Sixième dimanche du temps ordinaire - année B
15 février 2015
Les
textes du jour
La
première lecture montre comment une maladie telle que la lèpre devient cause
d’exclusion. Une pareille loi de mise à l’écart du malade peut se comprendre
aisément, compte tenu du caractère incurable et contagieux de la lèpre à
l’époque de Moïse, puis à celle de Jésus. Cette loi est une mesure sanitaire
indispensable pour prévenir la contagion. Il en va de la survie du reste de la
population. A cette exclusion sociale, on pourrait dire profane, s’ajoute une
exclusion dans le domaine du sacré : la personne malade est déclarée
impure et doit s’abstenir de toute pratique cultuelle. Elle ne participe plus à
ce qui fait le cœur de la vie du peuple juif, à savoir toutes les pratiques qui
expriment dans le quotidien la relation à Dieu.
Jésus,
en touchant le lépreux, se met d’emblée du côté de l’exclu. En le guérissant,
Jésus lui redonne sa place dans la communauté ; en le purifiant – ce qui
devra être constaté par le prêtre – il lui redonne accès aux pratiques
religieuses. D’une logique d’exclusion, on passe à une logique d’inclusion ou
d’intégration. Ce n’est pas la seule fois que Jésus agit ainsi. Tous ceux qui
se trouvent marginalisés, rejetés à l’écart ou pour qui le monde n’a aucune
considération, quel que soit le motif, se retrouvent placés au centre par
Jésus. Il prend un enfant et le place au milieu d’eux, en disant « le
Règne de Dieu est à ceux qui lui ressemble » ; il attire l’attention
sur le pauvre, il va jusqu’à s’identifier avec celui qui a faim, celui qui est
nu, celui qui est prisonnier… Tous les grands saints de l’Histoire qui ont
imité Jésus l’ont aussi reconnu dans le pauvre, l’exclu, le souffrant.
St-François d’Assise surmonte son dégout naturel et embrasse un lépreux. Mère
Teresa trouve le Christ en prenant soin des plus pauvres parmi les pauvres.
Lorsque le pape François invite à se tourner vers les périphéries de notre
humanité, c’est pour que les exclus soit intégrés dans la communauté de
l’Église, qu’ils en deviennent même le cœur. Il s’agit de déplacer le centre de
gravité de l’Église, de soi vers l’autre. C’est le mystère le plus profond de
l’Église qui se dévoile dans ce petit récit de guérison.
Quel
beau chemin de sainteté nous est proposé en acceptant de déplacer notre propre
centre de gravité. Pour reprendre l’image du lépreux, ne pas se satisfaire de
notre générosité qui nous fait tendre la main pour donner de l’argent pour
fournir des médicaments permettant de lutter aujourd’hui contre la lèpre, mais
tendre la main pour toucher le lépreux et le placer au centre. Si par chance la
lèpre ne fait plus partie des fléaux de notre société occidentale, il existe
bien d’autres motifs d’exclusion. Chaque âge a ses exclus, ceux que l’ont ne
considèrent pas. C’est un mouvement naturel de toutes sociétés. Une fois que
j’en ai pris conscience, je peux me poser sérieusement la question : qu’est-ce
que je vais faire aujourd’hui pour inverser le mouvement ? Vers qui vais-je
tendre la main pour le toucher et le placer au centre ?
P.
Michel