Homélie du 1er janvier

Fête de Sainte Marie, Mère de Dieu (Évangile : Luc 2,16-21)

« Marie repassait tous ces événements et les méditait dans son cœur »

Quand j’étais gamin, j’étais fasciné par cette finale du récit de Noël. Je m’imaginais Marie devant sa planche à repasser, s’appliquant à effacer minutieusement les plis de sa lessive.

Aujourd’hui je me dis que mon imagination d’enfant contenait une part de vérité. Méditer, n’est-ce pas repasser les plis de sa mémoire ? Méditer, n’est-ce pas déplier les événements qui restent dans l’oubli parce que souvent collés les uns aux autres ? Méditer, n’est-ce pas mettre à plat ce qui a besoin de venir à la lumière ?

Et bien alors qu’une nouvelle année est à notre porte, il est bon que nous prenions ce soir, comme Marie, le temps de méditer, de repasser notre vie, les jours passés, l’année écoulée… pour en savourer la richesse ou en avouer les pauvretés.

Oui il est bon ce soir de s’arrêter, de repasser en nos cœurs, les jours heureux et les jours qui ont été plus lourd à porter, pour tirer les fils de la pelote embrouillée que sont bien souvent nos vies et pour y chercher le fil de lumière qui a brodé tous nos jours passés. Si souvent nous passons d’une tâche à l’autre sans répit, nous survolons les demandes, nous effleurons les rencontres, nous ouvrons et refermons maints tiroirs de notre être et toute cette précipitation nous fait avaler la vie tout rond, avant même de l’avoir goûté dans son intensité, sa profondeur, sa vérité.

Prenons donc ce soir le temps de la prière, de la contemplation, du discernement pour demeurer sur « le qui vive », nourrir notre élan afin de résister à toutes les formes d’aliénation qui nous menacent au dedans comme au dehors. Oui, prenons le temps de repasser l’année qui s’achève afin d’y reconnaître les passages de Dieu en nos vies et rendre grâce pour tout le bien qu’Il nous a fait .

« Marie garde tout cela et l’accueille dans son cœur. »

Maintenant que l’effervescence de la naissance est retombée et que les bergers ont pris congé, Marie garde et accueille en elle tout ce qu’elle vient de recevoir. Sa présence à ce qu’elle vit est totale. Elle repasse les plis de sa mémoire, elle goûte les paroles, les inscrit dans sa chair car elle a compris que l’avenir de Dieu commence ici, chez ceux qui sont assez désencombrés d’eux-mêmes pour s’étonner de ce qui leur arrive.

Au seuil de cette nouvelle année, n’y aurait-il pas dans l’attitude de Marie quelque chose à entendre ? Un travail de mémoire à exercer au quotidien, un temps pour relire et goûter ce que la journée nous a donné, un temps consacré au « repassage » pour nous enseigner que la vie est toujours un tissu de promesses quand on prend la peine de la déplier des replis de l’oubli.

Une nouvelle année commence, de quoi sera faite cette nouveauté ? Les commencements nous attirent toujours, nous les fleurissons de bonnes résolutions, nous les habillons de toutes sortes de vœux qui, le plus souvent, demeurent pieux !

Et bien pour ne pas en rester à des vœux formels, passe-partout, permettez-moi de vous souhaiter pour l’année 2017, de savoir passer et repasser dans votre cœur, cette Parole de Dieu qui a pris chair à Noël, cette Parole qui nous vient d’ailleurs, cette Parole qui nous met, nous remet en mouvement et nous fait voir autrement en élargissant soudain le cœur.

Oui je souhaite en vous pour 2017, ce travail de la Parole qui est un grand mystère, cette Parole qui nous emmène de commencements en commencements, cette Parole dont nous ressortons lavés et relevés de nos pesanteurs, cette Parole qui vient nous chercher dans les régions les plus désertiques de nous-mêmes, pour nous guérir en profondeur et nous rendre à une nouvelle ardeur.

Laissons-donc aux jours qui s’annoncent, la Parole nous raconter la vie en lui offrant notre vie, alors la nouveauté de la nouvelle année sera peut-être d’être… une Bonne Nouvelle, l’Évangile de Dieu.

Allez avec Marie, sachons dire « merci » à ce qui fut et « oui » à ce qui vient. Et « que le Seigneur vous bénisse et vous garde, qu’Il fasse briller sur vous son visage ». Bonne et sainte année à vous tous !

P. Patrick Rollin