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 Dix-septième dimanche du temps ordinaire

 Année A              24 juillet 2011

Avec cette page d'Évangile se termine la série de paraboles que Jésus enseigne à la foule pour faire saisir la réalité du Royaume des Cieux. Si dimanche dernier les paraboles mettaient l'accent sur la croissance, celles de ce dimanche insistent sur le discernement.

Le Royaume des Cieux est comparable à la fois à un trésor caché et à un négociant qui recherche des perles. Ainsi ce Royaume est en même temps quelque chose de précieux et l'attitude de celui qui cherche quelque chose de précieux. Cette vie que Dieu veut entre nous et avec lui – la réalité du Royaume des Cieux – est d'une grande valeur et elle demande à ce que celui qui la désire s'engage à la chercher.

Les deux paraboles s'accordent sur la même nécessité : « Il va vendre tout ce qu'il possède ». Désirer le Royaume des Cieux et choisir de participer à sa réalisation n'est pas une "activité" parmi d'autres. C'est toute notre vie quotidienne qui doit découler de cet engagement premier. Cette conviction nous amène à considérer les critères à partir desquels nous faisons nos choix : Est-ce le désir de Dieu qui guide notre vie ? De façon concrète, désirer Dieu se traduit dans notre vie par vouloir le bien. Ainsi donc : Est-ce la recherche du bien qui éclaire notre volonté ? C'est ce que signifie la troisième parabole de ce dimanche où il est question d’un tri entre ce qui est bon et ce qui ne vaut rien.

Quand il peut sembler qu'éclairer notre volonté n'est jamais une chose facile tant nous sommes tiraillés par de multiples désirs contradictoires, la première lecture nous rappelle que le discernement est un don de Dieu, c'est un des sept dons de l'Esprit Saint. La scène se passe à Gagaon. Le roi Salomon succède à son père David et Dieu lui apparaît en songe. Il s'adresse à lui d'une façon qui peut nous surprendre : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai » (1ère lecture). Dieu semble se présenter à Salomon prêt à lui donner ce qui lui veut.

Cette demande de Dieu exprime son désir de nous rejoindre dans notre propre désir, faisant écho à ce que Jésus demande plusieurs fois dans l'Évangile : « Que veux-tu que je fasse pour toi ». La réponse de Salomon est un modèle d'humilité et de confiance : « Je suis un tout jeune homme, incapable de se diriger. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ». Un cœur capable de discerner le bien et le mal, voilà la demande que nous pouvons adresser à Dieu pour qu'il éclaire notre volonté. Avant de prendre les décisions qui engagent sa vie et celle des autres, celui qui désire le Royaume des Cieux est invité à demander à Dieu le discernement.

Jésus n'hésite pas alors à comparer le disciple du Royaume des Cieux à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien. Quelques chapitres plus haut, Jésus enseigne que « là où est trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6, 21). Ainsi le disciple est celui qui tire de son cœur la nouveauté à laquelle le Christ l'appelle. Mais encore faut-il vouloir engager notre vie sur cette nouveauté. La première parabole mentionne la joie. À n’en pas douter, vivre la radicalité de l'Évangile rend joyeux et trop souvent nous nous privons de cette joie par peur de l'inconnu.

C'est un peu comme si, ayant découvert la prodigalité de l'amour de Dieu, nous lui disions qu'en réponse nous voulions ne l’aimer qu’à moitié. Pourtant Paul affirme clairement : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien » (2ème lecture). Le mot choisi ici par Paul « aiment » dit la réponse libre de l'homme à la proposition, l'appel de Dieu. Dieu ne nous impose pas son projet, il nous le propose.

Paul ne sous-entend absolument pas que pour ceux qui n'aiment pas Dieu, son plan d'amour n'existe pas ! De même l’expression « ceux qu'il connaissait par avance… » ne signifie pas qu'il y aurait les privilégiés, les chanceux et les autres. Elle désigne tous ceux qui acceptent d'entrer dans le projet de Dieu. Les formulations successives « ceux qu'il destinait à cette ressemblance... ceux qu'il a appelés... ceux qu'il a justifiés... » ne disent jamais une restriction : Paul décrit tout simplement l'itinéraire de tous ceux qui veulent bien entrer dans ce merveilleux plan de salut.

Ainsi donc, en demandant à Dieu le discernement, nous serons capables d’accueillir le bien que Dieu veut pour nous et de construire notre vie en fidélité à ce bien. C’est de cette manière que nous participons à l’avènement du Royaume des Cieux. Puissions-nous, au terme de ces paraboles que nous avons entendues, répondre à Jésus avec le même enthousiasme que ceux à qui Jésus demandaient : « ‘Avez-vous compris tout cela ? — Oui’, lui répondent-ils ». Et le mettre en pratique avec le discernement donné par Dieu…

Père Bruno