Homélie du dimanche 8 avril 2018

            2ème Dimanche de Pâques B Jean 20, 19-31

Il vit et il crut !

Les Évangélistes ne nous ont pas décrit la Résurrection. Personne n’a vu Jésus sortir de façon spectaculaire du tombeau. La victoire du Christ n’est pas tant dans la résurrection que dans la mort sur la croix, car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Si la sortie du tombeau avait été décrite, elle serait une revanche pour celui qui a été crucifié et pour les témoins de sa passion. Ainsi Jésus aurait peut-être vaincu, mais pas convaincu.

Croire à la résurrection de Jésus demande une conviction, et cela n’a pas été simple pour les premières communautés, et l’évangile d’aujourd’hui nous donne l’exemple de Thomas.

Alors que Thomas était absent, les disciples de Jésus vivent une expérience inouïe, et dès qu’ils voient arriver Thomas, ils la lui communiquent pleins de joie : Nous avons vu le Seigneur ! Thomas les écoute, sceptique. Pourquoi devrait-il croire quelque chose de si absurde ? Comment peuvent-ils dire qu’ils ont vu Jésus plein de vie, alors qu’il est mort crucifié ? En tout cas, il doit être quelqu’un d’autre.

Les disciples lui disent que Jésus leur a montré les blessures de ses mains et de ses pieds. Thomas ne peut accepter le témoignage de personne : Si je ne voie pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas. Il ne croira que sa propre expérience.

Ce disciple qui refuse de croire de façon naïve, nous apprend le parcours que nous devons faire pour atteindre la foi au Christ ressuscité, nous qui n’avons même pas vu le visage de Jésus, ni écouté ses paroles, ni senti sa présence.

Huit jours après, Jésus se présente de nouveau à ses disciples. Il s’adresse immédiatement à Thomas. Il ne critique pas sa position car ses doutes n’ont rien d’illégitime ou de scandaleux. Sa résistance à croire montre son honnêteté. Jésus le comprend et vient à sa rencontre en lui montrant ses blessures. Jésus accepte de satisfaire ses exigences : Met ton doigt, voici mes mains. Met ici ta main, voici mon côté. Ces blessures, plutôt que d’être des « preuves » pour vérifier quelque chose, sont des « signes » de son amour livré jusqu’à la mort. C’est pourquoi Jésus l’invite à aller au-delà de ses doutes : Ne sois pas incrédule ; sois croyant.

Thomas alors renonce à vérifier quoi que ce soit. Il n’a plus besoin de preuves. Il n’expérimente que la présence du Maître qui l’aime, qui l’attire et qui l’invite à faire confiance. Thomas, le disciple qui a fait un parcours plus long et plus laborieux que quiconque jusqu’à sa rencontre avec Jésus, atteint une plus grande profondeur de foi que les autres : Mon Seigneur et mon Dieu ! Personne n’a fait cette confession de foi sur Jésus.

Nous ne devons pas être troublés si des doutes et des interrogations nous assaillent. La foi chrétienne ne va pas à l’encontre de l’intelligence ; parce que là où s’arrête la raison, commence la Foi. Les doutes, vécus sainement, nous sauvent d’une Foi superficielle qui se contente de répéter des formules et qui ne grandit pas ni en confiance ni en amour. Les doutes nous stimulent à aller jusqu’au bout dans notre confiance au Mystère de Dieu incarné en Jésus.

Un bel exemple pour nous, chrétiens et chrétiennes d’aujourd’hui qui, personnellement ou en communauté, nous cherchons comment répondre au mieux au projet que Dieu a sur nous, sur notre Église, sur notre Paroisse. Après avoir réfléchi, nous remettre à Dieu, comme Thomas, dans un acte de foi : Mon Seigneur et mon Dieu !

N’oublions pas que pour Dieu, une personne qui cherche et qui désire sincèrement croire, est déjà croyante. Souvent, il n’est pas possible de faire davantage. Et Dieu, qui comprend notre impuissance et notre faiblesse, a ses chemins à lui pour rencontrer chacun de nous et lui offrir son salut.

Plus que jamais nous avons besoin de Jésus, de vivre de sa présence vivante, de rappeler à tout moment ses critères et son Esprit, de repenser constamment sa vie, et lui permettre d’être l’inspirateur de notre action. Il est au milieu de nous, en train de nous communiquer sa paix, sa joie et son Esprit.                                                                                            Amen ! Alléluia !!!

Père Javier