Cinquième dimanche du temps ordinaire - année C
10 février 2013
Les
textes du jour
La lecture des récits de vocation dans l’Écriture nous étonne toujours tant cela semble facile pour ceux qui sont appelés. Isaïe n’hésite pas à répondre : « Moi, je serai ton messager : envoie-moi. » Pierre et ses compagnons laissent tout poursuivre spontanément Jésus. Dans notre vie les choses se déroulent souvent avec plus de lenteur et notre désir de suivre le Christ, d’écouter son appel, se heurte à votre surdité, à notre péché...
Arrêtons-nous sur ce qui est en jeu dans les récits de ce dimanche. Avant que les pêcheurs ne laissent tout pour suivre Jésus, il y a une longue préparation ou, pour être plus précis, un long temps où la parole de Jésus retentit à leurs oreilles. Le texte ne commence-t-il pas par indiquer que Jésus enseigne la foule, assis dans la barque de Pierre à qui il avait demandé de s’éloigner un peu du rivage. Même si Jésus ne s’adresse pas directement à Pierre, on peut imaginer que celui-ci l’écoute attentivement.
Dans un premier temps Pierre met simplement à disposition de Jésus son outil de travail pour qu’il puisse "s’occuper" des autres. Voila comment peut commencer notre relation avec le Christ : lui présenter ce que nous vivons pour qu’il s’en serve pour rejoindre les autres à travers nous. Ce n’est que dans un second temps que Jésus invite Pierre à avancer au large.
Il en est de même pour nous. Pour suivre le Christ, pour répondre à son appel, il faut d’abord prendre du temps pour nous laisser enseigner par lui. Comment Dieu nous parle-t-il aujourd’hui ? À travers l’Écriture bien sûr mais aussi à travers les événements que nous vivons. Se laisser enseigner par Jésus c’est prendre du temps avec l’Écriture pour relire notre vie à sa lumière et être attentifs à notre vie pour y lire la présence du Christ en actes, à travers ceux et celles que nous côtoyons.
Nous le savons bien, il n’y a pas d’un côté notre vie avec Dieu et de l’autre celle de tous les jours, mais un va-et-vient incessant de l’une à l’autre. Se laisser enseigner par Jésus, c’est lui demander de convertir notre écoute de sa Parole et de celle des autres pour les accueillir comme parole vivante pour aujourd’hui. Or, ne risquons-nous pas de lire la Parole de Dieu en restant très extérieur, d’entendre les autres dans notre vie sans prendre le temps de les écouter avec le cœur ?
Quand Pierre écoute Jésus enseigner la foule, sans doute reçoit-il ces paroles avec tout son cœur. C’est pourquoi, quand Jésus lui demande d’avancer au large et de jeter ses filets, il fait taire en lui son découragement après une nuit où il n’a rien péché pour oser la confiance en cette parole qui lui demande d’aller plus loin : « Sur ton ordre, je vais jeter les filets ». Il ne cherche pas à maîtriser la parole de celui qui est encore un inconnu pour lui, ni à l’analyser en risquant d’enfermer Jésus dans ses vues à lui. Il croit simplement que celui qui lui parle ne le décevra pas.
Est-ce bien ainsi que nous recevons la Parole de Dieu dans notre vie ? Même si cette parole nous dérange, nous bouscule même parfois, c’est toujours pour un bonheur plus profond, une fécondité plus grande, comme l’atteste la quantité de poissons pris. Nous aimons souvent savoir où nos décisions nous mènent, sans doute par peur de nous tromper. Avec le Christ il ne doit pas en être ainsi. Qu’importe où le Christ veut nous mener car ce sera toujours pour réaliser avec nous sa promesse. Ce qui compte, de notre part, c’est la confiance que nous mettons en celui qui nous appelle.
C’est déjà ce que vit le prophète Isaïe. Il entend cet appel : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » Et il n’attend pas de savoir où le Seigneur le mènera pour lui offrir sa disponibilité. Il témoigne ainsi la confiance qu’il met en Dieu. Il pourrait nous arriver de prétexter notre incapacité, nos doutes, notre âge pour imaginer que Dieu appelle les autres. La deuxième lecture nous montre que Dieu n’appelle pas en fonction d’un mérite personnel. Paul persécutait l’Église et considère qu’il n’est pas digne d’être appelé Apôtre. Pourtant il est choisi pour annoncer l’Évangile aux païens. Il a bien conscience que cela ne vient pas de lui mais il reconnaît : « Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu ».
Ainsi donc, engager notre vie comme réponse à l’appel de Dieu ne consiste pas à faire de grandes choses. Il s’agit seulement d’inventer jour après jour notre manière concrète de traduire en actes l’Évangile en réponse à ce que la Parole de Dieu et les appels de ce monde façonnent en nous. Et n’en doutons pas, il n’y a pas d’âge pour choisir résolument de répondre à l’appel de Dieu dans le quotidien de notre vie !
Père Bruno