Homélie du dimanche 17 janvier

Lectures du jour

Longtemps dans la tradition chrétienne, la grande fête de l’épiphanie ne commémorait pas seulement la visite des mages après la naissance de Jésus, mais aussi deux autres événements qui eurent lieu quand Jésus eut 30 ans et qui inaugurent son ministère publique. Il s’agit de son baptême par Jean et de l’épisode des noces de Cana ; deux événements au cours desquels la gloire de Jésus est manifestée. Encore aujourd’hui ces trois événements sont liés puisqu’on les fêtes 3 dimanches de suite. Le terme « épiphanie » qui signifie apparition ou manifestation convient bien à chacun des trois épisodes, mais c’est de façon différente que la gloire est manifestée. Dans le premier événement, quoi de plus naturel et commun qu’un enfant qui naît. Seuls Marie et Joseph savent que cet enfant n’est pas comme les autres, à cause de la conception et de la naissance miraculeuse. Pour les mages c’est un élément extérieur, une étoile qui leur signifie la gloire de cet enfant et qui les guide. Dans le baptême de Jésus,  sa gloire est manifestée par la voix de Dieu le Père qui se fait entendre des Cieux en désignant Jésus comme fils. Dans l’épisode d’aujourd’hui, c’est Jésus lui-même qui manifeste sa gloire et l’évangéliste précise que ses disciples crurent en lui. Remarquez que ça reste assez discret et sobre comme manifestation. De la part de celui qui est Dieu on pourrait s’attendre à quelque chose de plus grandiose. Les convives à la noce n’ont certainement rien remarqué de particulier. Les serviteurs furent les premiers témoins de ce miracle, eux qui ont rempli les jarres d’eau et qui ont ensuite servi du vin ont dû être bien étonnés. La mère de Jésus a évidemment vu ce qui se passait. Quant aux disciples qui ont cru en Jésus, ce n’est pas simplement en son pouvoir miraculeux qu’ils ont cru. Ils ont su voir quelque chose au-delà du signe, sans nécessairement tout comprendre. Ils ont juste posé un acte de foi, comme Marie a posé un acte de foi lorsqu’elle fit remarquer à son fils le manque de vin et lorsqu’elle dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

Ce récit est un bel enseignement sur la prière, sur la juste manière de s’adresser à Dieu pour lui remettre nos demandes. Marie confie à Jésus le besoin des convives. Elle le rend simplement attentif au manque. Remarquons deux choses : D’abord elle a l’audace de s’adresser directement à lui, dans l’espoir que son intervention puisse le pousser à agir ; ensuite elle se contente de présenter le besoin sans dicter à Jésus la manière de répondre. Sa requête n’est ni un ordre, ni une revendication. Marie ne dit pas au Seigneur ce qu’il doit faire, ce qui serait légitime de par son autorité maternelle.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de ce modèle pour notre prière personnelle :

Premièrement, Dieu veut que nous lui présentions nos demandes : Jésus d’ailleurs le confirmera lorsqu’il enseignera à ses disciples à prier. Même si notre Père qui est aux Cieux nous connaît mieux que nous-mêmes et sait de quoi nous avons besoin, Jésus nous apprend la prière du « Notre père » dans laquelle nous formulons des demandes précises. En quelque sorte, Dieu veut que nous lui demandions pour qu’il puisse nous donner. La première leçon consiste donc dans le fait de demander, pour nous ou surtout pour les autres, comme nous le faisons par la prière universelle. C’est une prière d’intercession que fait la mère de Jésus en intercédant pour les convives. Cette prière instaure une relation avec Dieu.

La deuxième leçon concerne la manière de prier. Combien de foi notre prière ressemble plus à des revendications ou à des ordres, quand ce ne sont pas des reproches ? Laissons à Dieu le choix des moyens pour nous répondre, laissons-le agir à sa guise. Laissons lui aussi le temps. Cette attitude exige une confiance totale dans la bonté et la bienveillance de Dieu.

Dans la suite du récit, en regardant justement comment Jésus agit, nous pouvons tirer une troisième leçon. Nous observons que Jésus se sert des autres pour agir, en l’occurrence des serviteurs et du maître du repas, lesquels se sont montrés bien dociles. Remplir six grandes cuves d’eau ne devait pas leur sembler très utile au milieu d’un repas de noce. Ils l’ont fait dans la confiance. Nous ne pouvons donc pas prendre comme prétexte de laisser Dieu agir pour ne rien faire. Dieu fait de nous des serviteurs et sa réponse à nos prières passe aussi par nous, par notre écoute et notre docilité.

P. Michel