Deuxième dimanche de Pâques - année C
7 avril 2013
Les
textes du jour
Il y a
un avant et un après la Résurrection du Christ. Le Fils de Dieu demeure
immuable dans son identité divine, mais la victoire de Jésus sur la mort et son
corps ressuscité apporte une donnée nouvelle. On peut dire qu’il y a à la fois
continuité (dans la personne de Jésus) et radicale nouveauté (dans con corps
ressuscité). Cette nouveauté se remarque notamment par le fait que les
disciples ne le reconnaissent pas tout de suite.
Jésus
qui apparaît au milieu de ses disciples n’est pas un esprit, une sorte de fantôme.
Il est totalement corporel, se laisse toucher. Il semble un homme comme les
autres (disciples d’Emmaüs ne sont pas surpris quand il s’approche d’eux, mais
ne le reconnaissent pas) et pourtant son corps n’est pas lié aux contraintes de
l’espace et du temps, aux lois de la nature : il apparaît subitement au
milieu de la pièce alors que les portes sont verrouillées ; à Emmaüs il
disparaît à leurs yeux alors qu’il est à table et que les deux disciples
viennent tout juste de le reconnaître au geste qu’il a fait de bénir et rompre
le pain. On parle parfois de « corps glorifié ».
La
résurrection inaugure un nouveau mode de relation entre l’homme et Dieu, entre
l’humain et le divin, nouvelle étape dans le plan de Dieu. On pourrait dire que
l’incarnation a été une première étape où le Fils de Dieu prend un corps humain
pour venir au milieu des hommes. La
résurrection constituerait une deuxième étape où ce corps humain reçu de Marie
est élevé dans la gloire auprès du Père. Avec ce corps ressuscité de Jésus,
c’est notre propre corps qui est élevé à une dignité sans pareil, à une
dimension divine. La foi de l’Église nous apprend qu’un jour notre propre corps
ressuscitera. Jésus en ressuscitant ne fait pas un retour en arrière vers la
vie terrestre, la vie biologique ordinaire (comme Lazare), il fait un saut en
avant vers autre chose et puisqu’il fait se saut avec son corps il nous ouvre
la voie et entraîne derrière lui toute l’humanité.
Et ce
qui est extraordinaire, c’est que le corps ressuscité de Jésus porte la marque
de ses blessures et qu’il invite Thomas à les toucher. Cela me fait penser que
nos propres blessures peuvent aussi être transformées, et cela peut-être déjà
maintenant. C’est l’intuition de Jean-Paul II d’avoir fait de ce dimanche
une fête de la miséricorde.
Une des
caractéristiques principales de ce nouveau mode de relation avec Dieu ne
serait-elle pas la miséricorde divine rendue accessible, mise à notre
portée ? Ce qui était impossible aux hommes est devenu possible. Les
blessures de nos cœurs transformés par la miséricorde divine, au lieu de nous
replier sur nous-mêmes ne peuvent-elles pas, avec la grâce de Dieu, ouvrir nos
cœurs davantage, comme le cœur transpercé de Jésus et nous rendre davantage
capable d’aimer ?
C’est
une invitation à ne pas vivre cramponnés sur nos blessures, mais
traversons-les, comme Jésus qui apparaît avec ses blessures. Il ne les nie pas,
il les montre comme faisant partie de lui, comme un signe visible de sa
miséricorde.
P.
Michel