Septième dimanche de Pâques 16 mai 2010
Les textes du jour
« Jésus
priait ainsi. » Ce passage d'Évangile est un des rares où il nous est donné
d'entendre le contenu de la prière de Jésus. Et nous découvrons que Jésus prie
pour nous ! « Je ne prie pas seulement
pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et
croiront en moi. » Quand nous essayons fidèlement de prier le Christ, voilà
que nous sommes appelés à entrer dans sa prière pour nous. Aussi prenons le
temps de laisser creuser en nous quelques-unes des demandes de Jésus.
« Que
tous, ils soient un… Qu'il soit un en nous. » Le Christ désire notre unité,
non pas seulement une unité d'action ou de projets, mais une unité de cœur,
reflet de l'unité qu'il y a entre le Père et le Fils. Cette unité d'amour est à
vivre entre nous mais aussi nous en Dieu. Il nous appartient de nous engager à
construire et servir une véritable communion d'amour entre nous en commençant par
notre famille mais aussi notre communauté paroissiale.
Entrer dans la prière du Christ, c'est lui
demander que nous puissions habiter nos relations d'un amour qui se nourrit de
celui qui l’unit à son Père de telle sorte que « le monde croit que le Fils a été envoyé par le Père ». C'est en nous
aimant les uns les autres que nous exprimons par notre vie que le Père nous a
donné son Fils par amour de tout homme. C'est dire la responsabilité qui nous
est confiée !
« Je
leur ai donné la gloire que tu m’as donnée. » La gloire est la
manifestation de l'amour de Dieu. C'est cette gloire donnée par le Christ qui
nous rend capable d'être un. Le Fils nous donne la capacité de refléter l'amour
du Père. N'est-ce pas la folie d'un amour pour nous, acceptant de s'appuyer sur
nos fragilités et notre péché et nous confiant d’être la manifestation de
l'amour du Père.
Voilà que désormais la mission de témoigner
cet amour que le Père a pour tout homme n'est plus l'affaire seulement du Fils
unique ou de quelques spécialistes, mais l'exigence demandée à tout disciple.
C'est en accueillant cette gloire du Fils dans notre quotidien que notre unité
sera parfaite, c'est-à-dire qu’elle aura atteint la perfection de l'amour. Et
ainsi « le monde saura que le Père nous
aime comme il aime le Fils ».
« Je
veux que là où je suis eux aussi soient avec moi. » À travers cette demande,
le Christ insiste sur sa volonté propre : « Je
veux ». Que veut-il ? Que nous soyons avec lui. Il ne s'agit donc pas
seulement être un comme lui et le Père sont un, mais également d’être avec lui
pour contempler sa gloire (l'amour du Père que le Fils reflète parfaitement).
Être avec, n'est-ce pas vouloir, de notre côté, nous enraciner dans l'amour du
Fils sans lequel nous ne pourrons jamais aimer comme lui nous aime. Le
spécifique du croyant n'est pas d'aimer les autres mais de puiser dans l'amour
même du Christ sa manière concrète d'aimer ses frères.
« Je
leur ai fait connaître ton nom. » Nous ne pouvons être avec le Christ que
parce que le Père nous a donnés à lui : il nous confie à son Fils. Et en
réponse le Fils nous fait connaître le nom de son Père. Dans la pensée
biblique, le nom caractérise la personne dans ce qu'elle a de plus unique et de
plus précieux. Le Fils veut nous faire totalement connaître son Père, ce qui
signifie qu'il veut nous faire totalement entrer dans l'amour trinitaire. Ainsi
nous aurons en nous l'amour dont le Père aime le Fils et le Fils sera en nous
comme nous en lui.
Cette prière de Jésus, qui se déploie à
travers tout le chapitre 17 de l’Evangile de Jean (et non dans les seuls
verstes de ce dimanche), nous fait découvrir la finalité du projet de Dieu sur
toute l'humanité. Si nous percevons avec réalisme combien notre amour humain
est bien en-deçà de l'amour de Dieu, nous sommes appelés à « plonger »
dans l'amour trinitaire, unis au Fils. « Nul ne peut venir à moi si le
Père qui m'a envoyé ne l'attire » (Jean 6,44).
Nous pouvons dire que la vie éternelle c’est
n'être plus qu'un avec le Fils qui nous fait un avec nos frères. Et alors nous
serons un avec le Père, lui nous donnant son amour et nous l'accueillant sans
aucune entrave. Ce mouvement d'amour à un nom : c'est l'Esprit de communion qui
unit le Père et le Fils. Et l'Esprit murmure déjà à notre cœur : « Viens ! ». Et nous-mêmes nous pouvons
alors lui répondre : « Viens ! » (cf.
2ème lecture).
Il ne peut que nous tarder de vivre ainsi
dans cet amour et nous ne pouvons que désirer encore avec plus d'ardeur que le
Ressuscité revienne pour réaliser définitivement le dessein d'amour du Père. Ce
n'est pas sans raison que la Bible se referme sur cet immense cri : « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (2ème
lecture)
Père Bruno