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 Neuvième dimanche du temps ordinaire

 Année A              6 mars 2011

Après avoir enseigné à ses disciples qu’ils peuvent être sans souci car leur Père céleste sait ce dont ils ont besoin (cf. évangile de dimanche dernier), Jésus conclut ce long discours sur la montagne par l'exigence de faire la volonté de son Père. Telle est la pointe de l'enseignement de Jésus : il ne suffit pas de crier vers Dieu « Seigneur, Seigneur ! », de faire pour lui (en son nom être prophète, chasser les démons, ou faire des miracles), il faut faire la volonté de Dieu. Lorsque Jésus souligne qu'à certains il dira : « Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal » c'est pour mettre en évidence qu'en dehors de faire la volonté de Dieu il n'y a pas de relation possible avec lui.

Dès lors, comment comprendre cette expression « faire la volonté de Dieu » que Jésus enseigne également dans la prière du Notre Père. Une réponse spontanée consiste à dire : faire la volonté de Dieu, c’est lui obéir. C'est bien ce que Jésus lui-même a vécu dans la relation à son Père lui qui s'est fait obéissant jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2,8), priant ainsi son Père : « Non pas ce que je veux mais ce que tu veux » (Marc 14,36). Cela rejoint également l'enseignement de Moïse : « Les commandements que je vous donne, mettez dans votre cœur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front » (1ère lecture). Ces commandements nous saisissent entièrement, corps, cœur, et âme.

Si Dieu semble nous contraindre par ses commandements, ce n'est pas pour limiter notre liberté mais pour que nous puissions vivre. L'acte de foi à poser pour bien comprendre l'obéissance à la volonté de Dieu est de croire qu'en dehors de Dieu il n'y a pas de vie, de vraie vie, au sens où Jésus dira : « Je suis la Vie » (Jean 14, 6). Dieu ne nous punit pas si nous ne lui obéissons pas mais il nous révèle qu'en dehors de lui nous ne pouvons pas vivre. Il nous commande de lui obéir car il nous supplie de choisir la vie. « Aujourd'hui, je vous donne le choix entre la bénédiction et la malédiction » (1ère lecture). Cet « aujourd'hui » de l'Ecriture c'est ici et maintenant pour chacun d'entre nous.

Pour autant, faire la volonté de Dieu, lui obéir, ne consiste pas d'abord à faire quelque chose. Jésus lui-même l’affirme à travers la parabole de la maison construite sur le roc ou sur le sable. Cette parabole est pleine de bon sens : il est évident qu'une maison construite sur le roc résiste mieux à toute forme d'intempéries. De même qu'entre choisir entre la bénédiction et la malédiction, tout homme sensé préfère la bénédiction. Mais alors pourquoi sommes-nous si réticents à vouloir obéir à Dieu, à faire sa volonté, puisque ne pas nous y engager c’est aller inévitablement à la mort, à un écroulement complet. Jésus nous invite un double mouvement : écouter et mettre en pratique. Tout commence donc par l'écoute de la parole. Benoît XVI introduit ainsi son exhortation sur la Parole de Dieu : « Il n'existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l'homme d'aujourd'hui l'accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance » (Verbum Domini, 2).

Écoutez signifie laisser la parole pénétrer en soi pour qu'elle atteigne notre cœur le plus profond, la laisser éclairer de l'intérieur notre vie, se laisser bousculer et transformer par elle. La volonté de Dieu n'est pas un arbitraire que Dieu aurait décidé pour nous, elle se déploie à travers la fécondité de sa Parole. Pour reprendre l’image de Jésus, cette Parole est appelée à devenir le roc de notre vie. Cette parole n'est pas des mots à apprendre mais une personne à rencontrer, le Christ Parole faite chair, dont le psalmiste dit : « Ma forteresse et mon roc c’est toi ».

Écouter la Parole nous introduit dans une relation toujours renouvelée avec le Christ. Chaque fois que nous méditons la Parole elle nous révèle le Christ car c’est du Christ que parlent toutes les Écritures. Si cette écoute nous transforme peu à peu, elle ouvre également à une mise en pratique. C'est à travers toute notre vie, nos paroles comme nos actions, que la Parole doit être mise en œuvre. C'est ainsi que ce que nous ferons au nom du Christ ne sera pas simplement le déploiement de notre bonne volonté ou de notre générosité – au risque que le Seigneur ne nous connaisse pas – mais la réponse concrète que nous ferons à l'écoute de la Parole de Dieu.

C'est dans ce sens que nous pouvons comprendre l'affirmation de Paul : « Nous estimons que l'homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse » (2ème lecture). Ce ne sont pas nos actes qui nous ajustent à Dieu mais la foi, la confiance que nous recevons de lui, à travers sa Parole. Faire la volonté du Père, c’est fonder sa vie sur le Christ de telle sorte que nos actes soient posés en conformité avec la Parole et non avec ce que nous inspire spontanément notre humanité blessée par le péché.

Père Bruno