Quatrième dimanche de Pâques - année A
11 mai 2014
Les
textes du jour
Il suffit que l’auditoire de Pierre entende parler de Jésus comme du Seigneur et du Christ pour que chacun soit remué jusqu'au fond de lui-même. C'est dire combien cette profession de foi devrait nous aussi nous émouvoir et nous interroger comme ceux qui écoutent Pierre : « Que devons-nous faire ? » Dans l'Ecriture, la réponse à cette question est rarement – dans un premier temps – une action à mettre en œuvre mais une attitude à laisser creuser.
Accueillir la Bonne Nouvelle du salut en Jésus, Seigneur et Christ, ne peut pas nous laisser indifférents. Si cela demande de notre part une conversion pour laisser se déployer en nous et à travers nous l'Esprit Saint, le point de départ est dans notre relation avec le Christ. « Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous » (2ème lecture).
Saint Pierre parle du Christ comme du berger qui veille sur nous. Déjà Ezéchiel parlait de Dieu comme du berger qui prend soin de son troupeau (cf. Ez 34,11). C’est aussi cette image de nous trouvons dans l’Evangile de ce dimanche : le Christ est « le pasteur, le berger des brebis ». Jean insiste même en soulignant que ce berger appelle chacune de ses brebis par son nom et qu'il marche à leur tête. En cela il ne ressemble en rien à un inconnu dont les brebis ne reconnaissent pas la voix. Dans l'agitation du quotidien, la voix du Christ nous est-elle familière ou bien est-elle noyée dans un brouhaha ?
Répondre à cette question, c'est être attentif à notre désir de suivre le Christ et aux moyens que nous donnons pour cela. Suivre le Christ, c’est reconnaître en lui celui qui nous propose la vie, « la vie en abondance ». Cela suppose de prendre du temps avec lui. Contempler le Christ dans l'Evangile c’est se laisser fasciner par sa capacité à vouloir le bien des autres. Sans doute nous aussi nous voulons le bien des autres.
Alors comment se fait-il que nous hésitions tant à lui ressembler ? Notre vocation consiste à être visage du Christ pour nos frères. Suivre le Christ, c’est lui demander que nos paroles et nos actes reflètent ce qu'il est. Suivre le Christ, c'est trouver notre joie et notre sérénité dans la certitude de sa présence à nos côtés. Quelle joie de savoir que le Christ prend soin de nous, si bien sûr nous lui laissons toute la place dans notre vie.
Nous sommes alors peut-être comme les Pharisiens qui ne comprennent pas ce que cela veut dire. Aussi Jésus utilise une seconde image dans cet Evangile : celle de la porte « Je suis la porte des brebis ». La porte est ce par quoi nous passons pour entrer et sortir. Sortir, c'est toujours sortir d'Égypte, sortir de nos lieux d'enfermement, l'esclavage. Entrer, c'est toujours entrer en Terre promise, entrer dans une vie féconde et libre. « Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé. » Passer pour le Christ, c'est enraciner notre vie dans une communion d'amour avec lui, c'est le laisser éclairer nos décisions, au choix, c'est renoncer à être le centre de notre vie.
De façon étonnante, plus nous nous donnons au Christ plus nous devenons libres. Nous pourrions craindre au contraire de perdre notre liberté en choisissant de dépendre du Christ. Mais il s'agit d'une dépendance dans l'amour et le Christ ne connaît mieux que nous-mêmes. Aussi, lui donner la première place dans notre vie, c’est pouvoirs avec lui déployer le meilleur de nous-mêmes et vivre ainsi une vie en abondance. Alors comment se fait-t-il que nous hésitions tant à dépendre de lui ? Passer par le Christ, c'est croire qu’unis à lui notre vie reçoit toute sa fécondité.
Toute vocation baptismale s'inscrit dans ce double appel : suivre le Christ et passer par lui, c'est-à-dire lui ressembler en enracinant notre vie en lui. Il est pourtant nécessaire, pour la vie de toute communauté et de l’Eglise, que certains choisissent d'engager leur vie en décidant d'être eux-mêmes pasteurs à la suite du Christ. C'est le sens de la Journée Mondiale de prière pour les Vocations que nous célébrons ce dimanche. Prier pour les vocations c’est certes prier pour que des jeunes entendent aujourd’hui cet appel à donner toute leur vie au Christ pour le service des hommes. Mais c’est surtout prier pour que chacun d’entre nous fasse de sa vie une réponse concrète à l’amour du Christ.
Répondre aujourd’hui à notre vocation, ce n’est pas faire de grandes choses, mais c’est décider que nos décisions et nos engagements s’enracinent dans l’amour que nous avons pour le Christ et dans le désir de mettre nos pas dans les siens. Demandons au Seigneur avec insistance que chaque membre de notre communauté traduise concrètement dans sa vie cet appel à suivre le Christ et à passer par lui. Nous ne risquons jamais rien en ouvrant largement notre cœur au Christ !
Père Bruno