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Cinquième dimanche du temps ordinaire  - année B

8 février 2015

Les textes du jour (cliquez ici)

Nous sommes toujours dans la lecture de la journée inaugurale de Jésus dans l’Évangile de Marc. Le matin, Jésus se rend la synagogue et guérit un homme tourmenté par un esprit mauvais (évangile de dimanche dernier) et le voici maintenant à la rencontre de nombreux malades. Présenter ainsi Jésus, dès le début de son ministère, comme un grand thaumaturge montre bien sa volonté de combattre toute forme de maladie. Ce qui sous-entend clairement que le mal ne vient pas de Dieu.

En même temps, si Jésus guérit toutes sortes de malades, il est clair qu’il n’a jamais guéri tous les malades de son temps. En effet, il n’est pas d’abord un guérisseur mais le Sauveur. Il donne à main pleine la vie de Dieu – le salut – et manifeste cette réalité première de sa mission en restaurant la vie physique blessée chez quelques-uns. Jésus lui-même l’atteste à la fin de ce passage d’Evangile : il est sorti pour proclamer la Bonne Nouvelle. Il n’est pas simplement sorti dehors mais le Fils est sorti de son Père – « C’est de Dieu que je suis sorti et que je viens » (Jean 8,42) –  pour aller au devant des hommes en se faisant l’un d’entre eux. Il proclame une Bonne Nouvelle qui est à la fois parole et actes. Cette Bonne Nouvelle, c’est la vie de Dieu donnée à tout homme qui ouvre son cœur pour la recevoir.

Reprenons dans le détail ce que nous livre cette page d’Évangile. La première guérison est celle de la belle-mère de Pierre. Marc mentionne avec précision les gestes de Jésus : il s’approche, prend par la main et fait lever. Voilà comment le Christ s’y prend avec chacun d’entre nous : c’est lui qui prend l’initiative de s’approcher de nous et de nous prendre par la main. Son désir est de nous mettre debout – se lever est un verbe de résurrection –. Dans notre vie quotidienne, ce n’est peut-être pas la fièvre qui nous empêche d’être debout mais ce que nous subissons, ce qui nous rend prisonniers de nous-mêmes.

Le Christ veut extraire de nous ce qui nous replie sur nous et, en premier lieu, notre péché. Être debout ce n’est pas vivre une vie sans difficulté mais vivre chaque chose avec la force de la présence de Dieu à nos côtés. C’est à la mesure de l’accueil de cette vie reçue de Dieu que nous sommes appelés à servir nos frères. Comme la belle-mère de Pierre, le service est réponse à la présence agissante de Dieu envers nous et non pas simplement déploiement de notre générosité !

Puis Jésus guérit sans compter et fait taire les esprits mauvais. Comme nous l’avons déjà vu la semaine dernière, l’esprit mauvais sait que Jésus est Fils de Dieu mais il ne lui fait pas confiance. Le Christ veut faire taire en nous ce qui réduit Dieu – et l’autre – à un savoir pour que notre vie devienne davantage relation construite dans la confiance. C’est d’ailleurs bien ainsi que Dieu agit envers nous : il ne nous enferme pas dans un savoir de nous-mêmes mais nous fait confiance pour ce que nous sommes.

En même temps, nous remarquons que Jésus guérit tous ces malades sans aucune condition. Il ne demande ni aux uns de se convertir, ni aux autres de le suivre. La conversion et la suite du Christ ne sont pas un préalable pour être aimé de lui mais la conséquence de cet amour reçu de lui. C’est parce que je me découvre aimé que je décide de changer ma vie et de suivre le Christ, en réponse à son amour.

De façon très sobre, Marc nous décrit ce qui anime intérieurement Jésus : tôt le matin, il se lève, va dans un endroit désert et prie son Père. C’est dans cette attitude filiale de disponibilité que Jésus reçoit sa manière de vivre sa mission. Il n’y a chez lui aucun triomphalisme. La vie qu’il donne sans compter, il l’accueille de son Père. Nous-mêmes, nous ne pourrons pleinement vivre l’Evangile et proclamer la Bonne Nouvelle que si nous enracinons nos actions dans une vie de prière solide. Nous pourrons alors dire comme Paul : « C’est une mission qui m’est confiée » (2ème lecture), sans chercher d’autre récompense que celle de savoir que nous répondons à l’amour de Dieu.

Comme Pierre et ses compagnons au petit matin, nous devons néanmoins vouloir chercher le Christ dans notre vie quotidienne. Si c’est lui qui prend l’initiative de venir à notre rencontre, il nous appartient de le chercher en toute chose que nous vivons, à nous laisser bousculer par cette rencontre. Sans doute Pierre s’imaginait-il retourner chez lui avec Jésus. Non c’est ailleurs qu’il est entrainé. Le Christ nous invite toujours à un ailleurs, à sortir nous aussi de nous-mêmes pour aller au devant des autres.

Partir à la recherche du Christ, c’est risquer notre vie à un ailleurs avec le Christ, ailleurs qui n’est peut-être pas géographique mais qui est toujours ouverture à la nouveauté. C’est apprendre de lui à nous faire « tout à tous », devenant « l’esclave de tous » pour en « sauver à tout prix quelques-uns », c’est-à-dire pour permettre à quelques-uns de s’ouvrir à cette vie que Jésus donne en abondance. (2ème lecture).

Père Bruno