme dit le pape François, « la Foi s’affermit quand on la donne ».

Père Javier