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Vingt-neuvième  dimanche du temps ordinaire - année C

20 octobre 2013

Les textes du jour (cliquez ici)

Une nouvelle fois l'enseignement de Jésus que nous dérouter. Pour nous enseigner qu'il faut prier sans se décourager, il nous livre une parabole mettant en scène un juge sans justice – qui ne respecte pas Dieu et se moque des hommes – face à une veuve qui veut qu'on lui rende justice, sans savoir d’ailleurs si elle a raison ou non ! De plus, lorsque Jésus conclut en affirmant que Dieu, sans tarder, fera justice, chacun est à même d'avoir l'impression que cela ne paraît pas si évident que cela.

Lorsque Jésus veut nous enseigner sur la prière, il ne fait pas un discours mais nous apprend une attitude. C'est ainsi que nous pouvons lire cette parabole. Un mot revient plusieurs fois, le mot "justice" : "rends-moi justice" ; "juge sans justice" ; "Dieu fera justice". La justice de Dieu, dans l'Ecriture, correspond à la fidélité de Dieu à sa Parole. Dieu n'a de cesse de vouloir nous ajuster à lui, et donc aux autres, car là est notre vrai bonheur.

Dieu rendra justice signifie que son jugement rendra compte de l'ajustement de ce que nous sommes et faisons à sa Parole. C'est ce que Saint-Paul écrit à Timothée : « Tous les passages de l'Ecriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour éduquer dans la justice » (2ème lecture). La suite de l'enseignement de Jésus que nous entendrons la semaine prochaine développera encore cette attitude.

Ce dimanche, Jésus nous enseigne que la prière est affaire d'ajustement. Prier sans se décourager, c’est crier jour et nuit nos demandes, nos supplications, mais aussi nos joies et nos détresses, pour nous laisser ajuster à Dieu, lui offrant ce que nous sommes et ce qui nous anime. Sans cet ajustement, nous retombons dans la part obscure de nous-mêmes.

C'est ainsi que nous pouvons comprendre la première lecture. Elle relate, au temps où le peuple marchait dans le désert à la suite de Moïse, le combat entre Israël et les Amalécites. Ce qui permet à Israël de gagner ce n'est pas sa force mais les mains levées de Moïse à tel point qu'on les lui soutient. Qu'est-ce que ce texte peut nous dire aujourd'hui ? Il n'est ni une leçon d'histoire et ni une lecture immédiate de la politique actuelle d'Israël ! Israël est le peuple choisi par Dieu, le peuple relié à Dieu par la Loi donnée à Moïse, tandis que les Amalécites, les ennemis d'Israël, ne sont pas reliés à Dieu, car ils ignorent la loi de Moïse.

Les deux peuples qui se combattent correspondent au combat intérieur qui sévit en chacun de nous. Il y a souvent en nous cette tension entre une vie enracinée en Dieu, à la suite du Christ, et une vie où le péché prend le dessus. Nous avons à choisir Dieu, à décider de suivre le Christ. C'est ainsi que nous devenons vraiment fils. Que signifie alors : « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort » ? L'homme qui enracine sa vie dans la prière – levant les mains vers Dieu – est plus fort pour combattre le péché, et ainsi vivre de la vie même de Dieu.

Cela suppose de notre part de vouloir vivre une vraie relation avec Dieu, ce qui dépend de nous. C’est pourquoi Jésus interroge : « Le Fils de l'Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » La foi dont il est question ici n'est pas un système de connaissance mais bien la relation avec Dieu. Dieu reste impuissant face à nos refus de vivre avec lui, à notre tiédeur à choisir le Christ premier entre vie. La prière est donc l'expression de notre relation avec Dieu, c'est pourquoi elle n'est pas facultative. Elle nous ajuste à Dieu de telle sorte que nos actions s'ajustent aux autres.

Nous faisons l’expérience pourtant l’expérience quotidienne de notre difficulté à nous ajuster à Dieu et aux autres. Alors pourquoi Jésus insiste-t-il : « Sans tarder, il leur fera justice » ? Il y a une notion importante dans la parabole de ce dimanche, c'est celle du temps : le temps du juge qui pendant longtemps refuse puis vient un temps où il se décide ; le temps de Dieu : "fait-il attendre" et "sans tarder, il fait justice" ; le temps des hommes : "il faut toujours prier".

Bien souvent, quand les choses nous résistent le temps est alors pour nous un lieu d'impatience. Les choses et les personnes ont une lourdeur, une résistance qui nous empêche de les manipuler aussi vite que nous le voudrions. Pour Dieu, au contraire, le temps est le lieu de la patience. Et comment ne pas se réjouir que Dieu soit patient avec nous quand nous connaissons notre lenteur à nous convertir ! Ainsi cet écart entre le temps où nous crions vers Dieu et le temps où il nous rend justice est l'espace que Dieu nous laisse pour nous ajuster à lui, pour purifier notre relation à lui de telle sorte qu'elle entre dans une grande gratuité, pour affiner notre foi de telle sorte que le Fils de l'Homme trouve la foi quand il viendra sur terre.

L’invitation de Jésus est donc une invitation à laisser notre prière habiter notre temps. Ainsi notre temps devient le lieu d'un désir plein de confiance. La prière est ainsi un temps pour grandir. Animé par cette certitude l'intérieure : « Dieu est proche de ceux qui invoquent, il écoute leurs cris : il les sauve » (Psaume).

Père Bruno