Homélie du dimanche 8 octobre 2017

Mth 21, 33-43 CRISE RELIGIEUSE ? 27° T.O. A

La parabole des vignerons homicides est un récit où Jésus nous découvre d’une manière allégorique, l’histoire de Dieu, avec le peuple d’Israël. C’est une histoire triste. Dès le début, Dieu avait pris soin du peuple d’Israël avec tout son amour. C’était sa « vigne préférée ». Il voulait en faire un exemple de justice et de fidélité. Le peuple d’Israël devait être une « grande lumière » pour tous les peuples.

Cependant, le peuple d’Israël avait rejeté et tué, l’un après l’autre, les prophètes que Dieu lui envoyait pour recueillir les fruits d’une vie plus juste et plus fraternelle. Finalement, dans un geste incroyable d’amour, il envoie son propre Fils, Jésus ; mais les dirigeants de ce peuple en finissent avec lui. Qu’est-ce que Dieu peut faire avec un peuple qui déçoit ses attentes avec tant d’aveuglement, d’obstination et de violence ?

Les dirigeants religieux qui écoutent attentivement les paroles de Jésus, répondent spontanément avec les termes mêmes de la parabole : le maître de la vigne ne peut faire autre chose que mettre à mort ces vignerons et confier sa vigne à d’autres ouvriers. Jésus tire rapidement une conclusion qu’ils n’attendaient pas : C’est pourquoi je vous dis que le règne de Dieu vous sera enlevé pour être remis à un peuple qui produira des fruits.

Nous avons souvent interprété cette parabole de Jésus comme la réaffirmation de l’Eglise chrétienne comme un nouvel Israël, après la destruction de Jérusalem en l’an 70 et que le peuple juif s’est dispersé à travers le monde.

Cependant, la parabole nous parle aussi de nous-mêmes. Une lecture attentive du texte nous oblige à nous poser des questions importantes : en ces temps qui sont les nôtres, sommes-nous en train de produire les fruits que Dieu attend de nous, tels que fraternité, justice à l’égard des exclus, solidarité, compassion envers ceux qui souffrent, pardon… ?

Dieu n’a pas de raison de bénir un christianisme stérile dont il ne reçoit pas les fruits attendus, ni de s’identifier à notre médiocrité, à nos incohérences, à nos déviations et à notre manque de fidélité. Si nous ne répondons pas à ses attentes, Dieu ne se décourage pas ; Il continuera à ouvrir des nouveaux chemins pour son projet de salut avec d’autres personnes qui produiront des fruits de justice et de vérité.

Nous parlons de « crise religieuse », de « déchristianisation », « d’abandon de la pratique religieuse »… N’est-ce pas peut-être le signe que Dieu est en train de préparer le chemin qui rendra possible la naissance d’une Église moins puissante mais plus évangélique ; moins nombreuse mais plus dévouée à construire un monde plus humain et plus fraternel ?

De nouvelles générations plus fidèles à Dieu que nous-mêmes, ne sont-elles pas, peut-être, en train d’arriver ?

Père Javier