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Cinqième dimanche de Pâques                6 mai  2012

Les textes du jour (cliquez ici)

Dans cette page d'Évangile Jésus fait un lien entre demeurer en lui et la fécondité de notre vie. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » Ce que Dieu désire pour nous, et c'est même ce qui fait sa gloire, c'est que nous donnions beaucoup de fruit. Cela signifie que les fruits de notre vie manifestent le poids d'amour – la gloire de Dieu –. Cela pourrait nous surprendre tant il nous arrive d'imaginer que c’est nous qui sommes à l’origine de la fécondité notre vie.

Jésus le dit pourtant explicitement : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Cette phrase peut être lue comme une promesse : il suffit de nous nourrir de sa sève pour devenir des artisans de l’œuvre de Dieu. Pour nous faire comprendre cette réalité, Jésus utilise la parabole de la vigne. Cette image, abondamment utilisée dans l’Ancien Testament, évoque l’Alliance entre Dieu et son peuple. Il y a le vigneron, la vigne et les sarments. Nous ne sommes pas la vigne, ce n'est pas nous qui nous donnons la vie. Nous la recevons, comme le sarment reçoit sa sève de la vigne.

Le travail du vigneron est d’émonder la vigne de telle sorte que les sarments portent davantage de fruits. Ainsi le Père désire purifier par la parole que son Fils nous dit – il est lui-même la Parole de Dieu faite chair – pour que nous laissions cette Parole éclairer notre vie, enlever notre péché – les sarments secs –. Etre enlevé de la vigne n’est pas une sanction, mais la conséquence du choix de laisser le péché faire son œuvre en nous. Le péché nous dessèche. Mais comment repérer la fécondité de notre vie ?

Si bien souvent nous sommes attentifs au résultat de ce que nous faisons, repérer les fruits demande une autre attitude intérieure. En effet, le résultat s’évalue, il est quantifiable. Le fruit, quant à lui, est du côté de la vie qui se déploie, en nous et à travers nous. Or la vie n’est pas mesurable. C’est pourquoi être attentif au fruit appelle la foi : croire en la vie que Dieu fait grandir en moi et chez les autres à travers moi. Il n’est pas question de vouloir voir les fruits, ce qui consisterait à maitriser les choses. Dieu peut décider de nous les révéler mais l’important est de croire en la fécondité que Dieu donne à notre vie.

Ce qui rend possible cette fécondité, ce n’est pas ce que nous faisons mais notre choix de demeurer avec le Christ. Ce terme « demeurer » est vraiment le maître mot de ce passage : on le lit sept fois dans le texte grec de l’évangile. Voilà l’inouï de la proposition de Dieu à ses enfants. L’Alliance est un véritable lien d’amour. Non seulement Dieu nous accompagne en tous lieux de notre histoire mais Jésus décrit notre relation à lui comme une présence au plus profond de nous, dans l’être même de chacun de nous.

Nulle part dans l’Évangile le Christ nous demande de l’aimer, mais il nous appelle à demeurer en lui. Ne pas demeurer en Christ c’est devenir un sarment sec, c’est se priver de la source de la vie. Demeurer en Christ, c’est vivre une intimité avec lui, s'établir fermement dans son amour, demeurer dans sa Parole, fonder nos décisions, nos engagements sur sa Parole. Demeurer en Christ, c'est vivre avec lui un amour de préférence et vivre toutes choses avec lui et non d'abord pour lui.

C'est à cette condition que nous pouvons comprendre : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez ». Cela fait écho à ce que nous lisons dans la deuxième lecture : « Tout ce que nous lui demandons, il nous l'accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements ». Demeurer en Christ, être fidèle à ses commandements, c'est ajuster notre volonté à la sienne. C'est alors que nous ne pouvons pas vouloir autre chose que ce que le Père veut pour nous. Il nous appartient alors de le lui demander, unis au Christ, pour qu’il nous l'accorde. C’est cela « faire ce qui plaît à Dieu » (deuxième lecture).

Comment pouvons-nous avoir une telle assurance, croire sans réserve à la fécondité de notre vie si nous demeurons en Christ ? En nous émerveillant de ce que « Dieu est plus grand que notre cœur » (deuxième lecture). Bien sûr, nous restons pêcheurs, mais des pêcheurs pardonnés, centrés non pas sur eux-mêmes mais sur le Christ. Dieu est toujours à espérer de nous.

En même temps, demeurer en Christ suppose de notre part d'aimer « non pas avec des paroles de discours, mais par des actes et en vérité » (deuxième lecture). Être disciple du Ressuscité, c'est vivre en équilibre ces trois pôles : porter du fruit, demeurer en Christ, aimer par des actes. Demeurer en Christ donne à notre vie toute sa fécondité et nous engage à aimer en actes nos frères. C'est le sens du verset précédent l'Évangile : « Heureux qui demeure vivant dans le Christ : il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, il donne du fruit en son temps. » Tel est le chemin sur lequel nous sommes appelés, pour notre plus grand bonheur.

Père Bruno