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Septième dimanche de Pâques                20 mai  2012

Les textes du jour (cliquez ici)

L’Évangile de ce dimanche est un extrait de ce qu’on appelle la "prière de Jésus" (chapitre 17 de Jean), après le lavement des pieds et avant l’arrestation de Jésus. Jésus prie son Père pour ses disciples, pour chacun d’entre nous.

Sa première demande est que le Père nous garde dans la fidélité à son nom : « Garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes ». Ainsi donc, le Père nous a donné au Fils et le désir du Fils est que nous vivions dans la même unité que celle qu’il vit avec son Père. Voilà qui donne à notre existence toute sa dynamique : le Père nous place dans les mains du Fils pour que nous demeurions dans l’amour trinitaire, et le Fils supplie le Père afin que nous ne nous laissions pas égarer par notre péché.

Quand nous pourrions croire que c’est à nous de tout mettre en œuvre pour être fidèles à Dieu, Jésus demande à son Père que ce soit lui qui nous donne d’être fidèles à lui. Comment pourrions-nous douter que le Père ne le fasse pas ! Mais il nous appartient de traduire dans notre vie quotidienne cette fidélité au Père. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection » (2ème lecture).

Comment tenir dans cet amour fraternel et tendre vers la perfection de l’amour ? Là encore Jésus lui-même nous en donne les moyens : il nous comble de sa joie et nous fait don de la parole de son Père. Dans l’évangile de la semaine dernière Jésus nous disait déjà : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie ». C’est dire l’insistance de Jésus sur ce point. La joie est le fruit de l’Esprit. Ce n’est pas un sentiment mais une force intérieure qui atteste que nous demeurons dans la fidélité au nom du Père.

Quant au don de la Parole, nous savons bien qu’elle est comme la boussole qui doit guider notre vie, nos relations : parole qui n’est pas une juxtaposition de mots mais la rencontre de quelqu’un, le Christ. D’où la nécessité, pour ne pas dire l’obligation, de prendre du temps pour méditer, ruminer la Parole. C’est à cette seule condition que nous résisterons au monde pour reprendre l’expression de Jésus.

Le mot "monde", chez saint Jean, a deux sens. D’abord un sens positif : l’humanité, tout simplement, est invitée à entrer dans le projet d’amour de Dieu. Mais le "monde" est aussi, au sein de l’humanité, ce qui s’oppose à Jésus ou aux valeurs de l’Évangile. C’est dans le premier sens que l’on peut entendre cette phrase de Jésus : « Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. » Ou celle-ci : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. »

En revanche, c’est dans le deuxième sens de "monde hostile" que l’on entend : « Le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. » Voilà le défi que nous devons sans cesse relever : être dans le monde sans nous laisser envahir par l’esprit du monde, lorsqu’il est contraire aux valeurs de l’Évangile. En même temps cette mission n’est pas impossible !

C’est le sens de la seconde demande que Jésus fait à son Père pour nous : « Consacre-les par la vérité ». Au début de l’histoire biblique, le mot "consacrer » signifiait "mettre à part", retirer du monde ; spontanément, on pensait qu’il fallait être séparé des autres hommes pour approcher de Dieu. D’où l’invention, dans toutes les religions, de rites de séparation pour le clergé et de barrières successives dans les temples pour bien délimiter le lieu de Dieu et le lieu des hommes. Désormais, avec l’incarnation du Christ, le mot "consacrer" a changé de sens : il signifie "participer à la sainteté de Dieu", et cela est accordé aux croyants, non pas pour qu’ils désertent le monde, mais pour qu’ils l’habitent à la manière de Dieu.

Vivre cette consécration consiste d’abord à nous unir au Christ comme il nous y invite lui-même : « Je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité ». La parole du Père, celle que le Fils nous donne, est vérité. C’est en la faisant nôtre que nous sommes consacrés. Ainsi donc nous avons tout l’ "équipement" nécessaire (cf. Ephésiens 6, 11 : « Revêtez l’équipement de Dieu pour le combat ») pour tenir notre mission, notre vocation de disciples du Christ dans le monde !

Pour autant nous avons besoin de l’Esprit Saint pour tenir le cap ! Saint Jean affirme même que « nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, à ce qu'il nous donne part à son Esprit » (2ème lecture). Il nous reste alors de nous ouvrir largement à la présence de l’Esprit en nous. C’est la demande qu’il nous reste à formuler avec foi d’ici la fête de Pentecôte.

Père Bruno