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Vingt et deuxième dimanche du temps ordinaire            2 septembre  2012

Les textes du jour (cliquez ici)

A première lecture, nous pouvons nous interroger sur l’actualité du texte d’évangile de ce dimanche. En effet, nous y trouvons un rappel de quelques-uns des six cent treize préceptes et commandements de la loi juive et une nouvelle controverse opposant Jésus et des pharisiens dans leur application.

Dans sa réponse, Jésus oppose commandement de Dieu et tradition des hommes alors que le Loi a bien été donnée par Dieu à Moïse. En même temps, il insiste : « Ecoutez-moi et comprenez bien ». Il y donc une façon d’écouter qui permet de comprendre et sans doute une autre qui fait des auditeurs des hypocrites. Dans le même sens, Moïse invite le peule à l’écoute : « Ecoute les commandements et les décrets que je vous enseigne ».

Moïse fait le lien entre écouter – garder – mettre en pratique. La vraie écoute génère une dynamique en plusieurs temps : il s’agit d’ouvrir son cœur, ensuite de se laisser transformer, et enfin de vivre ce qui a été écouté. Oublier de garder les commandements et ne s’intéresser qu’à leur mise en pratique, c’est les vider de leur sens profond. En effet, les garder, c’est les relier à celui qui en est l’auteur : ce Dieu « proche de nous chaque fois que nous l’invoquons » (1ère lecture). Sans garder les commandements, nous nous nous fermons à la promesse de vie qu’il nous donne. C’est ainsi que les pharisiens à l’époque de Jésus sont passé de l’obéissance de la loi au légalisme.

Le même danger nous guette aujourd’hui : installer notre foi dans une pratique habituelle sans qu’elle nourrisse notre relation à Dieu. Or, nous dit Jésus : « Ecoutez-moi ». Ce qui signifie bien que l’écoute est rencontre du Christ. Si notre manière de vivre notre foi ne nourrit pas notre relation au Christ, nous pouvons nous interroger sur notre manière de vraiment écouter.

Saint Jacques, dont nous commençons ce dimanche la lecture de sa lettre,  a cette belle expression : « Accueillez donc humblement la Parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver » (2ème lecture). Ecouter demande une attitude intérieure : l’humilité et une attitude de foi : croire au salut. Saint Jacques compare la Parole de Dieu à une semence, c’est-à-dire à ce qui peut susciter la vie en nous. Tout comme Moïse, il nous met en garde : « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter ». 

Ce qui est semée en nous ne produira du fruit que si cela transforme notre manière de vivre, nous rendant plus proches les uns des autres, prioritairement des plus petits. La parole écoutée engendre la vie. Une nouvelle fois, l’Ecriture nous permet de comprendre que la vie du croyant est réponse à une Parole, réponse au Christ qui nous rejoint dans notre quotidien. Il n’y a pas d’un côté notre vie de foi et de l’autre nos engagements mais ces derniers sont la réponse concrète, la traduction en actes de ce que nous avons écouté.

Comme nous le demandons dans l’oraison de ce dimanche en nous adressant au Seigneur : « Enracine en nos cœurs l’amour de ton nom ; resserre les liens avec toi pour développer ce qui est bon en nous » (oraison). Au début de cette nouvelle année scolaire, pourquoi ne pas nous donner des moyens concrets pour enraciner notre cœur davantage dans l’amour de Dieu, pour resserrer les liens avec lui ? Et comment y parvenir, si ce n’est en écoutant, en méditant, en "ruminant" la Parole de Dieu.

Plutôt que de demander à Dieu de nous rejoindre dans nos décisions, ayons l’humilité de lui demander d’impulser nos décisions de l’intérieur, par sa Parole, car c’est bien du dedans de l’homme que naissent les bonnes pensées et les pensées perverses. Jésus en énumère un certain nombre : « inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure ». Il affirme avec force : « Tout ce mal vient du dedans ». Cette longue liste n’est pas donnée pour nous culpabiliser mais pour éclairer ce que nous vivons intérieurement.

La Parole, « une lampe sur mes pas, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105), nous éclaire en nous faisant entrer dans la vérité de nous-mêmes. Elle nous donne les moyens de développer ce « qui est bon en nous » (oraison). Elle est peut-être là la distinction entre le commandement de Dieu et les traditions des hommes. Le commandement de Dieu fait croître ce qu’il y a de bon en nous en nous ouvrant davantage aux autres, tandis que les traditions des hommes – telles que les dénonce Jésus lorsqu’elles sont légalistes – nous centrent sur nous-mêmes et nous sclérosent.

Que l’exigence de l’évangile soit pour nous source de joie et de vie et donne sens à ce que nous vivons. Tout commence par une écoute humble de la Parole de Dieu qui devient alors rencontre de quelqu’un : le Christ...

Père Bruno