Entretien avec le père Javier

« Donnons-nous du temps, de la patience et de la volonté ! »

 Le père Javier Martinez, est, depuis le 1er septembre 2017, curé de notre paroisse. Nous sommes allés à sa rencontre pour découvrir son parcours, ses réflexions sur l’Église, sa mission auprès de nous. Voici les propos de notre entretien, empreint de simplicité et de bonté.

Père Javier, pouvez-vous présenter votre parcours ?

Je suis né le 13 août 1949 en Espagne, à Vitoria (Pays Basque), de père agriculteur et de mère élevant ses enfants, mes deux sœurs cadettes et moi.

Élève au collège Saint-Joseph chez les clercs de Saint-Viateur (c.s.v.), je suis rentré au noviciat après la classe de seconde, à 17 ans. Après mon Bac, j’ai été enseignant à l’école primaire, à Madrid, pendant 4 ans, puis, après une licence en philosophie, j’enseigne les matières littéraires.
En 1980, le 10 mars, je suis ordonné prêtre, et jusqu’en 1988, chargé des vocations pour les Viateurs d’Espagne.

En 1988, je pars pour la première fois en Afrique, en Côte d’Ivoire, pendant 2 ans, comme aumônier et professeur d’Espagnol à Ferké. Puis, je rentre en Espagne, 3 ans, pour accompagner mon papa en fin de vie. En 1993, je retourne en Côte d’Ivoire, à Bouaké, avant d’être appelé pour être curé de la paroisse d’Oullins pendant 4 ans. En 1999, je repars à Ferké comme chef d’établissement, pendant 6 ans, puis directeur général à Bouaké pendant 3 ans et directeur des études et directeur général adjoint à Abidjan pendant 8 ans.

Depuis, le 1er septembre, je suis parmi vous !

Quelle a été la réaction de votre famille quand vous leur avez dit que vous souhaitiez être prêtre ? Pourquoi ce choix ? Pourquoi clerc de Saint-Viateur?

Quand on me demandait ce que je ferai quand je serai grand, je répondais « quelque chose pour aider les autres ».

Les clercs de Saint-Viateur, chez qui j’ai été élève, ont réveillé en moi la vocation de religieux et d’enseignant.
Ma vocation de prêtre est venue de la rencontre avec les jeunes, grâce au scoutisme et à mon travail. Je me suis dit que je pourrais faire un peu plus en étant prêtre. J’ai demandé ainsi à faire des études de théologie en vue de mon sacerdoce. J’ai informé alors ma famille qui a toujours soutenu et respecté mon choix. J’ai été complètement libre.

Vous avez un parcours bien rempli ! Quelle est l’expérience qui vous a le plus enrichie ?

L’accompagnement des jeunes et au bout de quelques années, des adultes, ceux qui cherchaient à se former, à s’enrichir de la parole de Dieu, qui voulaient grandir comme personne et comme chrétien.

Comment voyez-vous votre mission de curé de paroisse aujourd’hui ?

Ma mission au sein de la paroisse Sainte-Blandine-du-Fleuve est, pour moi, dans la continuité de ma vocation de prêtre, d’éducateur, d’enseignant. Je ne vois pas de rupture entre ces missions : enseignant, administrateur scolaire, curé de paroisse. Même si les tâches professionnelles sont différentes, ma charge est toujours celle d’éduquer, d’être porteur de la parole de Dieu dans la liturgie, d’accompagner les paroissiens dans l’approfondissement et l’agrandissement de la foi.

Quelles sont vos premières impressions à l’égard de notre communauté paroissiale ?

Ce que je perçois le plus est l’engagement des laïcs dans les différentes activités : tant liturgiques que pastorales et ce qui me frappe est le nombre de ces laïcs et l’organisation de ces activités.
Chez les clercs de Saint-Viateur, les laïcs s’engagent à vivre l’Esprit et le charisme du père L. Querbes. De ce fait, que dans la paroisse, il y ait beaucoup de laïcs collaborateurs du prêtre dans la pastorale représente, pour moi, un véritable appui et une motivation à ma mission.

