Homélie du dimanche 18 novembre 2018

Marc 13, 24-32 – Personne ne connait ni le jour ni l’heure – 33° T.O. B

À deux semaines de la fin de l’Année liturgique, l’Église nous prépare pour le « Dernier Jour », celui dans lequel Dieu le Père prononcera le mot final et définitif à notre sujet. Dimanche après dimanche, nous avons suivi Jésus, selon St Marc. Jésus a parlé en paraboles, a guéri les malades, a délivré les possédés, a répondu aux Scribes, a formé ses disciples. Nous pourrions dire que nous le connaissons bien. Mais c’est aujourd’hui qu’il va nous révéler toute la grandeur de sa personne. Voyons le contexte de cette page d’Évangile, pour mieux comprendre le texte.

Jésus est à quelques jours de sa mort. Il quitte le temple de Jérusalem. Un de ses disciples lui fait remarquer la beauté du Temple, mais pour toute réponse Jésus dit : il ne restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit. Alors Pierre lui demande : Quand cela arrivera-t-il ? La réponse à cette question, c’est le dernier grand discours de Jésus, appelé « discours apocalyptique », ou « discours sur les derniers temps ». Le texte d’aujourd’hui est au milieu de ce discours.

Au moment d’écrire l’Évangile de Marc, vers l’année 50, les disciples qui avaient connu Jésus disparaissaient progressivement. Les nouveaux chrétiens croyaient en lui sans l’avoir vu. Ils célébraient dans chaque eucharistie sa présence invisible ; mais ils se demandaient : quand verrons-nous son visage plein de vie ? Quand leur désir de le retrouver pour toujours s’accomplirait-il ?

Les paroles de Jésus étaient pour les premières communautés une vraie nourriture spirituelle en ces temps difficiles de persécution. Mais quand pourraient-ils être sûres de la vérité qu’elles renfermaient ? Les années s’écoulaient et le Dernier Jour, promis par Jésus, n’arrivait pas. Que pouvaient-ils en penser ?  Questions que nous, nous posons aussi : Que pensons-nous aujourd’hui à propos du Dernier Jour ? Cette vie finira un jour : qu’adviendra-t-il de nos luttes, de nos travaux, de nos efforts et de nos aspirations ?

Jésus répond de manière sobre. Il ne veut pas nourrir une curiosité malsaine. Il coupe radicalement toute tentative de spéculer avec des calculs, des dates ou des délais. Personne ne sait ni le jour ni l’heure…, sauf le Père. Pas de peur donc face à la fin du monde. Le monde est entre des bonnes mains. Nous ne cheminons pas vers le chaos ou vers le néant. Nous pouvons faire confiance à Dieu, notre Créateur et notre Père.

Écoutons le discours de Jésus, qui utilise des images compréhensibles par tous et essayons de découvrir la foi contenue dans ces images et symboles qui nous semblent étranges aujourd’hui.

Première image : L’histoire de l’Humanité arrivera un jour à sa fin. Le soleil, qui indique la succession des années, s’éteindra. La lune qui marque le rythme des mois, ne brillera plus. En plus, les étoiles tomberont du ciel c.-à-d., qu’il n’y aura plus ni jours, ni nuits, ni temps, ni espace. Est-ce ainsi que finiront nos espérances ? Non !

Deuxième image : Au milieu de cette nuit on pourra voir le Fils de l’homme, c’est-à-dire le Christ ressuscité, revenir avec grand pouvoir et majesté. Tout sera éclairé par sa lumière salvatrice. Il sera, lui, le centre d’un monde nouveau, le principe d’une humanité renouvelée à jamais. Le soleil, la lune et les astres s’éteindront, mais le monde ne restera pas sans lumière. Jésus reviendra et ses disciples pourront enfin voir son visage tant souhaité : « ils verront venir le Fils de l’Homme ». La Vie définitive arrivera, sans espace ni temps. Ce sera Jésus qui l’illuminera pour toujours, en mettant au cœur de l’histoire humaine, aujourd’hui esclave des injustices, des abus et des mensonges, la vérité, la justice et la paix.

Troisième image : Jésus apportera avec lui le salut de Dieu. Il vient avec le grand pouvoir salvifique du Père. Il ne se présente pas sous un aspect menaçant. L’évangéliste ne parle pas ici de jugements et de condamnations.  Jésus vient « rassembler ses élus », ceux qui espèrent avec foi son salut.   

Quatrième image : Les paroles de Jésus ne passeront pas. Elles ne perdront jamais leur force salvatrice. Elles continueront de nourrir l’espérance de ses disciples, notre espérance aujourd’hui, et le courage des pauvres. Nous ne cheminons ni vers le néant ni vers le vide. Dieu nous attend pour nous embrasser et nous inviter à son dernier repas.

Père Javier