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Fête de la Sainte Famille - année C                    30 décembre 2012

Les textes du jour (cliquez ici)

L’oraison de ce dimanche nous donne la perspective de cette fête de la Sainte-Famille : « Tu as voulu Seigneur, que la Sainte-Famille nous soit donnée en exemple. Accorde-nous la grâce de pratiquer comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour. » Nous désirons que nos familles soient unies par l’amour de Dieu et que chacun pratique les vertus familiales.

Jean-Paul II, dans son exhortation apostolique sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, insiste : « tous les membres de la famille, chacun selon ses propres dons, ont la grâce et la responsabilité de construire, jour après jour, la communion des personnes, en faisant de la famille une école d’humanité plus complète et plus riche » (Familiaris Consortio, 1981, n°21). « Cette communion conjugale plonge ses racines dans la complémentarité naturelle qui existe entre l’homme et la femme, et se nourrit grâce à la volonté personnelle des époux de partager la totalité de leur projet de vie, ce qu’ils ont et ce qu’ils sont » (Id, n° 19). Jean-Paul II souligne explicitement que la force de la famille est dans la complémentarité naturelle entre le père et la mère. Cette communion trouve sa source dans la communion d’amour qui unit le Père, le Fils et l’Esprit Saint. À travers le sacrement de mariage, Dieu purifie l’amour des époux et le transforme pour qu’il reflète son propre amour. Nous pouvons dire que Dieu « divinise » l’amour humain.

Les lectures de ce dimanche nous enseignent comment vivre concrètement cette réalité au quotidien. Saint Jean, dans la deuxième lecture, nous rappelle ce que nous commande Dieu : « avoir foi en son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres ». C’est un premier aspect que nous pouvons retenir : vouloir aimer son conjoint, ses enfants demandent que nous ayons d’abord foi au Christ. En effet c’est en enracinant notre vie dans celle du Christ, en faisant du Christ le roc de notre vie, que nous apprenons de lui à aimer comme lui. Notre vocation est d’aimer comme le Christ aime, et cela n’est possible qu’en puisant en Christ l’amour qui nous rend capables d’aimer gratuitement et inconditionnellement. C’est cette demande qui devrait habiter le cœur de chaque membre d’une même : aimer son conjoint, ses enfants, ses parents comme Dieu lui-même les aime. Mais c’est aussi se laisser aimer par chacun des membres de sa famille. Or, il est souvent difficile de se laisser aimer gratuitement. Il y a toujours une tension entre rester vrai envers les autres y compris à travers notre faiblesse, et correspondre à ce que nous voudrions que les autres aiment en nous.

Puiser en Dieu notre manière de nous aimer les uns les autres, c’est engager notre vie dans une dynamique de don mutuel. Nous le savons bien, il n’est de véritable amour que dans le don total et sans réserve de soi. Il s’agit alors de reconnaître ce que Dieu nous donne à travers les autres et de lui offrir en réponse ce qu’il nous a donné. C’est le sens de la première lecture. Anne reconnaît que son fils Samuel lui a été donné par le Seigneur, en réponse à sa demande. À son tour, elle le donne au Seigneur. C’est un deuxième aspect qui devrait nourrir chaque membre d’une même famille. Le conjoint, les enfants sont donnés par Dieu. Il nous appartient alors de les accueillir chaque jour comme un don renouvelé et, en réponse, d’offrir quotidiennement au Seigneur chaque membre de sa famille. Et nous le savons bien, un tel don culmine dans le pardon. Il n’est de véritable amour que dans le pardon, le pardon donné et le pardon reçu entre chacun.

Un troisième aspect que nous pouvons retenir des lectures de ce jour est la capacité à se laisser bousculer par les membres de sa famille. Rien n’est plus terrible que de croire que l’on connaît l’autre. Au contraire, la vitalité de l’amour familial vient du désir de chacun de s’ouvrir toujours à l’inattendu de l’autre. C’est bien l’expérience que font Marie et Joseph. C’est ailleurs qu’ils doivent chercher leur fils et l’ayant trouvé apprendre de lui le sens ultime de toute vie : le Père. Il peut y avoir qu’une façon possessive de chercher l’autre, de vouloir qu’il corresponde à ce qu’on attend de lui. Quel parent n’a pas des projets sur ses enfants ? Il est toujours fructueux de s’interroger sur ce que l’autre déplace en soi et suscite comme étonnement. Il n’est d’amour durable que dans l’émerveillement constant de l’autre, même si parfois cet émerveillement peut faire souffrir car le chemin de l’autre ne nous appartient pas.

Ainsi donc, les lectures de ce jour nous donnent trois critères pour vérifier si nos familles humaines reflètent la Sainte Famille de Dieu : un amour qui puise sa source en l’amour trinitaire et le rayonne ; un amour qui se déploie dans la reconnaissance du don reçu et de l’offrande de soi, jusqu’à culminer dans le pardon ; un amour qui s’émerveille chaque jour davantage de l’autre sans chercher à l’enfermer dans ses propres vues. Il va de soi que ces trois critères à vivre à l’intérieur de la cellule familiale sont également à prendre en compte à l’intérieur de toute communauté humaine, y compris la communauté paroissiale. Voilà qui peut nous permettre de relire chacune de nos relations, de vérifier que notre communauté paroissiale reflète elle aussi le visage de la Sainte Famille de Dieu.

Père Bruno