Il existe actuellement un projet missionnaire au sein de notre paroisse. Que pensez-vous de la difficulté d’être missionnaire ?

Je n’ai pas trouvé de difficulté au sens propre c’est-à-dire quelque chose qui m’a empêché d’exercer ma vocation. L’une des difficultés est le manque de formation de celui qui est envoyé en mission et de celui vers qui il est envoyé. Il faut bien comprendre la mission côté pasteur et côté fidèle. Il existe un véritable enjeu dans la manière dont le pasteur va se présenter à ses fidèles.
Pour les personnes qui sont loin de l’Église, l’enjeu est la façon dont on peut les amener à découvrir ou redécouvrir la foi chrétienne, sans jamais imposer. Jésus n’a jamais obligé : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il vienne ! ». La situation est plus difficile pour ceux qui se sont éloignés parce que mal formés, mal accueillis. Pour ceux qui acceptent de revenir, qu’ils soient accueillis en bonne et due forme.

La façon de proposer la parole de Dieu a évolué. Les nouvelles technologies offrent d’autres possibles (réseaux sociaux, Internet…). L’Église s’ouvre à ces nouveautés. Il faut rester aussi ouvert aux petits de l’Évangile, ceux qui sont dans le besoin.

Une autre chose qui m’a beaucoup plu ici c’est de proposer aux parents d’enfants de catéchèse ou de première communion, de s’engager dans l’aumônerie, la formation des jeunes. C’est un bel exemple d’accueil !

Quel regard avez-vous sur l’Église et notre pasteur, le pape François ? La proposition du cardinal Barbarin de rencontrer les personnes divorcées/remariées le 15 octobre à Lyon ?

J’ai vu l’arrivée du pape François comme une bouffée d’oxygène pour notre Église enfermée dans ses normes et ses difficultés de s’adapter au XXIe siècle. Actuellement, le pape est sur les réseaux sociaux ! Ce qui le rend proche de ceux qui sont proches et plus proche de ceux qui sont loin !
Je n’ai jamais été favorable à repousser des personnes divorcées, ou vivant en concubinage. La tâche de l’Église est d’accueillir tous ceux qui viennent en église. Comme dit le pape François : « on vous attend » !
Cette proposition de rencontre du cardinal Barbarin est dans la droite ligne de la conception de l’Église : celle-ci n’est pas faite pour refuser mais pour accueillir et qui dit l’Église, dit la paroisse.
Comme dans la formation, il faut accepter les différences de vues de chacun. Le changement ne doit pas faire reculer et pour cela, il y a le dialogue.

Les paroissiens attendaient un nouveau curé, vous voici ! Comment voyez-vous les enjeux de ce changement dans notre paroisse ?

L’attente des gens est normale : ils se demandent ce que va faire ce nouveau curé.
Donnons-nous tous un temps pour s’adapter : les fidèles et les nouveaux arrivants. Ce temps peut être court, peut être long. Alors donnons-nous aussi de la patience et de la volonté ! Mais, comme dit Jésus : « Avance au large ! »
Ainsi, je profite de l’occasion pour dire merci à tous ceux et toutes celles qui m’ont invité aux différentes rencontres : K.T., Aumônerie, Confirmation, Associations, 1ère Communion, Enseignants de l’Institution Louis Querbes, Groupe de prière, etc. Avançons tous au large !

Avez-vous des activités autres ? Des passe-temps ?

En dehors de tout ce qui touche ma mission, j’ai peu de temps libre ! J’aime la lecture, l’art et l’histoire.

Quel est le fil directeur de votre vie ?

« Il y a plus de joie à donner, qu’à recevoir ». Cette phrase résume mon parcours et le parcours de tout chrétien.

Propos recueillis par Stéphanie Arnaud-Micha