Septième dimanche de Pâques - année C
12 mai 2013
Les
textes du jour
À la lecture de cette page de l’Évangile nous pouvons dire que la Trinité s’agite ! Elle s’agite pour nous, pour que nous soyons un comme le Père et le Fils sont un. Mais – et c’est ce qui peut nous paraître compliqué – elle ne s’agite pas dans un faire mais dans un amour. Jésus nous le redit : le Père l’a aimé avant de même la création du monde et il lui a donné la gloire ; il lui a donné d’être le reflet de l’amour du Père, « reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être » (Hb 1,3).
Trois fois, Jésus insiste : « tu m’as envoyé ». Le Fils est envoyé par le Père auprès de tout homme pour que nous contemplions en lui l’amour du Père pour chacun de nous. Cette insistance exprime le désir profond du Père que nous communions à son amour en nous attachant à son Fils. C’est pour cela qu’il nous a donné à son Fils. De même que le Père et le Fils sont un dans l’amour, de même nous sommes appelés à être un dans l’amour qui unit le Père et le Fils.
Le Fils n’hésite pas à exprimer clairement sa volonté : « je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi ». Le Fils veut que nous soyons avec lui pour contempler l’amour du Père, pour recevoir sa gloire. À la lecture de ces versets, nous mesurons que dans le grand projet de Dieu pour les hommes, il n’y a pas d’un côté la sphère divine et de l’autre la sphère humaine. En Christ, nous « plongeons » dans l’amour trinitaire pour devenir totalement un avec le Fils comme le Fils est un avec le Père.
Cela implique alors de notre part que nous soyons un entre nous. « Que tous, ils soient un. » Et nous découvrons que le Fils prie pour que se réalise entre nous cette unité dans l’amour. Non seulement cette unité entre nous est nécessaire pour que nous entrions dans l’amour qui unit le Père et le Fils, mais aussi pour que le monde croie, qu’il reconnaisse l’amour du Père et du Fils pour tous les hommes. Il ne peut y avoir de témoignage de foi qu’à travers le témoignage de l’unité entre nous.
L’Évangile de ce jour nous rappelle l’exigence de tout mettre en œuvre pour réaliser cette unité entre nous : unité dans nos familles humaines, unité dans notre communauté paroissiale, unité de tous les hommes entre eux. Nous le savons bien, ce qui est contraire à l’unité prend sa source dans la jalousie : la comparaison fausse le regard et empoisonne les relations.
Une illustration concrète est le récit de la mort d’Étienne dans la première lecture. Il regarde vers le ciel, voit la gloire de Dieu, mais plutôt que de se réjouir, ceux qui étaient là se bouchent les oreilles et préfèrent lapider définitivement Étienne. Étienne, parfait disciple du Ressuscité, implore alors le pardon des péchés pour ses bourreaux. Rien dans son attitude n’est contraire à l’unité que le Fils veut pour nous. Et c’est tout le contraire qui anime ceux qui s’opposent à lui.
L’unité à laquelle nous sommes appelés, l’unité que nous avons le devoir de construire et de servir, n’est pas une stratégie à développer ou le résultat de notre seule volonté. Cette unité est à puiser en s’approchant du Christ, en lavant nos vêtements au sang de l’Agneau (cf. deuxième lecture) – c’est-à-dire en laissant l’amour du Christ révélé par le mystère pascal purifier notre amour. « Celui qui a soif.. » ; « Celui qui le désire... » (deuxième lecture). Avons-nous soif de cette unité ? La désirons-nous vraiment ?
N’est-ce pas à cela que nous engage notre participation à l’eucharistie qui est par excellence le sacrement de l’unité. Aussi, en nous approchant du Christ pour communier à son corps, tandis qu’il prie pour que nous soyons un, osons nous engager concrètement dans notre quotidien à servir l’unité entre nous. Demandons au Seigneur de faire taire en nous toute parole qui détruit la communauté familiale, ecclésiale ou humaine. Le Fils veut que nous soyons un, que nous ayons en nous l’amour qui l’unit à son Père. Sommes-nous prêts à vivre cet amour entre nous ?
Dès lors il nous appartient de construire notre vie dans ce sens. Cet amour qui unit le Père et le Fils a un nom : l’Esprit Saint. Demandons alors à l’Esprit Saint que nous célèbrerons dans huit jours, le jour de Pentecôte, d’ouvrir notre cœur à l’amour du Fils pour que nous devenions davantage frères entre nous et fils avec le Fils. C’est ainsi que peu à peu nous serons tous un, le Fils en nous comme le Père est en son Fils.
En recevant du Fils cette unité dans l’amour et en la vivant entre nous, nous reflèterons à notre tour la gloire que le Père a donnée à son Fils. Le disciple du Christ est celui qui désire n’être plus qu’un avec le Fils qui nous fait un avec nos frères. Et alors nous serons un avec le Père, le Père nous donnant son amour et nous l’accueillant sans aucune entrave. Telle est notre vocation…
Père Bruno