Entretien avec le père Léon

 Soyez toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui est en vous !

Le père Léon Desbos, clerc de Saint-Viateur, a été nommé prêtre auxiliaire de notre paroisse le 1er septembre dernier. Nous sommes allés à sa rencontre dans sa communauté, à Oullins. Nous avons découvert une personne disponible, à l’écoute, qui a eu à cœur de nous faire partager son expérience et ses interrogations.

Père Léon, pouvez-vous présenter votre parcours ?

Je suis né le 27 novembre 1944, à Nozières (Haute-Ardèche). J’ai 2 sœurs et 6 frères, je suis le 7e garçon. Mes parents étaient agriculteurs. Ma famille est très pratiquante. Recruté par le frère Jean, je suis parti de la maison à 11 ans pour l’institution L. Querbes, à Vourles, en classe de 6e. C’était la première fois que je sortais de mon village. En 1959, après ma 3e, année du centenaire de la mort du p. Querbes, même si j‘étais un peu jeune et n’avais pas encore l’âge, je suis entré au noviciat à Loupiac (Aveyron), et ensuite dans la maison de formation des clercs de Saint-Viateur, jusqu’à la Terminale. Après mon bac, je passe une licence de philo. Etant tourné vers les langues, j’effectue ma coopération au Chili pendant 18 mois.

Rentrant après les événements de 68, je prends la responsabilité du foyer d’étudiants montée Saint-Laurent (Lyon) avec 8 frères et je fais mes études de théologie pendant 4 ans. Je suis ordonné prêtre en 1973, par Mgr L. Boffet, à Oullins et pars en mission en paroisse, avec d’autres prêtres, dans le Beaujolais, pendant 6 ans. De cette période, je garde le souvenir de belles rencontres avec les jeunes, surtout lors de camps d’été et de sessions de formation. En1978, je suis élu supérieur provincial des clercs de Saint-Viateur jusqu’en 1987, puis responsable de la formation et des vocations pendant 4 ans et vicaire de paroisse à mi-temps.

En 1991, après unification des deux provinces de Rodez et de Vourles, je suis élu supérieur des clercs de Saint-Viateur de France jusqu’en 1999.

En 2000, je pars en Côte d’Ivoire pour la formation des novices pendant 5 ans puis deviens économe du collège Saint-Viateur de Bouaké jusqu’en 2012 et de 2013 à 2016, je suis à nouveau supérieur de la délégation de France. Depuis le 1er septembre 2017, je suis parmi vous pour aider le père Javier dans sa mission de curé.

Aujourd’hui, je vis à Oullins, avec les clercs de Saint-Viateur, content de retrouver cette communauté qui me porte.

Vous avez pris beaucoup de responsabilités ! Quelle est l’expérience qui vous a le plus enrichie ?

Même si ce n’est pas toujours facile de prendre des décisions lorsqu’on est en responsabilité, j’ai eu la joie et la chance de découvrir la richesse d’un travail d’animation en équipe, en lien avec la communauté viatorienne internationale et avec d’autres congrégations. Cela a élargi mon regard sur la grande diversité des vocations dans l’Église.

L’arrivée de laïcs associés dans notre communauté viatorienne depuis une trentaine d’année a été un véritable enrichissement. Personnellement, j’ai essayé de m’impliquer dans l’accueil et l’accompagnement de cette nouvelle forme d’engagement.

Dans une famille religieuse, comme partout, il y a souvent des différences et parfois des tensions ; en tant que responsable, j’ai essayé d’être un homme de communion et de favoriser le dialogue pour le service du bien de tous.

Comment voyez-vous votre mission au sein de notre communauté paroissiale aujourd’hui ?

La mission des Viateurs se définit ainsi aujourd’hui : « Annoncer Jésus Christ et son Évangile et susciter des communautés où la foi est vécue, approfondie et célébrée ».

Ma mission est donc liée à celle de ma communauté viatorienne, Vourles étant le berceau des viatoriens. Notre souhait est de renouveler notre vie communautaire tout en entrant dans une vie pastorale en paroisse. Je découvre au fil des semaines ce qu’on attend de moi. Ma mission est d’apporter un soutien au père Javier afin de permettre que la paroisse Sainte-Blandine-du-Fleuve continue à vivre ce qu’elle vit.

Quelles sont vos premières impressions à l’égard de notre communauté paroissiale ?

C’est une paroisse aux multiples activités, avec beaucoup de personnes impliquées ! Qu’est-ce que je vais pouvoir animer ? Il y a beaucoup de jeunes. J’ai ressenti des paroissiens heureux de se retrouver lors de la messe de rentrée, heureux et accueillants !

Quel regard avez-vous sur l’Église et notre pasteur, le pape François ?

Le pape François est un homme extraordinaire, que j’admire ! Ses propos au sujet des migrants, de l’accueil, montrent qu’il est courageux. Il ouvre des possibles, il dérange aussi et nous ramène à l’essentiel, en tant que chrétien : « quelle vie vous menez, vous ? Sortez ! »

J’ai été absent de France pendant 12 ans. De retour d’Afrique, je me sens un peu décalé et m’interroge notamment sur le regroupement des paroisses, surtout en milieu rural. Bien des gens ont du mal à trouver leur place dans cette nouvelle identité. C’est l’inverse qui se produit en Afrique. L’Église ne devrait-elle pas donner davantage de ministère aux laïcs, pour pallier le nombre décroissant des prêtres ? Et permettre aussi aux prêtres âgés de se retirer ?

Avez-vous des activités autres ? Des passe-temps ?

Je fais un peu de marche tous les jours. Je lis beaucoup, des livres sur la théologie. L’inter-religieux est un sujet qui me tient à cœur, comme celui de la place de l’Islam.

Quel est le fil directeur de votre vie ?

Se nourrir de la parole de Dieu, source de joie et de paix et la partager. Alors passer de la parole aux actes, à la manière de vivre, réellement, sans se contenter de sentiments : voilà ce qui me guide !

Sur l’image de mon ordination à la prêtrise, j’avais écrit cette phrase de l’apôtre Pierre : « Soyez toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui est en vous ». Cela me sert de fil directeur.

Propos recueillis par Agnès Bugnet et Stéphanie Arnaud-Micha